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François Petavy, le directeur général d’Eyeka, plateforme de crowd-sourcing, laisse beaucoup de champ libre à ses collaborateurs, pour faire émerger les idées.

Quelles applications pour la nouvelle brosse à dent connectée d'Oral B? Il y a dix-huit mois le géant de l'hygiène-beauté, P & G, sollicitait la communauté des créateurs d'Eyeka (275 000 dans le monde) pour inventer les applications de demain de sa brosse à dent. Résultat, en trois semaines, 67 idées reçues, provenant de 28 pays. Ce qui a permis à Oral B (groupe P&G) de lancer sa brosse à dent connectée, en bluetooth, il y a quelques semaines et aux participants retenus de toucher un prix de plusieurs milliers d'euros.

Voilà un exemple d'usage d'Eyeka, la plateforme contributive d'appel à idées ou «crowd-sourcing» fondée en 2006 par Gilles Babinet et Franck Perrier. «Nous pouvons faire plancher la communauté sur des innovations produits, de packaging, de visuels ou sur du contenu digital comme des vidéos...», précise le directeur général, François Petavy. L'entreprise, installée rue de la Boétie, à deux pas des Champs-Elysées, compte 35 salariés, et deux bureaux à l'international à Singapour et São Paulo, «au plus près de nos clients, qui sont de grands groupes de grande consommation (P&G, Unilever, Mondelez, Nestlé, Samsung)», précise le dirigeant.

Champ libre

L'entreprise qui ne communique pas sur son chiffre d'affaires [plusieurs millions d'euros], réalisé à plus de 90% à l'international, serait profitable depuis 2013. «Nous ne sommes pas une agence, nuance François Petavy. Contrairement à une agence de communication qui va piloter tout le process d'innovation, nous apportons juste une brique supplémentaire dans ce process. D'ailleurs un tiers de notre chiffre d'affaires est réalisé directement avec les agences.»

L'entreprise de crowd-sourcing applique un management à l'avenant: «Une fois par an, je me soumets à un examen à 360°, en questionnant six collaborateurs sur mes forces et faiblesses», explique-t-il. D'ailleurs tous les salariés ont le droit à leur «360». «Cela permet d'identifier des problèmes, de voir les choses à développer», poursuit le patron, qui a importé cette pratique de chez E Bay. Aujourd'hui à la tête de sa PME, il dirige une équipe composée d'une dizaine d'ingénieurs (product manager, analytics), de six community managers, de chefs de projets, et de commerciaux. Pour motiver ses troupes, le directeur général mise sur l'autonomie: «J'ai tendance à laisser du champ libre, parfois un peu trop, et il y a un moment où il faut dire non, mais je crois aux opportunités que cela génère pour l'entreprise», assure le manager.

Autre tactique du directeur général pour stimuler le team-building: «Il aime bien les petits événements pour enflammer ses équipes, avec un peu une logique de chef de guerre, note Gilles Babinet, président du conseil d'administration d'Eyeka. Même si François s'est affirmé progressivement, car au départ je l'avais recruté comme directeur marketing et il a fallu un peu le forcer à devenir CEO, en lui confiant les clés du poste, sans lui laisser le choix...» Cinq ans après, le manager est bien dans sa fonction et il sait que 2014 sera une année charnière pour Eyeka: «Le décollage de l'activité est en train de se produire actuellement», conclut François Petavy.


- Son parcours en bref :
1971. Naissance à Paris.
1996. Diplômé de Telecom Paristech.
1996. Producteur chez Ubisoft.
1999. Responsable des projets, puis responsable comptes clés chez Agency.com.
2003. MBA à l'Insead.
2003. Category manager, puis responsable des nouvelles activités chez E-bay.
2008. Directeur marketing d'Eyeka, puis directeur général à partir de 2009.

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