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Pour relever le double défi d’une image écornée à redorer et d’un nouveau positionnement à affirmer, le PDG de Groupon France, Frank Zorn, attend de ses collaborateurs qu'ils se dépassent.

Impossible de le rater. Dans cet immeuble du centre de Paris, près des grands magasins, le grand écran trône au milieu de l'open-space où s'agitent les jeunes collaborateurs de Groupon, chacun son "laptop" (ordinateur portable) sous le bras. Sur ce gigantesque téléviseur défilent de belles histoires: un loueur de montgolfière explique ainsi que, grâce au site Internet, son activité a explosé, créant de nombreux emplois. Pour la société américaine malmenée par la presse en raison de résultats décevants, cette vitrine pixélisée est importante pour redorer son image auprès des visiteurs mais aussi des salariés en interne.

«Cela ne fait pas plaisir d'ouvrir le journal et de lire quelque chose de négatif sur notre entreprise, alors que l'on consacre beaucoup d'énergie à la développer», dit Frank Zorn, vice-président international, en charge de la France. Groupon, après avoir été baptisée «compagnie à la croissance la plus rapide de tous les temps» par le magazine Forbes en août 2010, est en quête d'un développement plus maîtrisé. «Au début, nous avions besoin de tester des choses pour réussir, aujourd'hui la prise de risques est plus mesurée», avance-t-il.

D'ailleurs, le site cherche surtout désormais à asseoir son nouveau positionnement, à savoir celui d'une agence de marketing services qui accompagne dans la durée les petits commerçants dans le développement de leurs activités. Et plus uniquement celui d'un site qui monte des coups promotionnels.

 

Un système méritocratique

Conduire cette mue n'effraie pas Frank Zorn, qui a travaillé quelque temps au sein de l'incubateur allemand Rocket Internet, à l'origine de plusieurs entreprises à succès comme Zalando ou Edarling. Ce manager gère d'ailleurs cette filiale et ses plus de 600 salariés comme un incubateur: «Quand je recrute de nouveaux collaborateurs, je cherche à jauger leur énergie, leur esprit compétitif, leur envie de participer à notre développement, détaille-t-il. La plupart de nos nouveaux projets viennent d'idées en interne, comme le premier "deal" sur les places de théâtre proposé par l'un de nos commerciaux, ou bien la billetterie discount en partenariat avec la Fnac (Groupon tickets by Fnac).»
Peu importe le statut, chacun doit chercher à se dépasser, voilà la philosophie de Frank Zorn, qui a durant son enfance en République démocratique allemande (RDA) pratiqué la gymnastique en compétition. «Il attend une certaine performance et va nous booster, nous donner l'impulsion pour que l'on y parvienne», précise Christelle Boulanger, DRH de Groupon France. D'ailleurs, même le patron le reconnaît: «Mon management est exigeant. J'ai toujours tendance à en demander plus et j'oublie parfois de féliciter et de dire aux salariés combien le travail qu'ils ont réalisé est formidable.»

Sa façon de remercier ses collaborateurs? Confier très vite des responsabilités. «Les évolutions sont tellement rapides que d'anciens stagiaires se retrouvent aujourd'hui au comité de direction», illustre la DRH. Pour garder le cap, même dans l'adversité, le patron peut aussi compter sur un certain charisme: «Il est toujours capable de nous embarquer dans ses projets, y compris quand il s'agit de paris assez risqués», conclut Philippe Jochem, directeur commercial de Groupon France.


Son parcours en bref :
2002. Master de business administration à l'université de Francfort-sur-l'Oder (Allemagne).
2002. Responsable du marketing online, puis du contrôle de gestion chez Ebay.
2008. MBA à l'Insead.
2009. Planche sur le business plan de Citydeal, un site d'achats groupés, au sein de l'incubateur Rocket Internet à Berlin.
Février 2010. Lance Citydeal France, racheté en mai par Groupon dont il devient vice-président international (France, Pays-Bas...).

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