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Le nouveau doyen de l’Insead, Dipak C. Jain, un ponte du marketing, ancien professeur à la Kellogg School of Management, entend révolutionner l’enseignement de cette matière sur le campus de Fontainebleau.

Que pensez-vous des formations au marketing dans l'Hexagone?

Dipak C. Jain. Certaines écoles françaises ont une bonne réputation, comme HEC, en particulier grâce à ses mastères. Il faut savoir que ces formations sont très répandues en Europe, contrairement aux États-Unis et au reste du monde, où les MBA dominent. Justement, sur les MBA, l'Insead garde le leadership par rapport à ses concurrents français. Mais le MBA s'adresse aux salariés ayant plusieurs années d'expérience, c'est pourquoi nous réfléchissons à lancer un mastère en marketing, qui serait destiné au marché local, c'est-à-dire européen.

 

Comment allez-vous faire évoluer les enseignements en marketing de l'Insead?

D.C.J. En début d'année, nous avons animé une conférence au forum économique de Davos sur le thème «Diriger dans un monde hyperconnecté». Je pense que les managers doivent apprendre à gérer les médias sociaux comme des outils marketing et donc à maîtriser ces millions de prises de parole des consommateurs. Ces derniers sont désormais aux manettes: ils ont le pouvoir de faire ou défaire une marque en quelques secondes. Il suffit qu'ils publient un commentaire sur un blog pour que cela ait un effet boule de neige sur les achats de millions d'autres personnes. L'Insead doit donc donner aux managers des clés pour qu'ils sachent comment déchiffrer ces messages et gérer les conversations dans les réseaux sociaux. Le thème choisi à Davos va ainsi être intégré au programme du MBA et inclus dans nos sujets de recherche.

 

Quelle est votre ambition pour l'Insead?

D.C.J. Nous voulons être une «business school pour le monde», et ce n'est pas juste un slogan. Notre objectif: être la seule école de la planète à disposer d'un campus sur tous les continents. À ce jour, nous comptons trois implantations: en Europe (France) et en Asie (Singapour et Abu Dhabi). Certes nous avons noué une alliance avec Wharton aux États-Unis et des partenariats en Chine et au Brésil, mais je souhaiterais installer nos propres campus aux États-Unis et en Amérique du Sud. Avec toutefois une stratégie, car vous ne pouvez être une école mondiale qu'à condition de réussir sur tous les marchés locaux. C'est un peu ce qu'essaie de faire HSBC, avec son slogan «The World Local's Bank»: être vraiment mondial afin d'attirer des talents venant du monde entier et de former des leaders internationaux.

 

Autrement dit, vous voulez bâtir une multinationale de l'éducation. Mais l'enseignement est-il une activité comme une autre?

D.C.J. Nous avons deux grandes différences avec les autres entreprises: nous investissons beaucoup dans la recherche et nous travaillons sur une matière première spécifique, la connaissance. Notre activité se décline en trois missions: créer et enrichir ce savoir (par la recherche), puis le diffuser via les enseignements, et enfin certifier la maîtrise de cette matière (par les diplômes). Enfin, dans le but d'élargir ce socle de connaissances, les écoles de management ont tout intérêt à développer des programmes communs avec des formations spécialisées dans d'autres domaines: le droit, la médecine... C'est ce que nous allons faire.

 

 

Son parcours en bref

1978. Maîtrise de statistiques mathématiques à l'université Gauhati en Inde.
1983. PhD (doctorat) de marketing à l'université du Texas.
1987-2010. Professeur de marketing à Kellogg School of Management, de l'université Northwestern, où il enseigne la recherche en marketing, les nouveaux produits et services, et les modèles statistiques en marketing. Il en devient le doyen en 2001. En parallèle, consultant auprès de Microsoft, American Express, Sony, Nissan, Motorola, etc.
Mars 2011. Doyen de l'Institut européen d'administration des affaires (Insead).

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