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Existe-t-il une formation idéale pour créer sa start-up ? Une pléiade de formations d’un nouveau type émergent, entre bourses de recherche pour journalistes-entrepreneurs, ateliers et cours sur mesure…

Journaliste à l'agence Associated Press dans une vie antérieure, Burt Herman a cofondé, avec Xavier Damman, Storify, une plateforme qui permet de regrouper les informations des réseaux sociaux pour en faire des histoires structurées, lauréate du Grand Prix de l'innovation pour le journalisme en 2011. Après avoir cofondé Café Babel, et être passé par Owni et Tactilize, Adriano Farano, lui, a lancé l'an dernier Watchup, une application pour Ipad permettant de créer son journal télévisé personnalisé. Des journalistes qui lâchent leur média «old school» pour créer leur start-up, dans les nouveaux médias...

 
L'entrepreneuriat, domaine de recherche

Ils ont un point commun: ils ont été des «Knight Fellows» du John S. Knight Fellowships pour journalistes à l'université américaine de Stanford. Un programme où, chaque année, une vingtaine de journalistes, venus du monde entier, travaillent sur des projets d'innovation média et suivent des cours à Stanford, au cœur de la Silicon Valley. Marie-Catherine Beuth, journaliste high-tech au Figaro, a ainsi pris une année sabbatique pour y plancher. Dans la même veine, Ludovic Blecher, a suspendu son job de rédacteur en chef à Liberation.fr pour suivre des cours au Nieman Journalism Lab (université d'Harvard).
Le Knight Fellowships a été créé en 1966, et axé «vers le milieu des années 2000 sur l'innovation dans le journalisme, l'entrepreneuriat et le leadership», précise à Stratégies James Bettinger, directeur du Knight Fellowships.
Une bourse de recherche permet aux journalistes-entrepreneurs potentiels d'être payés comme chercheurs. «J'avais accès à tous les cours de Stanford, leurs écoles d'ingénieurs, de design, de lettres... J'ai suivi des cours sur le «design thinking» [design de services], le management des entreprises en développement, ou encore des études de cas», détaille Adriano Farano.

 

De nouvelles filières

Mais, au fait, existe-t-il une formation idéale pour apprendre à créer sa start-up? Et est-ce nécessaire? «Les journalistes qui veulent monter une start-up doivent croire dans la valeur de ce qu'ils proposent de faire. Ils doivent être réalistes pour soutenir leur business sur le long terme», précise James Bettinger. Bien sûr, c'est la vraie bonne idée qui compte. Comme pour tout entrepreneur. «L'important, c'est d'avoir une idée, du charisme, de l'énergie et un peu d'argent. Même s'il faut maîtriser les techniques nécessaires pour diriger une entreprise», résume Marc Simoncini, fondateur de Meetic, qui voit désormais défiler les créateurs de start-up via Jaïna Capital, son fonds d'investissement.

Pourtant, une kyrielle de formations d'un nouveau genre émergent pour les salariés-entrepreneurs putatifs. Ainsi, les écoles de commerce classiques se sont adaptées, à l'instar d'HEC qui propose à ses anciens diplômés des cours et des ateliers via son incubateur. «Et HEC Challenge+ propose des formations aux ingénieurs et chercheurs de formation qui montent leur entreprise», énumère Frédéric Iselin, directeur du Centre d'entrepreneuriat d'HEC.
Le groupe Essec, via Essec Ventures, a monté en septembre 2010 un mastère spécialisé Centrale-Essec Entrepreneurs, en partenariat avec l'Ecole centrale - qui dispose aussi de ses mastères technologie et management ainsi qu'innovation et transformation -, ouvert aux salariés ayant un projet en amont. Via sa pépinière d'entreprises, lancée aussi en 2010, il propose «aux créateurs de start-up déjà mûres des formations à la carte et des ateliers thématiques (propriété industrielle, levée de fonds, techniques e-marketing, etc.)», précise Julien Morel, directeur d'Essec Ventures.
Surtout, des formations d'un nouveau genre se multiplient. Les collectivités territoriales, chambres de commerce et d'industrie (CCI) et incubateurs proposent ainsi des formations pour retenir les entrepreneurs. «La CCI de Rouen nous a permis de suivre des formations concernant les aspects juridiques, la comptabilité, le recrutement...», détaille Edouard Petit, qui a quitté son poste de planneur digital chez Publicis Conseil pour cofonder Bunkr, une application web qui permet de créer des présentations. De même, via la pépinière d'entreprises Neuilly Lab (à Neuilly-sur-Seine), Mélanie Lafarge, ex-salariée du service marketing d'une enteprise cosmétique, suit des conférences «sur les aspects fiscaux, juridiques, ou encore les erreurs à ne pas commettre dans sa création d'entreprise», pour monter son cabine de conseil en prospective de marque.
Mieux, de nombreux ateliers, miniconcours de présentation de projets et séminaires informels, souvent gratuits, apportent une nouvelle offre. Par exemple, dans le cadre des conférences Le Web de Loïc Le Meur, de l'accélérateur de start-up parisien Le Camping, ou du pôle de compétitivité Cap digital. «C'est une nouvelle approche des méthodes de formation, basée sur l'échange d'expériences», explique Nathanaël Sorin-Richez, responsable de La Cantine. Ce que développe depuis ses débuts, en 2008, l'espace parisien de «coworking» (travail collaboratif en réseau). «On prône la formation par la pratique: avec l'organisation de "hackathons" [marathons numériques] ou de "barcamps" [rencontres thématiques]», poursuit-il.
Autre tendance, «les cours via les start-up Cup of Teach et Leeaarn.com, où chacun peut venir enseigner un sujet sur lequel il a une expertise, ou bien suivre les cours qu'il paie par micropaiement», ajoute Edouard Petit. C'est aussi l'occasion pour les entrepreneurs de partager leurs échecs: c'est l'objet des Fail Con, conférences organisées depuis 2012 par Roxanne Varza, chargée des initiatives avec les start-up chez Microsoft. Parmi les récents intervenants, Jean-Emile Rosenblum, fondateur de Pixmania, ou Jean-David Chamboredon, du fonds ISAI. Car l'échec est parfois la meilleure école dans une expérience entrepreneuriale...

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