«Récemment, j'ai dû recruter pour Yahoo, à Barcelone, des commerciaux qui pouvaient venir de toute l'Europe, relate Damien Crequer,directeur associé du cabinet Taste RH. J'ai utilisé Skype pour réaliser les entretiens, cela nous a fait gagner un temps fou.» L'internationalisation de la recherche des talents donne une nouvelle impulsion au visio-recrutement. Le principe: convenir d'un rendez-vous avec un candidat et l'interroger par webcam interposée. Cela peut se faire via Skype ou des logiciels développés exprès pour cet usage.
L'idée est louable, car elle évite d'imposer un trajet de plusieurs centaines de kilomètres à un candidat pour, au final… ne pas le retenir. Et ces entretiens permettent d'en voir davantage sur la personne que lors d'un échange par téléphone. «A compétences égales, c'est le ressenti qui compte, l'envie de travailler ensemble. Or, la webcam donne une dimension supplémentaire, poursuit Damien Crequer. Le fait de voir la personne nous apporte une sorte de réassurance.»
C'est ainsi que Nicolas Costes, aujourd'hui responsable informatique au sein du groupe LVMH, a été embauché: «J'avais répondu à une annonce et j'ai été contacté par un consultant du cabinet de recrutement Image in People. Comme j'étais en poste à Genève, en Suisse, il m'a proposé d'effectuer l'entretien par webcam, dès le surlendemain», explique-t-il. Et ce d'autant qu'Image in People a développé un système de visio-recrutement, baptisé Visio 4 People. «A 18 heures, j'étais chez moi devant ma webcam et je me connectais avec mes identifiants. Comme j'utilise la “visio” dans mon travail quotidien, cela ne m'a pas déstabilisé. Même si je trouve qu'il y a un piège avec cet exercice: on a tendance à être un peu en recul, plus détaché par rapport à l'autre, que si l'on était en face à face.»
Ce que confirme le consultant du cabinet Taste: «Il manque une dimension quasi animale, les gens ne se sont pas “respirés” comme lors d'un premier rendez-vous avec Meetic.»
Utile aussi pour les embauches massives
Autre usage du visio-recrutement, les embauches massives à l'échelle nationale. C'est notamment le cas des entreprises de distribution, pour des postes de chefs de rayons. «La Fnac ou Carrefour utilisent notre solution», se targue Guillaume Ibled, directeur associé d'Image in People. Et le Club Med vient de s'équiper de ce logiciel pour réaliser ses 4 000 embauches à l'année destinées à ses villages, implantés dans le monde entier.
Pour autant, la plupart des recruteurs se contentent de recourir à Skype, qui est gratuit. «Les logiciels spécialisés sont très coûteux», juge Damien Crequer. Autrement dit, il faut faire beaucoup de recrutements à distance pour cela soit intéressant. «Mais le candidat va se retrouver dans l'environnement graphique de l'entreprise, plaide Guillaume Ibled. Il pourra échanger en direct des documents avec le recruteur.»
