école
Selon Emmanuel Davidenkoff, directeur de la rédaction de L’Etudiant, auteur du Tsunami numérique (Stock, mars 2014), les écoles aussi font leur révolution pour s'adapter au chamboule-tout des métiers.

Comment les écoles préparent-elles leurs étudiants à des métiers qui n'existent pas encore?

Emmanuel Davidenkoff. La conviction qui parcourt le monde éducatif actuellement, c'est que le moteur de la croissance est l'innovation: il faut apprendre aux étudiants des process qui permettent d'innover. Et cela s'apprend. «Knowledge is the currency of the 21st century» («La connaissance est la nouvelle monnaie»), rappelait récemment Drew Gilpin Faust, la présidente d'Harvard.

 

Comment écoles et universités s'adaptent-elles à l'émergence de nouveaux métiers?

E.D. En ce moment, il y a une effervescence et tous les établissements créent des programmes. Mais je me méfie de ce qualificatif de nouveaux métiers: dans la majorité des cas, il s'agit simplement d'une évolution de métiers existants. Même s'il y en a quelques-uns de réellement nouveaux, tel le community manager. L'évolution la plus marquante, que j'observe déjà dans les écoles de commerce, de design et d'ingénieurs, c'est une tendance au croisement des regards.

 

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Cela signifie-t-il une montée en puissance des cursus multidisciplinaires?

E.D. Oui, à l'instar de ce qui se passe avec le «design thinking» [la pensée design, une méthodologie appliquée à l'innovation], qui est née à la D School de Stanford. Aujourd'hui le sujet intéresse de nombreux établissements français: l'Essec/Ecole centrale Paris et le Strate Collège travaillent ensemble pour monter des programmes. Une école d'Internet comme la Web School Factory s'en inspire. L'idée: il faut que l'ingénieur et le designer se préoccupent du consommateur dès l'amont. Un principe de cocréation qui se retrouve aussi dans les métiers du marketing.

 

Cela veut-t-il dire que l'organisation des enseignements va évoluer?

E.D. L'avenir est aux structures d'enseignement mobiles: il y aura davantage de formations modulaires, ce qui se dessine déjà avec les Mooc [cours en ligne ouverts], les certifications en formation continue, etc. Les écoles où il faut cinq ans pour valider un diplôme risquent de mal se porter. Chacun rajoutera des briques de compétences tout au long de sa vie professionnelle, devra «up-grader» [mettre à jour] son CV en permanence pour intégrer de nouveaux langages par exemple. Comme un professionnel du marketing peut déjà suivre un Mooc pour se perfectionner en big data. Du coup, les écoles vont devoir être capables de devenir de bons agrégateurs de contenus pour leurs étudiants, y compris en allant chercher des programmes ailleurs.

 

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Les écoles sont-elles mieux armées que les universités pour faire face à cette révolution?

E.D. Parce qu'elles sont plus flexibles et réactives, les écoles peuvent adapter leurs programmes plus rapidement. Mais les universités sont aujourd'hui autonomes et ont la liberté de créer des diplômes maison. Et puis, dans la compétition internationale, le moteur de la réputation reste la recherche et, là, les universités sont beaucoup mieux dotées. Beaucoup d'écoles n'ont tout simplement aucun département recherche.

 

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