Jeff Marois n'a que trente-cinq ans, mais donne l'impression d'avoir déjà eu plusieurs vies professionnelles entre musique, informatique et réseaux sociaux. Deux ans après sa création, sa start-up Fanzy, qui conçoit et réalise pour des marques des programmes de fidélisation sur Facebook, a levé 1,5 million de dollars auprès d'investisseurs américains et français, dont Kima Ventures, le fonds d'investissement cofondé par Xavier Niel, et celui de Jacques-Antoine Granjon (Vente-privee.com). Avec des parrains aussi médiatiques, forcément, «on retient l'attention des médias et des financiers», remarque-t-il, casquette vissée sur la tête et bracelets brésiliens au poignet.
Avec Fanzy, Jeff Marois s'inscrit dans l'écosystème porteur des start-up «social marketing» adossées à Facebook. Une fois l'application Fanzy chargée sur leur fanpage Facebook, les marques peuvent organiser des concours parmi leurs fans et les récompenser selon leur degré d'engagement. Un modèle bienvenu, alors que «les marques cherchent de l'originalité sur Facebook. Cumuler les “likes” ne suffit plus», estime Jérémie Berrebi, cofondateur du fonds Kima Ventures.
Le modèle économique de Fanzy est «freemium» depuis mi-2012: le service de base est gratuit, mais les clients paient quelques dizaines de dollars par mois au-delà d'un certain seuil de fans. Fanzy propose aussi son modèle en marque blanche. Actuellement, près de 25 000 marques utilisent ses solutions. Les maisons de disques, telles Universal Music et Warner Music, ont figuré parmi ses premiers clients. Logique: Jeff Marois a, depuis une dizaine d'années, navigué entre start-up et milieu musical. En 2007, il passe par Last.fm, qui propose un service de radio personnalisé, avant son rachat en 2007 par CBS. En janvier 2009, il rejoint Gilles Babinet pour l'aventure MXP4 (qui a déposé le bilan en début d'année), à l'origine d'une solution de musique interactive. Parallèlement, il s'improvise manager pour le groupe Blood Red Oranges.
Il s'est aussi frotté à l'informatique, en décrochant un diplôme d'ingénieur électronique à l'université de Tufts (Massachusetts, Etats-Unis), puis à l'entrepreneuriat, en suivant un MBA à l'Insead, en 2007, lors de son retour en France.
Jeff Marois mise aussi sur ses doubles attaches franco-américaines, à l'image de sa start-up dont les six salariés sont en poste à Paris et à San Francisco. «A MXP4, il pouvait gérer les relations avec nos clients américains et traduire cela en français sans problème», confirme son ancien collègue David Nam, qui l'a côtoyé à Last.fm et MXP4. De fait, la plupart de ses clients sont américains. «Fanzy a un modèle international parfait avec ce binôme. Ils sont tous deux très efficaces, terre à terre, en contact permanent avec les clients», salue Jérémie Berrebi.
Des équipes très autonomes
Côté management, il passe régulièrement du français à l'anglais entre ses collaborateurs et entame «une seconde journée le soir, lorsque je joins mon cofondateur Tuhin Roy». Quant à ses équipes, «je les laisse très autonomes. On définit en réunion, tous les quinze jours, un plan de travail et des objectifs. Mais je suis au jour le jour le développement mené par les équipes grâce à un logiciel de suivi», explique Jeff Marois.
«Il sait écouter ses équipes, les valoriser et les motiver. Mais aussi ignorer leur avis quand nécessaire», salue David Nam. Malgré ses doubles journées, cet ancien adepte de l'aviron trouve encore le temps de pratiquer le snowboard, le kitesurf et le wakeboard. Entre deux eaux, toujours…
Son parcours en bref.
1977. Naissance à St-Louis du Missouri (Etats-Unis).
2003. Master informatique, université de Tufts.
2007. MBA entrepreneuriat et management, Insead.
2007. Responsable produits, artistes et événements de Last.fm.
2009. Stratégie et développement de MXP4.
Janvier 2011. Cofonde Fanzy.
