internet
Baroudeur d'Internet, Mats Carduner, patron de Fifty-five, rebondit depuis une quinzaine d'années d'une aventure Web à l'autre, emmenant à chaque fois sa garde rapprochée.

Pouvoir évaluer et choisir son futur manager, la démarche est plutôt rare. Prune Nouvion a eu cette chance en 2004 alors qu'elle faisait partie des premiers salariés de Google France. Parmi les candidats au poste de directeur général, il y avait Mats Carduner, actuel patron de Fifty-five, une société spécialisée dans le «business analytics marketing».

«A l'époque, je l'avais interrogé pendant une demi-heure, je lui avais attribué une note de 3,6/4 et nous l'avions recruté», sourit-elle. Aujourd'hui et après l'avoir pratiqué pendant cinq années comme dirigeant, celle qui est devenue directrice commerciale des solutions marketing chez Linked In n'a pas changé d'avis: «Je lui donnerai le même score.»

Etre coopté, voire plébiscité en entretien d'embauche: un mode de recrutement rêvé pour Mats Carduner, un chantre du management par le consensus. «Il écoute beaucoup, analyse toutes les solutions et ne va pas chercher à imposer ses idées ou à passer en force», explique Arnaud Massonie, directeur général en charge des produits et opérations de Fifty-five, qui partage sa vie professionnelle depuis quinze ans.

«Il veut en permanence comprendre dans le détail le métier de chacun et ne fait pas semblant de s'intéresser, poursuit Alan Boydell, directeur «data insights & analytics» de Fifty-five. Chez Google, Mats était mon n+2 et cette curiosité l'a poussé à venir échanger avec moi. Si cela avait été quelqu'un d'autre, je n'aurai certainement jamais connu le directeur général.»

«Une relation symbiotique»

Le patron de Fifty-five est tombé dans la marmite du management digital en 1995, en rejoignant le fournisseur d'accès Infonie, et n'en est plus ressorti. Depuis, il rebondit d'une aventure Internet à l'autre, emmenant à chaque fois sa garde rapprochée, très masculine. Sa bande, composée d'une trentaine d'anciens de Google, a établi son quartier général au Café noir, dans le quartier Montorgueil, à Paris, où elle se réunit chaque jeudi soir.

Les cinq cofondateurs de Fifty-five ont tous travaillé avec le patron au moins une fois. «Le fait de se connaître, de se comprendre à demi-mot, d'avoir une relation symbiotique est crucial dans un milieu où il faut être hyperrapide, réagir en temps réel et digérer des quantités énormes d'informations», explique le dirigeant, mi-breton mi-suédois.

Ce manager qui venait du froid s'épanouit davantage dans les petites structures en pleine croissance que dans les sociétés bien établies, il a ainsi tourné le dos à L'Oréal ou Google. «Il n'est pas très politique et n'a pas pour habitude de s'aligner systématiquement sur les positions de ses propres chefs», précise Arnaud Massonie. Ce n'est plus un problème depuis qu'il est maître à bord.

En revanche, cette obsession de recueillir tous les points de vue peut être pesante: «Je ne suis pas du tout instinctif, mais très rationnel. J'ai du mal à trancher avant d'avoir examiné toutes les options, admet le manager. D'ailleurs, j'aimerais bien moi-même être plus décisif, plus autoritaire, en particulier pour gérer les conflits.»

 

Son parcours en bref
1990. Diplômé de HEC.
1990. Chef de produit Studio Line chez L'Oréal.
1995. Responsable de programmes chez Infonie.
1997. Directeur de projet Internet chez Havas Interactive.
1999. Directeur général de Monster France.
2003. Cofondateur du site de recrutement Cooptin.
2004. Directeur général de Google France et Europe du sud.
2010. Cofondateur de Fifty-five.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.