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Cyril Zimmermann, PDG de Hi Media, est un patron qui cultive une double vie. Tantôt à Paris, tantôt à Marseille, il peut compter sur sa branche de paiement pour suppléer les revenus en baisse de sa branche publicitaire. En plein bouleversement.

A l'occasion de la Paris Games Week, le principal salon du jeu vidéo en France, du 31 octobre au 4 novembre, Cyril Zimmermann a apporté à l'AFP son expertise sur le modèle «free-to-play», cette solution de jeu en ligne reposant sur un accès gratuit combiné à l'achat d'objets facultatifs par 5 à 10% de la base de joueurs. Rien d'étonnant à cela: le PDG de Hi-Media est le grand fournisseur de services de micro-paiement. C'est l'une des facettes de l'activité de son entreprise cotée en Bourse, présente dans neuf pays et ayant réalisé 230 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2011.

 

Hi Media Payments, porte-monnaie électronique utilisé par plus de 20 000 «e-marchands» dans le monde et fédérant une cinquantaine de solutions de paiements, représente plus de la moitié de ses revenus (56 millions d'euros au premier semestre). Cette branche permet à Cyril Zimmermann d'être à la tête d'une entreprise indépendante de 470 salariés, dotée d'une forte culture d'ingénieurs, qui s'appuie à la fois sur la publicité sur Internet et sur le paiement électronique.


Dual, le groupe est aussi dirigé par un patron à la double casquette, qui travaille à Paris et vit la moitié de la semaine à Marseille. «Besoin de lumière», explique-t-il. Si Cyril Zimmermann sait se rendre disponible par la magie du télétravail, ses déjeuners sont toujours chronométrés.

Compétence humaine

A 41 ans, ce diplômé de Sciences Po Paris et d'un master de l'ESCP n'en est pas à sa première révolution numérique. Après avoir cofondé Hi Media en tant que régie Internet, il reconnaît avoir reçu «un gros coup sur le crâne» avec l'explosion de la «bulle de gratuité» dans les années 2001/2003. Il lui a fallu détricoter tout son développement européen. C'est alors qu'il a décidé de lancer la plateforme de micro-paiements.

 

Le dirigeant en a conservé une grande aptitude à remettre en cause son modèle économique. Sa régie, qui a pour particularité de ne pas être adossée à un portail ou à un fournisseur d'accès, est ainsi devenue une «bourse aux échanges publicitaires» qui se positionne sur le marché des enchères en temps réel. Il y a un an, Hi Media a ainsi créé son ad exchange, qui brassera à la fin 2012 1 million d'euros par mois, soit 15% de ses revenus publicitaires. Sur 270 personnes travaillant sur l'activité de régie, 40% de l'effectif, soit une centaine de personnes, ont été renouvelés pour répondre à cet objectif. Dans la partie publicitaire, qui a subi le choc du recul des investissements en Europe du Sud (-17% de revenus au total au premier semestre), on trouve désormais une cinquantaine d'ingénieurs informatiques et une vingtaine d'experts de «l'analytics».


Cent personnes parties en deux ans, autant d'embauches... «Il y a un phénomène d'attraction et de répulsion», justifie le patron. Pour gérer la transition, un DRH est recruté et un plan de formation mis en place. «Autant je crois à la décision déterminée, autant je ne crois pas à la rupture brutale, affirme Cyril Zimmermann. Je privilégie la compétence humaine. On peut avancer les choses clairement mais accompagner l'évolution pour que chacun puisse trouver sa place.»


Sa conviction? L'idée que, d'ici trois à cinq ans, l'ad exchange prendra en charge toutes les transactions publicitaires sur les formats standards. D'où l'option de concentrer les équipes de commerciaux sur des opérations à valeur ajoutée comme le brand content et de laisser à la plateforme technologique le soin de gérer automatiquement l'inventaire publicitaire avec des prix planchers. Il se verrait bien, d'ailleurs, opérer à terme l'ad exchange pour le compte des médias. Pas étonnant que La Tribune, dont Hi Media est coactionnaire aux côtés de France Économie Régions, n'ait rejoint aucune des deux plateformes d'ad exchange La Place Media et Audience Square.

 

Dates clés

 

11 décembre 1971. Naissance à Paris

Janvier 1996. Cofondateur de Hi Media

1998-2000. Augmentations de capital souscrites par IXO International, le groupe Dassault, JP Morgan et Azéo Ventures.

2003. Diversification dans le micro-paiement (achats d'Allo Pass en 2006 et d'Hipay en 2009)

2009. Acquisition d'Ad Link

Novembre 2011. Lancement de l'ad exchange.

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