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Depuis un an à la tête de France Bleu, l’ancienne journaliste a mis en pratique tous les enseignements glanés sur le terrain pour concilier stratégie nationale et autonomie éditoriale locale.

Anne Brucy, c'est d'abord un nom et une voix. Aujourd'hui pilier de la Maison Ronde, en tant que directrice du réseau France Bleu, elle semble revenue à sa juste place puisque, après une décennie passée à la télévision, on avait fini par oublier qu'elle avait fait la plus grande partie de sa carrière dans la radio. En 1982, maîtrise de communication et DEA d'information en poche, elle débute comme journaliste dans les stations locales de Radio France avant de se retrouver à Paris pour France Culture, puis France Inter. C'est là qu'elle se fait connaître du grand public avec l'émission Radiocom, qu'elle coanime avec Roland Mihaïl.

De l'information à la communication, il n'y a souvent qu'un pas et c'est donc sans états d'âme qu'Anne Brucy devient dircom d'Havas, de 1995 à 2000, où elle assiste à la prise du pouvoir de Jean-Marie Messier sur son patron Pierre Dauzier. Elle découvre alors «la rigueur dans l'organisation, la gestion des risques et le début de la convergence numérique». Après avoir pris la direction de la communication de France 3, aux côtés de Rémy Pflimlin, elle devient directrice régionale de France 3 Nord-Pas-de-Calais-Picardie. À la tête de quelque 500 personnes réparties sur plusieurs sites, elle doit gérer la pluralité des points de vue. «Il fallait concilier le “vu d'ici” des équipes locales avec le “vu de Paris”…», résume Anne Brucy.

En avril 2010, elle revient à la radio pour prendre les rênes de France Bleu. Le défi gagne encore en dimension. Avec 43 stations locales, ce réseau compte 1 500 salariés répartis en différents métiers: directeurs, journalistes, techniciens, chargés d'accueil, régisseurs, agents de radio… Les structures de décision reflètent cette complexité puisqu'elles articulent trois niveaux, national, régional et local, et des organes spécialisés. À Paris, le comité de direction est l'instance de décision suprême. Il réunit les «experts» du comité exécutif et les huit délégués régionaux, qui font le relais auprès des 43 directeurs de stations locales. «C'est le cœur du réacteur, là où se forgent les fondamentaux», assure Anne Brucy.

Ecoute élargie

Éviter les querelles de chapelle entre les métiers du réseau est le premier défi que doit relever la patronne. «Pour conjuguer tous les métiers, il faut avant tout abattre les cloisons et rester attentive à tous les points de vue», note-t-elle. Deuxième défi: unir le national et le local. Pour y parvenir, Anne Brucy a mis en place un double système d'écoute. Deux fois par an, elle invite les directeurs de stations à Paris, mais elle va aussi leur rendre visite chez eux.

Ce double circuit garantit une écoute élargie. De son expérience de journaliste, puis de directrice de télé régionale, Anne Brucy a en effet appris que la tonalité et la teneur des échanges se modifient selon que les interlocuteurs se trouvent en position d'hôtes ou d'invités. «Quand les gens sont chez eux, ils vous parlent autrement», résume-t-elle.

En combinant un vaste dispositif d'échange avec un recueil local des points de vue, Anne Brucy estime avoir trouvé un mode de management adapté à un réseau très décentralisé: «Les directeurs sur le terrain sont en mesure de nous faire remonter les besoins du public et nous, à travers le comité de direction, nous apportons une analyse stratégique, nous établissons les priorités et nous analysons les risques.»

 

Parcours
1982. Journaliste dans les locales (Centre, Côte-d'Azur et Corse) de Radio France.
1989. Coprésente Radiocom avec Roland Mihaïl
1995. Directrice de la communication d'Havas
2000. Directrice de la communication de France 3

2006. Directrice régionale de France 3 Nord-Pas-de-Calais-Picardie

2010. Directrice de France Bleu.

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