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La directrice marketing de la Fnac dirige ses collaborateurs à grande vitesse. Quitte à être parfois un peu dure à suivre.

Les discussions qui flottent, les réunions fleuves ou les consignes floues, très peu pour elle. Katia Hersard, directrice de la marque et du marketing de la Fnac, nommée en mars 2010, n'a pas de temps à perdre. À la tête d'une équipe de 67 personnes, cette «Speedy Gonzalez» du management prise les choix clairs et rapides.

«C'est vrai que je m'impose en permanence cette vitesse, reconnaît-elle. Mais en même temps, je me retrouve toujours dans des aventures professionnelles où la célérité est nécessaire.» Après avoir accompagné la mue du Club Med pendant sept ans, elle doit aujourd'hui contribuer à la transformation de la Fnac.

Cette manager de 38 ans pratique le sport individuel – gym et stretching tous les matins – et les exercices collectifs – brainstorming très régulièrement. «Elle nous implique sur des sujets plus larges que ceux qui nous concernent, nous consulte avant chaque décision, nous donne des retours, détaille sa proche collaboratrice Frédérique Giavarini, directrice marketing offre et études. J'apprécie son management participatif. Et ce d'autant qu'elle n'est pas du genre à s'immiscer dans la façon dont nous gérons nos propres équipes.»

Combativité

Les conflits? Même pas peur! Il faut dire que Katia Hersard a été à bonne école. À 24 ans, elle est parachutée à la tête d'une petite agence de publicité, filiale de TBWA au Guatemala. «J'étais étrangère, jeune et en plus une femme dans un pays macho, raconte-t-elle. Mes quatre employés masculins ont tenté de me déstabiliser. Je ne me suis pas laissé faire. J'ai reçu chacun d'entre eux en lui disant: “Cela te pose problème que je sois une femme, que j'aie la vingtaine et que je sois française, j'aimerais bien comprendre pourquoi et que l'on en discute.” C'était ma première vraie expérience de management et cela a renforcé ma combativité.»

Une hardiesse qui ne l'a pas quittée depuis. «C'est une femme déterminée, qui a un niveau d'exigence élevé et qui tire les gens vers le haut», confirme Olivier Sastre, directeur général des ressources humaines du Club Med, son ancien collègue. Elle aime bien faire bouger les lignes et innover. «Elle pense à nous nourrir, par exemple en nous faisant suivre des publicités ou des articles susceptibles de nous intéresser», illustre Frédérique Giavarini.

Les limites de ce management sont aussi là, dans cette hyperactivité. «Parfois, elle nous arrose d'informations sans faire le tri, ou elle ne filtre pas assez les demandes qu'elle reçoit et qu'elle nous renvoie», poursuit sa collaboratrice. Elle est également un tantinet brouillonne, avec cette habitude de toujours dire à quel stade en est sa réflexion – et ce alors que son point de vue évolue sans cesse à force d'en parler avec les uns et les autres.

Enfin, pas étonnant qu'au rayon culture de cette manager toujours en mouvement, on retrouve À bout de souffle de Jean-Luc Godard ou cette strophe d'un discours du poète Pablo Neruda: «Vis maintenant! Risque-toi aujourd'hui! Agis tout de suite! Ne te laisse pas mourir lentement! Ne te prive pas d'être heureux!» (1) Un bonheur qu'elle devra conjuguer avec Alexandre Bompard, son nouveau patron, qui vient juste d'arriver d'Europe 1.

 

Son parcours en bref

1994-1995. DEA d'économie.

1995. Différents postes au Guatemala et au Costa Rica pour la Croix-Rouge internationale, Young & Rubicam et TBWA.

1999. Chef de pub senior chez TBWA Paris, directrice de groupe chez Ogilvy.

2003. Directrice de la marque, puis directrice du marketing stratégique du Club Med.

Mars 2010. Directrice de la marque et du marketing de la Fnac.

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