Femmes managers

Lorsqu'elle arrive en rendez-vous, elle troque rapidement ses Scholl contre une paire d'escarpins. Femme pressée et élégante, Constance Benqué, présidente de Lagardère Publicité, s'amuse d'ailleurs de l'anecdote «Je me déplace souvent à pied entre deux rendez-vous. Pour me vider la tête», explique-t-elle. Cette diplômée de droit public et de marketing à Sciences Po s'est découvert un talent de commerciale presque par hasard, lors de son stage de fin d'études à L'Expansion.«J'y ai découvert le goût de la vente, de la conviction, du pouvoir et celui de l'argent», lâche-t-elle sans fard.

Passée par Capital et Le Nouvel Observateur, elle est débauchée par Arnaud Lagardère, qui lui propose en 1999 la direction de la régie des audiovisuelles de Lagardère. Très attachée au Nouvel Observateur et à son propriétaire Claude Perdriel, qu'elle revendique comme «père spirituel», elle quitte tout de même le cocon. «Je suis ambitieuse pour ma boîte, pour les autres et pour moi», reconnaît Constance Benqué. Et, en coulisse, le grand patron lui a déjà promis d'ajouter à son portefeuille les activités presse, qu'il veut à terme regrouper en une régie unique. C'est chose faite en 2008. Lagardère Publicité compte aujourd'hui 800 collaborateurs. Un mastodonte au sein duquel Constance Benqué tente «de garder quelque chose d'humain». Car celle que les anciens surnomment affectueusement «maman», «carbure à l'émotionnel», selon un ancien collaborateur de Régie Obs.

Exigeante et pointilleuse

Maternelle, Constance Benqué n'en est pas moins matriarche. «On sait tout de suite qui est la patronne», tranche Éric Élan, ancien directeur marketing et communication de Lagardère Publicité de 1999 à 2009. Un management du «straight to the point» («droit à l'essentiel») que l'intéressée revendique. «Je fais confiance, j'écoute, mais après je prends la décision», traduit-elle. «C'est une personne qui sait écouter et qui fait confiance à ses équipes, mais elle n'a pas d'états d'âme à rendre le verdict final et à en prendre les responsabilités», renchérit Éric Élan.

Une ambitieuse qui a su s'imposer dans le haut management très masculin du groupe Lagardère. «Je suis une commerciale, exigeante et pointilleuse sur les résultats», reconnaît celle qui ne succombe pas au cliché du management féminin. «J'ai de l'admiration pour les femmes en général, car c'est extrêmement difficile de concilier carrière et vie personnelle. Toutefois je pense aussi qu'elles sont parfois un peu fautives de ne pas oser demander ce qu'elles souhaitent au plus profond d'elles-mêmes (augmentation, promotion, etc.)», explique-t-elle.

«J'apprécie son franc-parler. Elle est à l'écoute et respecte ses promesses. J'ai beaucoup d'estime pour elle, bien que je sois souvent dans le camp adverse», s'amuse Cyril Granet, membre du comité d'entreprise de Lagardère Publicité. «Son ambition personnelle passe bien car elle sait remercier ses collaborateurs et les associer à sa réussite», tranche Éric Élan.

 

 

Son parcours

Diplômée de droit public et d'un troisième cycle en marketing à Sciences Po Paris, Constance Benqué a jonglé pendant ses études avec un poste d'assistante parlementaire du député François Boubert. Elle entame sa carrière au mensuel L'Expansion, en stage de fin d'études. Elle y restera six ans, gravissant les échelons jusqu'au poste de directeur de la publicité. Elle quitte le groupe pour participer au lancement du magazine Capital, avant de rejoindre deux ans plus tard Le Nouvel Observateur. Elle y restera six ans avant de rejoindre Lagardère en 1999.

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