Femmes managers
Adjointe d’Arthur Sadoun puis aujourd’hui de Guillaume Pannaud, la vice-présidente de TBWA Paris goûte davantage l’influence que le pouvoir.

Elle s'était promis de ne pas parler d'«exigence», pour éviter les conventions de l'auto-description de la femme manager. Tourner le dos aux conventions, normal pour une publicitaire qui a grandi dans le temple de la disruption, BDDP (devenue TBWA Paris).

 

Nommée vice-présidente de l'agence en 2007, Anne Vincent a pourtant tout du manager exigeant dans une agence qui ne l'est pas moins. Elle est même «très exigeante», glisse Guillaume Pannaud, président de TBWA Paris, «mais autant pour elle-même que pour les autres».

 

«Ici, on est le produit de son travail, souligne Anne Vincent. C'est une agence dure mais juste. Il y a des egos, bien sûr, mais ils sont mus par un projet.» Elle se définit comme «bosseuse», «endurante», «opiniâtre», mais «plus sensible, délicate ou affectueuse que ne le serait un homme».

 

Ne comptez pas sur elle toutefois pour s'emparer de l'étendard du féminisme. Elle est une femme ; c'est une donnée, «pas un sujet». Cela peut être parfois utile, mais rien de plus. Ou de moins, bien entendu.

 

Natalie Rastoin, directrice générale d'Ogilvy France, l'a recrutée chez BDDP en 1994 comme directrice de clientèle. Elle conserve d'Anne Vincent le souvenir d'une femme «capable d'organiser la complexité et de la rendre intelligible, stratégique, capable d'équilibrer les points de vue et de construire quelque chose de commun, ce qui est très important dans des métiers comme les nôtres».

Un grande liberté de ton

 

Anne Vincent n'a d'ailleurs pas tardé à gravir les échelons de l'agence, en tandem avec des hommes (Arthur Sadoun à partir de 2001, Guillaume Pannaud depuis 2007), comme numéro deux. Une position qu'elle occupe depuis près de dix ans.

 

Frustrant ? Pas du tout, assure-t-elle : «Je suis un numéro deux dans l'âme. Je recherche plus l'influence que le pouvoir, j'aime peser sur les décisions. Etre numéro deux impose moins d'obligations extérieures et confère une plus grande liberté de ton.»

 

Mais Anne Vincent n'est pas une femme de l'ombre. Sa liberté de ton et d'action, cette commerciale de quarante-six ans, qui gère en direct un certain nombre de clients, et non des moindres (la SNCF, la principauté de Monaco, Kronenbourg, Mapa-Spontex, la Fnac, Playstation, Aides et Amnesty), semble y tenir particulièrement, elle qui revendique «un tempérament assez direct».

 

«Elle ne compose pas, confirme Guillaume Pannaud. Elle est elle-même, elle dit ce qu'elle pense. Cela permet d'établir des relations de confiance et, pour ce qui me concerne, de déléguer énormément.»

 

Comme manager, Anne Vincent se voit comme «un guide», à la manière d'un guide de haute montagne: «Je fixe le cap, je donne le rythme, je prends la responsabilité». «Elle laisse ses collaborateurs avancer, quitte à ce qu'ils fassent des bêtises, raconte César Croze, directeur général adjoint, son second depuis trois ans. Elle est davantage dans le conseil que dans la sanction.»

 

Son management, elle le décrit aussi comme fondé sur «l'exemplarité». Montrer l'exemple, c'est encore ce qu'elle fait, au deuxième étage de l'agence, seule femme parmi quatre hommes (Guillaume Pannaud, Philippe Simonet, vice-président spécialiste du Web, Eric Holden et Rémi Noël, codirecteurs de la création), dans l'openspace directorial. L'exemple de l'ouverture et celui de la synergie entre les métiers.

 

Encadré

 

Son parcours en bref

 

Octobre 1964. Naissance à Vannes.

 

1989. Chef de publicité chez BL/LB après Sciences Po option service public et un 3ème cycle de finance à Paris-Dauphine.

 

1992. Chef de groupe chez JWT.

 

1994. Directrice de clientèle chez BDDP (devenue TBWA).

 

1997. Directrice associée.

 

2001. Directrice générale adjointe.

 

2003. Directrice générale.

 

2007. Vice-présidente.

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