Audiovisuel
La start-up Joshfire et France Télévisions organisaient le week-end dernier un «hackathon» de 40 heures au Palais Brongniart, à Paris. L'occasion de repérer les talents de demain de la TV connectée.

Une application mobile sous Android de guide des programmes TV («Electronic content guide») qui permet de regarder des vidéos, de les programmer, de les partager sur un réseau social... C'est l'innovation de la start-up Border Cloud, développée par Karima Rafes et remarquée par le jury devant douze autres projets. Elle préfigure la télévision de demain.

Le week-end dernier, dès le vendredi au soir, une cinquantaine de designers et de développeurs se sont affrontés dans le cadre d'un «marathon» numérique de quarante heures. Objectif: développer des applications de TV connectée, sous l'œil des responsables de France Télévisions, principal sponsor de l'événement, avec l'appui de la start-up Joshfire. Ni la date correspondant au «Hack Day Paris» (19-20-21 octobre) ni le lieu n'avaient été choisis au hasard. Le hackathon (contraction de «hack», détournement d'un programme informatique, et de marathon), s'est tenu dans un cadre qui impose le respect: le hall du Palais Brongniart, l'ancienne Bourse à Paris, dans le cliquetis plus ou moins amorti des claviers. 


«Cela nous a apporté de nouveaux regards sur la télévision de demain, ses modes d'accès, les contenus...», résume Eric Scherer, directeur de la prospective et de la stratégie numérique à France Télévisions. L'expert a ainsi déniché une application de JT personnalisée, qui s'apparente à un zapping proche de ce que fait Canal+, réalisé automatiquement à partir des vidéos les plus «buzzées»...

 

Hacker n'est pas jouer

 

Pour l'organisateur, c'est l'occasion de découvrir des innovations, mais aussi de repérer des recrues prometteuses, d'améliorer sa marque employeur, et de soigner sa communication RH. «On a repéré certains développeurs, que l'on n'exclut pas de recruter à moyen terme», reconnaît Eric Scherer. Chez Criteo, spécialisée dans le reciblage publicitaire, les «Codes of duty» (référence au jeu video Call of Duty), organisés en juin dernier pour la deuxième année, ont permis de suivre les prouesses de développeurs, voire d'en recruter.

 

Les hackathons sont donc des sessions en temps limité pour cracks de la programmation, prisées par les start-up. Et, depuis peu, les médias. «Les premiers ont été créés en 1999 par des développeurs de logiciels libres, avec notamment Sun et Open BSD (Linux)», rappelle Nathanael Sorin-Richez, responsable de la gestion et de l'animation de la Cantine, haut lieu parisien de rencontres de start-up. Facebook, qui s'est lancé dans les hackathons dès 2006, a organisé une nouvelle série internationale, ces deux derniers mois, de Mexico à Moscou.

 

A l'instar de Criteo, Deezer ou Voyages-SNCF.com organisent aussi ce type de manifestation. «Silicon Xperience a organisé un hackathon transilien avec la SNCF. Il y en a aussi dans le domaine de la musique avec Music Hackday, en 2009, ou encore dans de grosses start-up comme Foursquare», poursuit Nathanaël Sorin-Richez. Deezer, lui, avait rebondi sur l'ouverture de ses interfaces de programmation ce printemps pour organiser deux hackathons: «Cela nous a permis d'avoir des innovations, au-delà de nos propres services», précise Axel Calandre, en charge du programme Open Deezer.

 

Côté médias, le premier marathon a eu lieu en septembre 2010 avec Hack the press, organisé par Owni. «J'avais vu un tweet sur un hackathon en Angleterre et cela m'a donné l'idée de faire quelque chose de similaire pour les journalistes en France», explique Sabine Blanc, journaliste à Owni. Assurément, le concept fait florès: selon Eric Scherer, le MIP TV de Cannes, qui a organisé son premier hackathon en 2012, envisagerait de renouveler l'expérience au printemps 2013.

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