«Quand je suis devenu CEO de l'entreprise, il y a six mois, j'ai offert un livre à tous mes collaborateurs: The Lean Startup [d'Eric Ries, édition The New York Times Bestseller] et j'ai même imposé à mes managers de le lire», explique d'emblée Karim Goudiaby, le patron de W3, un groupe qui édite des sites Internet de petites annonces, de logement (appartager.com, en anglais easyroommate, site de colocation et oudormir, en anglais wheretosleep) et d'autres types de PA, avec Vivastreet (automobile, emploi, immobilier...).
L'ensemble a réalisé 29,7 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2013, pour 150 salariés (80 basés à Londres, une trentaine aux Etats-Unis et une dizaine à Paris).
The Lean start-up, un ouvrage qui propose une méthodologie de gestion de projet innovant, est un peu la bible des créateurs de start-up. En tant que manager, Karim Goudiaby veille donc avant tout à nourrir ses équipes en livres de référence. «Il nous achète de nombreux ouvrages sur le management, Internet et des success-stories d'entreprises (Toyota, General Electric), confirme Cédric Brochier, directeur général France de Vivastreet. Il alterne accompagnement, formation et coaching. Il est très opérationnel et concret.»
Vive voix
Dans cette entreprise qui emploie seize nationalités différentes, Karim Goudiaby se méfie aussi des couacs interculturels. «Je demande à mes équipes de préférer les coups de fils aux e-mails, pour éviter les impairs; résoudre les problèmes de vive voix va souvent plus vite», observe ce fils d'une Marocaine et d'un Sénégalais. Il a pris les rênes de la société, il y a trois mois, quand Yannick Pons, le fondateur, lui a passé le relais. W3 est une entreprise qu'il connaît bien: il y est entré pour son premier stage à la sortie de son école de commerce en 2002. «Je lui ai confié les clés car je sais qu'il saura se remettre en question, même s'il se trompe et prend une mauvaise direction, note Yannick Pons. Et puis dans la gestion quotidienne de l'entreprise, il n'aura pas d'état d'âme.»
L'enjeu majeur pour Karim Goudiaby est de développer le fleuron du groupe, le site de petites annonces gratuites Vivastreet, concurrent du Bon coin et qui revendique la deuxième place sur ce marché en France (3,426 millions de visiteurs uniques en janvier, selon Médiamétrie). «Avec Vivastreet, nous sommes présents dans quinze pays et nous venons d'ouvrir le Mexique avec Vivanuncios», précise-t-il. Le modèle économique du site? La publication des annonces est gratuite mais l'internaute paye pour les options de visibilité (70% du chiffre d'affaires de Vivastreet). Le reste des revenus vient de la publicité contextuelle (Google adsense, 20%) et les bandeaux (10%).
Pour poursuivre la croissance et faire passer le chiffre d'affaires de l'entreprise de 30 à 35 millions d'euros en 2014, Karim Goudiaby ne raccroche jamais. La nuit ou le week-end, la ligne d'urgence indiquée en bas des sites Internet aboutit souvent sur son portable...
Son parcours en bref
1981. Naissance à Sèvres (92).
1999. Ecole supérieure de commerce internationale du Pas-de-Calais (ESCIP).
2002. Stagiaire puis responsable du développement d'Easyroommate.com (New York)
2004. Chef de secteur puis superviseur des ventes chez Coca-Cola Entreprise SA (Compiègne, puis Rouen).
2006. Rejoint W3 comme directeur du développement pour Vivastreet (Londres), puis managing director d'Easyroomate.com.
2014. Devient le CEO du groupe W3.
