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Le candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle, François Hollande, plaide pour une «notation sociale des entreprises». Les communicants ont leur rôle à jouer pour favoriser les réputations en ce domaine.

François Hollande a lancé l'idée le 23 janvier, lors de la journée «Quel travail voulons-nous?», organisée par Radio France, à Paris. Il a appelé de ses vœux  «une espèce de label qui soit apporté aux entreprises qui font des efforts pour former, pour limiter les souffrances au travail, pour permettre l'expression des salariés, pour avoir une bonne vigilance sur les questions de maladies professionnelles et d'accidents du travail». Après tout, a-t-il ajouté, les entreprises ne sont-elles pas déjà récompensées par des notations spécifiques sur le plan financier ou environnemental? Le site du candidat à la présidentielle propose de rendre publique cette «notation sociale des entreprises» et de «faire certifier annuellement la qualité de leur gestion des ressources humaines».
Un label social? La thématique est régulièrement évoquée. Après la vague de suicides à France Télécom, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, avait émis l'idée d'une notation sociale. En février 2010, son prédécesseur au ministère, Xavier Darcos, innovait en publiant sur Internet la liste des bons et des mauvais élèves, avec des codes couleur (vert, orange et rouge). Avant de retirer, très vite, sous la pression, le nom des cancres.
Du côté des entreprises, le label n'est pas non plus absent des ressources humaines. Label Egalité professionnelle depuis 2005, label Diversité depuis 2008… huit sociétés du CAC 40 sont pour l'heure actives, selon Deloitte. La semaine dernière, Bouygues Telecom, la RATP ou SFR se sont empressés de communiquer sur le label Top employeurs, qu'ils ont reçu du CRF Institute, pour «la mise en place d'un environnement de travail le plus optimal possible et l'excellence de leurs offres en termes de politique, programmes et pratiques RH». Seulement, rien n'interdit d'aller plus loin, avec des outils plus exigeants. «La sincérité des indicateurs est très importante, explique Caroline de La Marnierre, présidente de Capitalcom, qui a publié en octobre son baromètre de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises). L'idéal est de pouvoir diffuser à l'interne comme à l'externe ses valeurs avec des indicateurs de performance sociale. Sachant qu'on ne peut partager que ce qu'on a construit ensemble.» Pour elle, il s'agit donc d'une relation à établir avec l'ensemble des parties prenantes: salariés, clients, partenaires, sous-traitants. Si le bien-être des salariés passe par une pressurisation accrue en bout de chaîne, rien ne va plus. Et il faut se méfier d'indicateurs comme le nombre d'arrêts maladie, dont une baisse peut cacher un grand stress. 

Des réalités plus tangibles

Mais comment s'assurer de la portée d'un tel label? Caroline de La Marnierre insiste sur la nécessité d'intégrer l'humain, qui est difficilement valorisable, dans des critères extra-financiers (éthique, gouvernance, social, environnemental) qui répondent, eux, à des objectifs de performance précis. Les réalités deviennent alors beaucoup plus tangibles en termes de risques, loin de tout «socialwashing». Chez BP, par exemple, un analyste a constaté que la direction privilégiait systématiquement la performance financière au détriment de la vigilance sur les accidents du travail, dont le taux était en hausse. Il a alors émis des réserves sur la gestion des risques du groupe pétrolier britannique… quelques mois avant la catastrophe écologique provoquée dans le Golfe du Mexique, en mai 2010.

On mesure, en période de croissance négative, si l'engagement est durable. Les services de communication ont alors leur rôle à jouer. «C'est au pied de la crise qu'on voit le communicant, souligne Jean-Luc Letouzet, président de Communication & Entreprise. Dans un contexte tendu socialement, où le “business” est difficile, ce dernier peut apporter une forte valeur ajoutée en faveur de la réputation sociétale de l'entreprise. Il s'agit d'être dans la coconstruction de la RSE, que l'on sert par la crédibilité des messages diffusés. Il y a une implication très forte de l'entreprise quand on l'engage dans des actions de solidarité, par exemple. Les salariés ont besoin de comprendre le sens dans lequel ils s'inscrivent. Au communicant d'être en alerte, y compris pour dire si l'entreprise se fourvoie».

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