internet
Charles Christory, le fondateur de la société de jeux pour réseaux sociaux Adictiz, place l’innovation au cœur de son management et multiplie les hackathons.

«J'avais planché pendant un an sur l'idée de ma start-up – un réseau social de marques – mais quelques mois après son lancement officiel, en avril 2009, j'ai dû me rendre à l'évidence: cela ne décollait pas», raconte Charles Christory, fondateur d'Adictiz, société de «social games» pour le Web et le mobile. Après l'été 2009, avec ses coéquipiers, il décide de tester sur Facebook un petit jeu créé en quinze minutes sur un coin de table, baptisé «Paf le chien» (qu'il faut lancer le plus loin possible).

«C'était le jeudi 11 septembre, se souvient Charles Christory. Dès le vendredi soir, le compteur de trafic en temps réel s'emballait, au point que je pensais que l'on s'était fait pirater le jeu.» En un mois, Paf le chien conquiert quelque 7 millions d'utilisateurs. Il sera le premier jeu téléchargé en 2011 sur Applestore. Un succès fondateur pour Adictiz: l'entreprise change de cap et devient éditrice de jeux sociaux, d'abord sur Facebook, puis sur mobiles. Elle crée des jeux grand public («freemium») et des «advergames» à destination des entreprises (Chocovore pour Trésor de Kellogs, une plate-forme de minijeux pour la marque Rik&Rok d'Auchan…).

Dans cette start-up sise dans le quartier high-tech de Lille (Eura Technologies), les préceptes de Mark Zuckerberg sont appliqués à la lettre, en particulier l'idée «moove fast and break things», selon laquelle la vitesse implique d'abandonner des projets en cours de route. «J'attends de mes équipes qu'elles soient capables de se remettre en question rapidement et à 180 degrés même si elles ont planché longtemps sur un projet», explique Charles Christory.

Une affaire d'organisation

Pour que l'innovation soit au cœur de son management, le jeune patron d'Adictiz (vingt-sept ans) organise très régulièrement des hackathons (programmation informatique collaborative): durant deux jours, huit équipes de cinq salariés planchent sur de nouveaux jeux. «Le jeu Laboratz est né lors d'un hackathon, a été développé dans la foulée et compte 500 000 utilisateurs», se targue le dirigeant.

L'entreprise a levé 2 millions d'euros fin 2012 et a fortement recruté depuis septembre dernier (en «business intelligence», «analytics» et acquisition de trafic), passant de 32 à 45 salariés. D'ici à la fin 2013, elle devrait compter une cinquantaine de collaborateurs. Adictiz a réalisé 2 millions d'euros de chiffre d'affaires l'an passé et vise le double cette année. Plus d'un tiers de celui-ci est généré par la commercialisation des espaces publicitaires sur ses jeux.

Charles Christory a bien compris que la réussite de son entreprise était aussi une affaire d'organisation: «Un cabinet extérieur nous conseille sur la gestion de projet, l'utilisation des méthodes agiles», explique-t-il. Cette flexibilité peut être un avantage quand on doit affronter des mastodontes du jeu, comme l'américain Electronic Arts. «Face à ces gros studios, Charles a bien compris que ce sont les talents qui feront la différence et recrute des experts sur les nouveaux métiers, dit Alexis de Charentenay, directeur «business development» d'Adictiz. On ne remportera pas la partie avec des stagiaires.»

 

Son parcours en bref

1985. Naissance à Lille.

2008. Diplômé de l'Iteem (école cofondée par Skema Business School et Centrale Lille), puis «business developer» d'une PME en Australie.

2009. Fonde Adictiz, au départ sur le créneau du réseau social de marques. En septembre 2009, lance Paf le chien, qui conquiert 7 millions d'utilisateurs en un mois et devient le premier jeu français sur Facebook.

2010. Lance le jeu «Il est con ce pigeon».

2012. Sa société devient «Prefered Marketing Developer » de Facebook et lève 2 millions d'euros.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.