rémunération
Lors de son assemblée générale, Publicis a été le premier groupe français à adopter le «say on pay». Une façon pour Maurice Lévy de se présenter en bon élève du CAC 40.

Ils ont dit oui! 78,8% des actionnaires de Publicis ont voté «pour» les principes et modalités de la rémunération de Maurice Lévy, le président du directoire du groupe, lors de son assemblée générale, le 29 mai dernier. Et plus de 99% en faveur de celle d'Elisabeth Badinter, la présidente du conseil de surveillance. C'était la première fois qu'un groupe français utilisait ce dispositif dit du «say on pay». Et même s'il ne s'agissait que d'un avis consultatif, un vote négatif aurait été un désaveu pour les dirigeants de Publicis, a fortiori pour Maurice Lévy.

Un an après la polémique liée au versement de son bonus de 16 millions d'euros, le président du directoire savait qu'il avançait en terrain miné. Il avait donc prévu un package de communication. «Tout le monde a un avis sur la rémunération des dirigeants, il me semblait normal que les propriétaires de ces entreprises prennent la parole, a dit Maurice Lévy devant les actionnaires. Il est logique pour nous d'aller vers une plus grande transparence même si ce n'est pas toujours agréable de le faire.» Une façon d'insister sur le volontarisme du groupe en la matière.

 

Un avis consultatif

«Nous nous alignons sur les pratiques de nos principaux concurrents anglo-saxons en matière de “say on pay”, a poursuivi Amaury de Sèze, président du comité de rémunération du groupe Publicis. Il ne s'agit que d'un avis consultatif car le conseil de surveillance reste le seul compétent en droit français pour fixer la rémunération des dirigeants.»
Le calendrier était propice pour ces annonces de Publicis: quelques jours auparavant, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, avait annoncé sa décision de ne pas légiférer, mais plutôt de demander à l'Afep et au Medef d'intégrer le principe du «say on pay» dans une nouvelle version du code Afep-Medef.
Devant les actionnaires de Publicis, le dirigeant a également vanté la simplification de son système de rémunération: celui-ci est désormais uniquement lié à la performance (croissance du chiffre d'affaires, taux de résultat net) et compris entre 0 et 5 millions d'euros. «J'ai voulu un dispositif très simple et clair, sans option sur les actions et conditionné à 100% par les résultats», a insisté Maurice Lévy.

Une rémunération qui se monte tout de même à 4,8 millions d'euros pour 2012 (en hausse de 33%, et sans compter le bonus exceptionnel de 16 millions) et reste la plus élevée du CAC 40, devant celle de Jean-Paul Agon (L'Oréal, 3,8 millions d'euros), selon le classement de Challenges.
Voilà justement ce qui a motivé la centaine de manifestants, venus protester devant le siège de Publicis, à l'appel du syndicat Infocom-CGT et du collectif Sauvons les riches, ce mercredi 29 mai: «La répartition des richesses entre dirigeants et salariés n'est plus acceptable car l'écart se creuse trop, a souligné Eric Diemer, délégué syndical central Infocom-CGT. Et depuis que Maurice Lévy a opté pour une rémunération uniquement variable, il a gagné plus d'argent que lorsqu'il avait du fixe. Il suffit de choisir les bons critères. Dans le même temps, certains salariés de Publicis n'ont pas été augmentés depuis cinq ans.» Selon le syndicaliste, la mise au vote de la rémunération des dirigeants ne règle pas le problème, surtout si elle n'est que consultative. La solution pourrait venir de l'Europe, selon Les Echos (article du 25 février dernier), car la Commission européenne a lancé un plan d'actions sur ce sujet et Michel Barnier, le commissaire européen chargé des services financiers, s'est déjà prononcé en faveur d'un vote contraignant. A suivre donc...

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