Elle n'en dira rien, tout juste évoquera-t-elle un arrêt maladie. C'était en juillet 2005. De retour de Londres, Valérie Accary prend la présidence du groupe BBDO France suite au départ de Jean-Michel Carlo. CLM BBDO va alors mal. L'agence publicitaire a perdu quelque gros clients, comme EDF, et le management est dans le flou depuis deux ans.
Si Anne de Maupeou, à l'époque vice-présidente de la création – aujourd'hui coprésidente de Marcel – se souvient avoir «milité pour son retour auprès de Jean-Michel Goudard, président de BBDO international», l'accueil des patrons de Proximity, l'agence de marketing services, et de CLM est plus réservé… «La charge a été violente, se souvient Olivier Rippe, à l'époque directeur général de Proximity et président depuis 2007. Elle revenait enthousiaste avec un projet entrepreneurial et s'est retrouvée encerclée.» Marie-Pierre Benitah, directrice générale de CLM, confirme : «Elle s'est surinvestie, y compris sur le plan émotionnel. Mais c'est là qu'elle a puisé sa force en comprenant l'adversité qu'elle allait rencontrer en tant que femme.»
Certes sensible, Valérie Accary, fille d'un général de carrière, est une tenace et une sacrée bosseuse. «Elle a de l'énergie à revendre, une autorité naturelle, une grande diplomatie et le sens du devoir et du service, décrit David Leclabart, ancien codirecteur général de CLM, désormais à la direction de McCann Paris. Mais c'est aussi une joyeuse, qui a de l'ambition pour les idées et le goût de la création.»
«Sa stratégie de réussite a consisté à miser sur des gens de confiance à l'interne et à gérer l'enjeu par le travail et non par les luttes d'influence», raconte Marie-Pierre Benitah. La première année, elle sauve des budgets mondiaux (Pepsico International) et en regagne (Total, Mercedes, HP Print). Puis elle reconstruit CLM, avec le team créatif en place Gilles Fichteberg et Jean-François Sacco, et l'arrivée de son amie, Bertille Tolédano, à la vice-présidence.
«Je marche à l'intuition, à l'instinct et je construis dans la durée et la loyauté, explique l'intéressée. Je déteste les clans et les préjugés. Je crois à la diversité.» Du Cambodge au Cameroun, le monde a été son terrain de jeu d'enfant. D'où cette ouverture d'esprit. Il ya douze nationalités chez CLM.
«Valérie a un management participatif et persuasif, poursuit Marie-Pierre Benitah. Non qu'elle ait besoin des autres pour décider, mais elle a le souci de créer un climat positif et inclusif.» Anne de Maupeou confirme: «Elle est à l'écoute des gens.» Au final, elle obtient ce qu'elle veut sans conflit.
«Mon rôle de manager, dit-elle, est de fixer un cap et de générer de l'engagement en misant sur la responsabilisation. Je définis un thème annuel, ce qui permet d'organiser les énergies. Sans positionnement clair, on est mort.» Convaincue que CLM ne peut rivaliser en France avec Publicis ou Havas, elle a déplacé l'enjeu hors des frontières. La «World Class Agency», de nouveau bénéficiaire, gère de Paris des marques mondiales et gagne des trophées créatifs à l'international (Alka Selzer). «Ma liberté, c'est que je n'ai pas peur, je peux repartir demain.»
Encadré
Globe-trotter
Fille de militaire, Valérie Accary a toujours voyagé. Elle voulait être diplomate. Finalement, après l'Essec, elle rentre dans la publicité en 1987, séduite, après un entretien de stage chez Saatchi avec Nicolas Bordas et Mercedes Erra. En 1996, elle rejoint la direction de CLM BBDO et remporte le budget monde Pepsico. A sa demande, en 2002, elle s'installe chez BBDO Europe, à Londres, pour développer les clients internationaux. Fin juillet 2005, à quarante ans, elle devient présidente de BBDO France et préside depuis 2006 CLM BBDO.
