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Tariq Krim, fondateur du mythique Netvibes, fait une entrée méfiante dans la politique numérique française. Sa référence: le management des start-up américaines...

Déjà, il y a eu cette étrange mission, «établir une cartographie des talents émergents» de la filière numérique, que lui a confiée en décembre dernier Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'Economie numérique. Puis sa nomination comme vice-président du nouveau Conseil national du numérique, en janvier. D'emblée, il peine à dissimuler une certaine méfiance: «La machine politique, c'est un monde opposé de l'entreprise où tu promets peu et tu “délivres” le plus.» Même s'il espère insuffler quelques idées, «dans une logique de politique industrielle».
Tariq Krim, 42 ans, reste avant tout un entrepreneur. Début 2012, il a revendu discrètement Netvibes à Dassault Systèmes, pour une somme estimée par la presse à 20 millions d'euros. Netvibes, c'est cet agrégateur de flux RSS, qui fit fureur en permettant de concentrer sur une page Web l'ensemble des «flux» Web.
Une start-up lancée en 2005, alors que les internautes commençaient à crouler sous une multitude de sources d'information. Il a appliqué le management idéal à ses yeux. «D'abord, la diversité des personnes, des cultures, et donc des points de vue. Ensuite, un vrai manager doit savoir recruter des gens meilleurs que soi, les faire grandir, leur faire confiance. Il faut éviter la logique pyramidale figée, comme la pratique trop la France», martèle-t-il. Et de fait: chez Netvibes, implantée entre autres à Paris, San Francisco, et en Chine, ses 45 salariés étaient issus d'une dizaine de nationalités différentes. Parmi ses collaborateurs figurait Vincent Dureau, qui compte aujourd'hui parmi les créateurs de la Google TV.

Passer les frontières

Les outils collaboratifs permettent de passer outre les frontières: «On utilisait beaucoup les wikis, Skype, des services de code-source partagés», précise-t-il. Maintenant, il est adepte de Yammer, Trello et Hootsuite.  
Autre impératif, «l'obsession du produit: on ne le sort pas tant qu'il n'est pas parfait», précise-t-il. Un petit côté Steve Jobs? «Il est perfectionniste, très exigeant. Mais il peut faire très vite confiance, et donner sa chance à quelqu'un», précise Stéphane Zibi, un de ses amis d'enfance, directeur du développement chez Emakina. «Le rythme est intense, mais il délègue beaucoup. Il a un talent pour bien s'entourer, et sait repérer et faire éclore des potentiels», ajoute Romain Huet, cofondateur de Jolicloud, qui l'a connu en 2007 chez Netvibes, alors stagiaire.
Des méthodes de management issues de la Silicon Valley, où il a fait ses classes. Car, sitôt diplômé de l'Ecole nationale supérieure des télécommunications (ENST), en 1996, il part pour un premier stage chez Sun. Il devient ensuite journaliste pour le quotidien La Tribune, basé à Paris, puis correspondant dans la Silicon Valley, jusque 2000. Il est très vite aspiré de l'autre côté, et lance à Los Angeles sa première start-up, MPTrois.com. Il sera un peu américain: dans ses start-up, la langue officielle est l'anglais. «Déjà ado, le basket et le rap étaient sa culture», confirme Stéphane Zibi. Suivra l'aventure Netvibes: il la quitte en 2008, suite à des désaccords, puis crée Jolicloud, un système d'exploitation «open source» avec du «cloud» (stockage distant de données). Dès 2009, il lève 3 millions d'euros. Il doit lancer cette année un service payant, «qui permettra de conserver l'ensemble de se données, même en changeant d'appareil ou d'interface», précise-t-il.
 
Son parcours en bref
25 octobre 1972. Naissance à Paris
1996. Diplômé d'un DEA de l'Ecole nationale supérieure des télécommunications.
1997. Journaliste à La Tribune, correspondant en Californie
1999. Crée, à San Francisco, MPTrois.com (devenu Generation MP3.com)
2005. Lance Jolicloud

Janvier 2013. Vice-président du Conseil national du numérique.

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