Stratégies a rencontré Axel Dauchez, nouvellement nommé président de Publicis France, lorsqu'il était encore à la tête de Deezer, le site d’écoute de musique en ligne. Portrait.

Sur la planète Deezer, le management peut donner le tournis. «Fin octobre, nous avons décidé de nous implanter dans le monde entier, et nous nous sommes mis en ordre de bataille pour y parvenir; un mois et demi plus tard, le 8 décembre, nous annoncions le lancement progressif dans près de 200 pays», confie Axel Dauchez, le directeur général du site d'écoute de musique en ligne, nommé le 19 mai à la présidence de Publicis France.

 

Dans une entreprise à forte croissance comme Deezer, passée de zéro à quatre-vingts salariés en cinq ans, et qui a plus que triplé son chiffre d'affaires entre 2010 et 2011 (50 millions d'euros, notamment via son accord avec Orange), se réinventer en permanence est presque inscrit dans le contrat de travail.

 

«Notre cadre est très très variable, c'est fascinant mais épuisant, poursuit Axel Dauchez. D'ailleurs, il y a ponctuellement des gens qui craquent.» Le patron assume parfaitement ce rythme infernal: «J'imprime de façon implicite cette nécessité de mouvement, comme si c'était normal que tout le monde soit à fond, en permanence, admet-il, avec honnêteté. J'organise des points mensuels dont le seul but est d'expliquer pourquoi l'on court, de donner du sens aux bonnes et aux mauvaises nouvelles.»

 

Quand un candidat postule uniquement pour le lustre de la marque Deezer, le patron le ramène vite à la réalité, en entretien, avec cette question fétiche: «Vous imaginez-vous plus facilement en train d'avancer dans la jungle, une machette à la main,oude passer des heures à régler, au millimètre près, un moteur pour qu'il tourne parfaitement?» Cela ne refroidit pas pour autant les impétrants: la société reçoit une dizaine de candidatures spontanées par jour. C'est d'ailleurs son principal mode de recrutement.

 

Lire: Axel Dauchez, nouveau président de Publicis France, mettra le cap sur le digital

 

Une fois intégrés dans l'entreprise, les nouveaux venus devront passer l'entretien annuel d'évaluation, à la sauce Deezer, où ne sont abordés que les objectifs à six mois. Au-delà, c'est inutile. Il n'y a pas de visibilité. «Contrairement aux grands groupes, chez nous, la stratégie est une affaire quotidienne, souligne Axel Dauchez. Illustration: quand on a travaillé sur l'intégration de Deezer dans Facebook, nous planchions sur des sujets microscopiques, mais qui s'avéraient cruciaux pour la stratégie globale et même, la survie de l'entreprise.
Autre différence: dans une entreprise très digitale, ce qui compte le plus c'est la qualité de l'exécution des décisions. En revanche, il ne faut pas être trop à cheval sur les process, car ils changent tout le temps.»


Les «équipiers» d'Axel Dauchez adhèrent à ce management en mode commando. «Il exige en permanence que l'on se projette, nous pose toujours les bonnes questions, nous secoue mentalement, confie David Deslandes, directeur de la régie publicitaire du site. Mais il sait aussi nous guider et nous accompagner en permanence.» Selon Laurent Billion, ancien directeur général adjoint d'Axel Dauchez chez Moonscoop, une société de production de dessins animés, «il a beaucoup d'idées et peut s'avérer fatigant, mais on cavale derrière lui.» Rock star? Plutôt «DJ manager»...

 

Son parcours en bref

1968. Naissance à Paris.

1991. Diplômé de Polytechnique; assistant marketing chez Procter & Gamble.
1993. Consultant chez Bossard Consultants.
1995. Directeur du marketing consommateurs Europe de Cendant Software.
1998. Président de l'agence Web BDDP & Tequila interactive.
2002. Directeur général de la société de production Moonscoop.
2010. Directeur général, puis PDG de Deezer.

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