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A la tête de Valtech, Lubomira Rochet parachève la transformation de la SSII en agence digitale. Cette manageuse de transition, qui se dit toujours sur le pont, est une main de fer dans un gant de velours.

L'adresse a son histoire. A l'heure où les agences passent de l'autre côté du périphérique, Valtech est installée, depuis 2010, au 103, rue de Grenelle, dans un immeuble qui abrita le Ministère des Postes et Télégraphe jusqu'en 1960, puis fut le siège de France Telecom jusqu'en 2007. Un symbole qui a du sens pour cette société de haute technologie. Après le rachat par la holding Sieg Co, le nouveau dirigeant, Sebastian Lombardo, a décidé d'opérer une mue importante: transformer la SSII en agence digitale.

Pour écrire cette nouvelle page de l'entreprise, il s'appuie sur Lubomira Rochet, directrice générale adjointe. «Nous avons cherché le chemin le plus court pour opérer cette mutation et devenir une agence, sachant que je ne voulais surtout pas plaquer un modèle dépassé», précise Lubomira Rochet. Pour que la société et ses 200 salariés français parvienne à changer de logiciel, la manager n'a pas ménagé ses efforts: «J'ai toujours fait en sorte qu'ils voient que j'avais la foi, que j'étais sur le pont, même à 1 heure du matin, sur des compétitions. J'ai aussi pris soin de réexpliquer la stratégie, le cap, en permanence», relate Lubomira Rochet. Une mutation qui ne s'est pas opérée sans dommages. «Il y a des gens qui sont partis, en particulier des profils très SSII», reconnaît la manager. Mais Valtech a aussi beaucoup recruté: 75 personnes en 2013, dont une quarantaine de développeurs. L'entreprise compte aujourd'hui plus de 300 salariés en France.

«Lubomira, c'est une main de fer dans un gant de velours: elle est à la fois tenace, persévérante, endurante, et en même temps, à l'écoute, disponible, diplomate», souligne un ancien collaborateur de la société. Pour le PDG de Valtech, Sebastian Lombardo, «Lubo» a en tous cas, réussi la mutation: «Elle a porté ce changement, parce qu'elle a réussi à évangéliser et à faire travailler ensemble des profils aussi différents que des informaticiens et des designers.»

Cela se retrouve dans la nouvelle répartition de l'activité: la régie, typique des SSII, qui représentait 80 % du chiffre d'affaires en 2010, ne compte plus que pour 50% du CA aujourd'hui. Alors que le chiffre d'affaires (CA) du groupe est passé de 75 millions d'euros en 2010 à 133,7 millions d'euros en 2012.

Il faut dire que le repositionnement de Valtech est arrivé à point nommé: à l'heure où toutes les agences renforcent leurs compétences technologiques, pour répondre à des appels d'offres de plus en plus digitaux. «Récemment, sur la refonte de la plateforme digitale d'un grand groupe, nous étions dix-neuf en compétition, et il y avait aussi bien des agences digitales (Digitas, Fullsix...) que de grosses sociétés de conseils informatiques comme Cap Gemini, explique Lubomira Rochet. C'est symptomatique de l'évolution de notre marché, d'ailleurs Valtech a déjà été l'agence créative pour Cap Gemini sur certaines compétitions et à l'inverse l'expert technologique pour Mazarine. Toutes les combinatoires sont possibles.»


- Son parcours en bref:


1977. Naissance à Sofia (Bulgarie).
2001. Diplômée de Sciences-Po Paris.
2002. A étudié en Master of sciences à Berkeley
2003. College of Europe à Bruxelles et Ecole normale supérieure.
2003. Chef de cabinet puis vice-présidente stratégie de Cap Gemini.
2007. Professeur en management de l'innovation à Sciences-Po.
2008. Lance Bizpark, programme de soutien aux start-up de Microsoft.
2010. Directeur général adjoint puis directeur général Europe du Sud de Valtech.

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