Femmes managers
La directrice déléguée à la direction générale du groupe NRJ fait de l’implication personnelle dans l’entreprise une vertu cardinale. Et préfère chasser les coûts plutôt que licencier…

«Je suis une poupée qui fait non,non,non…». Il y a un an, Maryam Salehi, quarante-six ans, directrice déléguée à la direction générale de NRJ, entonnait la chanson de Michel Polnareff quand il s'agissait de traquer les coûts au sein de son groupe. Elle réussissait alors le tour de force de réaliser 33 millions d'euros d'économies en dix-huit mois. A la tête de la direction des achats, elle avait imposé un contrôle préalable sur les dépenses supérieures à 5 000 euros, un suivi drastique des notes de frais, la mobilité interne avant de pourvoir à tout recrutement. «Il fallait stopper les dépenses inutiles, justifie-t-elle. Les gens n'avait pas compris qu'on allait traverser une crise, il en allait de la préservation des emplois. Du coup, Baudecroux et moi, c'était un peu oncle Picsou qui parle à tante Picsou…» Cette année, il s'agit plutôt de stabiliser les dépenses. A moins que le fondateur ne décide encore une fois d'accentuer la pression. «Il est très ouvert à l'opinion contraire à condition qu'elle soit argumentée, estime Maryam Salehi. Mais il est assez rare que je m'oppose à lui, car il emporte ma conviction…»

Née à Téhéran, fille d'un ambassadeur du Shah devenu réfugié, cette avocate parisienne passionnée de politique internationale a commencé sa carrière chez NRJ en 1997 comme directrice juridique. Alain Weill, qui l'a recrutée, se souvient d'une femme créatrice et rigoureuse. «Elle est très impliquée, très loyale et dévouée corps et âme à son entreprise, avec de grandes valeurs morales», dit-il. Il est vrai que Maryam Salehi considère que l'implication personnelle est un devoir en entreprise. «Je suis très exigeante avec moi, reconnaît-elle, il serait déplacé de ne pas l'être avec les autres. Mais je n'impose pas à autrui ce que je m'imposerais pas à moi-même.» D'où aussi une réputation de management parfois un peu rude, qui considère qu'on ne peut déléguer qu'à condition de tout contrôler. L'organisation en râteau qu'elle a contribuée à mettre en place lui permet d'ailleurs de suivre les activités de chaque branche du groupe «comme les doigts d'une main». Une «addition de compétences», précise-t-elle, alors que la proximité de son bureau avec celui du PDG tend à consolider son image de véritable numéro 2 de NRJ .

Ouverture au dialogue

Administratrice du groupe, Maryam Salehi plaide pour un rééquilibrage en faveur des femmes dans les conseils d'administration. Après un «point de vue» publié en mars dans La Tribune soutenant le quota de 40% proposé par Marie-Jo Zimmermann, les chasseurs de tête se sont intéressés à elle. Mais c'est aussi par sa capacité à soutenir la contradiction et par ses relations avec les délégués du personnel que Maryam Salehi tire sa réputation. «Elle est ouverte au dialogue et tient ses promesses», relève Virginie Bricout, déléguée SNJ, qui se souvient que la dirigeante a réussi à désamorcer une menace de grève sur les droits d'auteur et les heures de nuit, et n'a eu recours à aucun plan social. C'est sans doute ce qui fait la force de Maryam Salehi: elle sait, par son histoire personnelle, que rien n'est jamais acquis et qu'il faut savoir s'adapter. A force de la volonté et en «optimiste réaliste».

 

1990-1990. Avocate au barreau de Paris
1997-2008. Directrice juridique du groupe NRJ
2008-2010. Directrice déléguée à la direction générale du groupe NRJ

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