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La vente au groupe Gérard Touati de Courrier cadres, le mensuel de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), a de quoi étonner. Elle est contraire, selon son personnel, «au projet social et à toutes les valeurs de l'Apec», organisme paritaire fondé en 1966 et géré par le patronat et les syndicats. Elle apparaît injuste à tous ceux qui ont œuvré pour apporter conseils et éclairages aux cadres et qui peuvent se targuer d'une diffusion payée en hausse de 2,14% en 2009, selon l'OJD, à 92 000 exemplaires.

Prenant effet le 1er juin, cette cession ne va pas manquer d'entraîner des départs en nombre parmi les 35 salariés du titre. La rédaction ne redoute-t-elle pas «les méthodes sociales et rédactionnelles», comme dit pudiquement l'AFP, de l'éditeur de Rebondir?

Fin du monopole

Mais une telle cession n'étonne pas les familiers de l'association, qui savent qu'elle est confrontée en juin à des échéances cruciales. C'est en effet ce mois-ci que l'Apec affronte une série d'appels d'offres en régions sur l'accompagnement des cadres au chômage. Jusqu'à présent, l'organisme trouvait la justification des 30,60 euros annuels prélevés sur le bulletin de salaire des cadres dans sa prestation d'accompagnateur de 50 000 personnes. Mais, depuis peu, l'Apec est entrée dans le bain de la concurrence et se voit disputer par des cabinets de reclassement et des agences d'intérim la sous-traitance par Pôle emploi de l'accompagnement des cadres.

L'Inspection générale des affaires sociales s'apprêterait à épingler le mélange des genres entre mission de service public et activités concurrentielles. Or, le mensuel déficitaire ne pouvait plus se permettre d'être financé par une partie des cotisations de 3,2 millions de cadres. Bruxelles, qui a été saisie d'une plainte, aurait pu y voir de la concurrence déloyale.

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