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Cofondateur de Sculpteo, une start-up d’impression 3D, ce centralien mise sur la capacité d’innovation de ses ingénieurs et développeurs.

Et si l'avenir de l'industrie passait par l'impression en trois dimensions (3D)? Clément Moreau, trente-trois ans, cofondateur de la start-up Sculpteo, y croit dur comme fer: «Une fois que l'on lui fournit des outils, le grand public apprécie l'idée de finir et de personnaliser “son” objet. A l'inverse de l'industrie traditionnelle, l'impression 3D permet de produire des objets personnalisables. Et cela reste rentable, qu'ils soient produits en petite ou grande série», affirme-t-il.

En janvier dernier, le jeune entrepreneur recevait le prix de la meilleure innovation 2013 pour son application mobile au Consumer Electronic Show, à Las Vegas. Un mois plus tôt, après avoir été reçu par la ministre déléguée à l'Economie numérique, Fleur Pellerin, il levait 2 millions d'euros auprès d'un fonds d'investissement filiale de La Banque postale (X Ange Private Equity) et de business angels. Mais point de hâblerie chez lui: l'homme est d'un abord simple et dépouillé, à l'image de son open space, où trônent quelques monstres miniatures nés des imprimantes 3D.

C'est chez Thomson, où il était responsable R&D (recherche et développement) et logiciels, que lui est venue l'idée de penser en trois dimensions. «On utilisait des machines d'impression 3D pour faire des prototypes. On a voulu en faire de vraies machines de production pour des objets quotidiens et y ajouter un logiciel de conception d'objets 3D», raconte Clément Moreau. Auparavant, sorti de Centrale en 2001, il a fait ses armes dans une start-up, Inventel, qui concevait les box ADSL pour France Télécom, entre autres. Une nouvelle étape pour ce fils de profs de mathématiques féru d'électronique dès le collège.

Pour se lancer, il veille à bien s'entourer. Sculpteo est ainsi cocréée avec Eric Carreel, cofondateur d'Inventel. «J'ai voulu travailler avec lui dès mon entretien d'embauche», raconte-t-il. Au passage, ce dernier contribuera à rassembler les 2 millions d'euros de capital initial de Sculpteo, issus de la revente d'Inventel à Thomson. Autre cofondateur, Jacques Lewiner, ancien directeur scientifique de l'ESCPI Paris-Tech et «serial entrepreneur». «Je garde le souvenir d'un jeune ingénieur très brillant et sympathique», se souvient-il.

Sur les vingt salariés actuels, les premières recrues de Clément Moreau seront «des ingénieurs et développeurs confirmés, que je connaissais bien». A eux de mettre en mouvement l'entreprise: «Les gens qui créent la valeur sont ceux qui créent la technologie. L'équipe logiciels doit être poussée à développer. Et ils sont en contact direct avec le client», précise-t-il.

Un vrai ingénieur français

Autre enjeu, coordonner ses équipes, entre le siège d'Issy-les-Moulineaux, les Pyrénées, où est implantée leur usine de R&D, et depuis peu San Francisco, où Sculpteo vient d'ouvrir un bureau. «On utilise beaucoup Skype, le téléphone et sans doute trop les e-mails… J'essaie aussi d'avoir des réunions régulièrement», avoue-t-il.

Au début, l'homme se heurte à «un mur»: le grand public ne suit pas. Coup de chance début 2011, les professionnels s'emparent des services de Sculpteo pour concevoir des prototypes. L'entreprise s'associe à Dassault Systèmes pour lancer un service d'impression direct. Puis à des designers professionnels, tel Jean-Louis Fréchin, fondateur de l'agence No Design, pour lancer une collection de tasses et de coques de smartphones, que le client peut finir et personnaliser.

Clément Moreau apprend vite: «C'est un vrai ingénieur français, au sens du XIXe siècle, il a pour lui la raison critique, la science, un côté inventeur, tout en étant entrepreneur. Et il ose aller vers des produits destinés à améliorer le quotidien du grand public», décrypte Jean-Louis Fréchin. Il lui reste à transformer l'essai pour emporter l'enthousiasme des foules. 

 

Son parcours en bref

1979. Naissance à Beauvais.
Octobre 2001. Diplômé de l'Ecole centrale des arts et manufactures, intègre la start-up Inventel.
Septembre 2009. Cofonde Sculpteo.
Avril 2013. Ouvre un bureau à San Francisco.

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