Channel planner, data analyst, scientist, trader media ou encore UX designer… Ce sont les profils les plus recherchés aussi bien en agences que chez l'annonceur, selon les recruteurs.

Article initialement paru en mai 2014 dans le cadre du dossier sur l'emploi dans le marketing et la communication.

 

1. UX designer

«On trouve des UX [user experience] à la fois en agence, où ils travaillent avec des équipes conseils, création ou planning stratégique, et chez l'annonceur, où ils interagissent avec les équipes marketing produit ou stratégiques», explique Perrine Grua, directrice générale France d'Aquent. Ils ont en général une formation initiale en webdesign et intégration, et dans l'idéal une formation complémentaire en psychologie ou sociologie. En effet, l'UX observe le comportement des utilisateurs du digital pour créer les interfaces Web et mobiles les plus ergonomiques possibles.

Formation

Hetic, Strate école de design, master 2 en ergonomie, Gobelins (cursus webdesigner à UX designer, en formation continue).

Salaire

Junior: 28 000-35 000 euros.

Plus de 5 ans d'expérience: 40 000-47 000 euros.

Verbatim

Frédéric Jacquet, UX designer senior chez Digitas LBI, 40 ans

«Notre mission consiste à "designer” des expériences dans le digital. Avec une approche, le design centré utilisateur, et une méthodologie, le “design thinking”. Il faut commencer par s'immerger dans les problématiques d'un client, en général lors de séances de cocréation. Puis canaliser ces idées à l'aune de la création de valeur pour l'utilisateur final. Cela peut, par exemple, consister à dessiner le parcours utilisateur, ce qui donnera le schéma de la future architecture du site [Wireframe]. Nous allons le “prototyper” pour le tester auprès d'utilisateurs finaux [user test]. Puis l'améliorer en fonction de leurs retours. Et choisir l'interface qui correspond le mieux aux différents supports.»

 

2. Social media manager

Ce manager bâtit la stratégie marketing «social media» de la marque, la met en œuvre, la contrôle et encadre une équipe de «community managers». «Son activité est stratégique pendant toute la vie d'une marque sur les réseaux, aussi bien en phase de lancement de produit, de campagne RP, d'influence, d'image de marque, etc.», souligne Perrine Grua, d'Aquent. En ce moment, les entreprises, que ce soient des groupes ou des PME, recherchent cette compétence dans le cadre de leur transformation digitale, confirme Catherine Ertzscheid, consultante en stratégie digitale. Les agences également. «Nos consultants ont des profils “couteaux suisses”: une excellente connaissance de la marque, des qualités rédactionnelles, une maitrise des outils d'analyse et de la régie publicitaire sociale», ajoute Sandrine Plasseraud, directrice générale de We are social France.

Formation

Les écoles du Web (Eemi, Sup de Web, Sup Internet…), licence professionnelle de l'IUT de la Roche-sur-Yon, formation certifiante community manager du CFPJ (médias ou entreprises).

Salaire
Junior: 26 000-32 000 euros.
Plus de 5 ans: 35 000-42 000 euros.

Verbatim

Camille Jouneaux, consultante senior chez We are social, 28 ans
«Mon rôle? Faciliter les conversations autour d'une marque, en temps réel. Il faut savoir s'intégrer dans les échanges sans les interrompre, apporter des réponses rapides aux sollicitations. Que vous soyez en agence ou chez l'annonceur, c'est vous qui parlez à la place de la marque. Il faut aussi savoir écouter ce qui se dit sur elle, en quels termes. Cela consiste enfin à élaborer une stratégie de présence sur les réseaux – Twitter, Facebook, Instagram, etc. – avec un calendrier des publications.»

 

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3. Responsable acquisition

Sa mission? Développer le trafic et les «leads» à travers l'ensemble des leviers (SEO, SEM, display, affiliation, reciblage publicitaire…) afin d'acquérir de nouveaux clients. «C'est une fonction que l'on va retrouver surtout chez l'annonceur, explique Marc de Torquat, cofondateur et directeur général du cabinet Shefferd. Selon le type d'entreprise, l'équipe est plus ou moins étoffée: dans l'e-commerce, le tourisme et les jeux, il peut gérer des budgets de plusieurs millions d'euros annuellement.» Il y a actuellement beaucoup de postes à pourvoir pour le trafic, confirme un autre recruteur.

Formation

Généraliste (université, Celsa, Iscom…), assortie d'une spécialisation (MBA) en e-commerce, marketing digital, ou bien une formation dans une école du Web si l'on vise le monde du travail après un niveau bac+3.
Salaire

Plus de 5 ans expérience: 40 000-70 000 euros (selon le budget géré et la taille de l'équipe).

Verbatim

Manuel Amorim, responsable du pôle audience et fidélisation du Parisien, 32 ans

«Avant de rejoindre Le Parisien, j'étais trafic manager chez Marionnaud France. Si le métier reste le même, et consiste à acquérir et fidéliser des clients/lecteurs, il y a une grosse différence de problématique entre les sites e-commerce et les médias: les premiers génèrent un chiffre d'affaires gigantesque avec un trafic moyen; les seconds réalisent des audiences très importantes mais des volumes de transactions faibles. Il faut piloter le SEO différemment: avec les médias, le pilotage est très “macro”, la moindre erreur se fait sentir, entraînant une baisse de trafic. La montée en puissance des réseaux sociaux et du mobile nécessite à chaque fois de nouvelles expertises. Aujourd'hui, je gère une équipe de sept personnes.»


4. Trader media

Le terrain de jeu du trader media, ce sont les «trading desk» (places de marché d'achat d'espace publicitaire), où les achats s'effectuent en temps réel avec un système d'enchères («real time bidding» ou RTB). La demande pour ces profils explose, la preuve avec Affiperf, la structure d'Havas Media, passée de cinq à une centaine de collaborateurs dans le monde en deux ans. «Même s'il y a aussi des directeurs de clientèles ou des chargés de budget RTB, là aussi une nouvelle fonction, dont la mission est d'assurer l'interface avec les traders», précise Deborah Wits, directrice France d'Affiperf.

Formation

Ecoles de statistiques (Ensae Paris Tech, Ensai), formation financière (trading) ou école de commerce.

Salaire

Junior (moins de 3 ans d'expérience): 28 000-35 000 euros.

Plus de 5 ans: 40 000-47 000 euros.

Verbatim

Nicolas Pohu, trader media senior, 25 ans chez Affiperf 
«Je récupère une partie des budgets digitaux des clients d'Havas Media, avec pour mission de les aider à répondre à un objectif: par exemple, générer 10 000 clics sur une publicité automobile, vendre un certain nombre de billets pour une compagnie aérienne… Je dois définir la meilleure stratégie pour obtenir ces performances. Les options: acheter des espaces sur un type de sites, voyages par exemple, sur une place de marché [ad-exchange], utiliser le reciblage publicitaire, acheter de la data. Au fur et à mesure du déroulement de la campagne, je reçois les statistiques, et je l'optimise en changeant les leviers qui ne fonctionnent pas.»

 

>> Lire : Le big bang des métiers de la communication

 

5. Responsable e-commerce/m-commerce

«Il y a actuellement une transhumance importante: des responsables e-commerce issus de “pure-player” rejoignent des enseignes pour accompagner le développement de leurs boutiques en ligne», constate Pierre Cannet, fondateur et directeur général du cabinet Blue Search. A mesure que les annonceurs ouvrent des boutiques, ils recrutent des professionnels de la vente en ligne, si possible avec une compétence m-commerce. Tout le monde s'y met: banques, assurances, sociétés de paris en ligne… «Il y a des enjeux financiers forts et ils peuvent diriger des équipes d'une dizaine de personnes», complète Marc de Torquat, de Shefferd.

Formation

Ecoles d'Internet, de communication ou de commerce, si possible doublé d'une formation en informatique.
Salaire

Au moins 5 à 10 ans d'expérience: 60 000-100 000 euros (souvent avec une partie variable).

Verbatim

Guillaume Tessier, directeur e-commerce de Viapresse
«En tant que directeur e-commerce, je gère le site Viapresse.com, qui réalise 12 millions d'euros de chiffre d'affaires, et des sites en marque blanche pour la Fnac, Cdiscount, Darty, 3 Suisses… Mon équipe compte six experts en search, affiliation et CRM. Notre mission est de mettre en place les outils de vente, d'organiser l'animation commerciale et la stratégie d'acquisition et de fidélisation des clients. Après une formation classique à l'Iscom, j'ai eu un parcours en agence, chez TBWA, que j'ai complété par un master d'ingénieur en nouvelles technologies à Hetic. Cette dimension technique est importante: si l'on ne comprend pas comment sont installés les “tags” sur la page, cela peut fausser une interprétation des statistiques.»

 

6. Creative technologist

Il reçoit les Google Glass ou le masque Oculus Rift, ces objets intégrant la réalité augmentée, avant tout le monde dans l'agence. Ce veinard, c'est le creative technologist, sorte de Géo Trouvetou, qui peut avoir des missions très différentes selon les structures: formation, veille, développement de projets pour les clients… Son rôle principal est de faire le tri entre les innovations, par exemple les objets connectés, la réalité virtuelle, etc., qui peuvent apporter réellement quelque chose aux marques, et ce qu'on peut très vite oublier.

Formation

Gobelins (concepteur réalisateur multimédia), Iesa multimédia… Une double ouverture, technologique et créative, est plus que souhaitable.
Salaire
Junior: 40 000 euros.
5 ans d'expérience et plus: 60 000-80 000 euros.

Verbatim

Guillaume Cartigny, creative technologist dans l'agence Les Gaulois, 36 ans
«Comme beaucoup de creative tech, j'ai un parcours particulier: à la fois un DUT de génie informatique, un Deug Mass [mathématiques appliquées et sciences sociales] et huit années de pratique du dessin d'art. Mon métier consiste à véhiculer des idées, faire passer des messages, avec la technologie comme moyen d'expression. Avant de devenir creative tech, j'ai été développeur, chef de projet, puis directeur technique en agences digitales et SSII. Au quotidien, j'effectue une veille de la recherche & développement, je teste et je dois comprendre les nouveautés, pas seulement technologiques, mais aussi dans le design, l'architecture, etc. Et apporter des solutions complémentaires pour des clients de l'agence.»

 

>> Lire : Emmanuel Davidenkoff : «Il faut apprendre aux étudiants des process qui permettent d'innover»

 

7. Data analyst (ou data planner)

«Les entreprises nous demandent des profils capables d'analyser les données avec un regard marketing», note Perrine Grua, d'Aquent. Mettre en place les outils d'analyse de données, savoir quoi analyser, pourquoi et comment? «C'est le modèle d'Amazon – dans lequel la data, la connaissance client, est clé –, qui s'impose dans toutes les entreprises», confirme Damien Crequer, directeur associé du cabinet Taste RH. Ce qui ouvre un boulevard au data analyst, en agence ou chez l'annonceur.

Formation

Master 2 de recherche en statistiques avec une forte dominance informatique, Ensai, Ensae Paris Tech. Idéalement, doublé d'un diplôme en marketing.
Salaire

Junior: 35 000-40 000 euros.
5 ans d'expérience et plus: 45 000-60 000 euros.

Verbatim

Mehdi Ahmar, responsable du département data intelligence sur le marché des clients particuliers d'Allianz France, 34 ans
«Je suis à la tête d'une équipe de sept data analysts, un métier différent du data scientist, car nous nous intéressons davantage à l'expertise métier et puis nous n'utilisons pas les mêmes sources et outils. Nous nous appuyons en premier lieu sur les données issues de nos nombreux points de contact avec nos clients. A l'aide de techniques statistiques poussées, ces données nous permettent de caractériser un comportement client à travers une vision à 360 degrés. J'essaye de faire “grandir” mes data analysts dans ces compétences métiers pour les garder au marketing d'Allianz, car ces profils sont très convoités.»

 

8. Content manager (responsable de la stratégie de contenu, directeur éditorial, brand content manager)

«A mesure que les directions de la communication doivent produire du contenu pour les différents supports – blogs, réseaux sociaux, etc. –, et faire de la curation, elles s'organisent en rédaction [newsroom] et ont besoin d'un content manager ou content strategist, explique Jérôme Delaveau, PDG de l'agence Human to Human. Il va croiser les compétences éditoriales, Web et SEO.» Cette fonction se développe également chez l'annonceur.

Formation

Ecole de communication ou éditoriale (Sciences Po, école de journalisme…). Un premier parcours en conception-rédaction ou en journalisme, et une forte affinité avec le digital.

Salaire

Junior= 28 000-35 000 euros.

5 ans d'expérience et plus: 38 000-50 000 euros (selon le nombre de supports à animer).

Verbatim

Nicolas Moreau, directeur des contenus chez Human to Human, 38 ans
«La fonction existait, mais elle est en train de se structurer et de prendre de l'ampleur. Nos clients réalisent que les communiqués de presse classiques fonctionnent moins bien. Du coup, ils cherchent des alternatives qui permettent à la fois de réagir sur l'actualité et de mettre en valeur leurs initiatives. Cela peut consister à s'engager sur le terrain de la communication citoyenne ou de se positionner plus globalement sur des sujets de sociétés, comme nous le faisons avec le blog Eco-socio-conso d'E-Leclerc. L'objectif est de délivrer un message, un point de vue plus percutant et plus précis susceptible d'être repris par les internautes. Nous travaillons beaucoup sur des conceptions de “newsroom” pour les entreprises.»

 

9. Channel planner (ou engagement planner)

«Aujourd'hui, nous cherchons avant tout des experts qui savent arrêter les consommateurs et les engager pour les marques. C'est pour cela que nous avons recréé l'année dernière un département “engagement planning”, qui comprend cinq personnes», souligne Muriel Fagnoni, vice-présidente exécutive de BETC. Engagement planner ou channel planner, même combat: il s'agit d'aiguiller les marques jusqu'au consommateur digital. Un engagement planner doit avoir une double culture, médias et publicitaire. «Disposer de cette expertise en amont d'un brief permet de se poser la question: “Quelle création sera la plus efficace, et sur quels canaux?”», explique Karine Fillion, directrice générale de Wunderman.

Formation

Ecole de commerce avec spécialisation marketing, médias ou communication, master communication marketing intégré (MCI) à Paris-Dauphine.
Salaire

Plus de 5 ans d'expérience: 45 000 euros-80 000 euros.

Verbatim

Xavier Modin, codirecteur du planning stratégique de Wunderman France, 31 ans

«Mon rôle aujourd'hui est d'apporter de l'intelligence des canaux à une agence de marketing services, comme Wunderman Paris. Auparavant, j'avais exercé la même fonction chez DDB et MRM Worldwide. J'apporte mon expertise des médias, ma connaissance du GRP… Cela permet d'ouvrir le champ des possibles: on peut choisir d'aller en télévision pour faire de l'acquisition ou des campagnes de bannières à la performance pour installer une identité. L'originalité est d'intégrer cette fonction au planning, alors qu'elle se trouve habituellement dans les pôles acquisition. La fonction de channel planner est une aubaine pour les profils qui ont des connaissances très avancées en médiaplanning, mais veulent les exercer dans une agence créative.»

 

>> Lire : notre dossier sur les nouveaux métiers de la communication et du marketing

 

10. Data scientist

«Il y a un basculement des équipes études et CRM vers la data, on ne sait pas encore quelle organisation cela va donner, mais la collecte et le traitement de la donnée ont le vent en poupe, constate Damien Crequer, associé de Taste RH. Il y a une prise de conscience importante des groupes.» Selon Mats Carduner, cofondateur et PDG de Fifty-five, les agences ont intérêt à disposer de data analysts (plutôt consultants) et data scientist (capables d'analyser des masses de données et d'en retirer des applications marketing). «L'expérience big data est très recherchée par le marché: soit on forme des personnes, soit on en recrute des expérimentées, dit Virginie Fauvel, directrice digital & market management d'Allianz France. Dans les assurances, il y énormément de données, il faut entrer dans le détail.»

Formation

Ecoles de statistiques (Ensae Paris Tech, Ensai), formations universitaires (statistiques et informatique décisionnelle), mastère spécialisé en gestion et analyse des données massives de Télécom Paris Tech, Mooc «Introduction to data science» sur Coursera.

Salaire

Junior: 35 000-45 000 euros.
Plus de 5 ans d'expérience: 50 000-65 000 euros.

Verbatim

Paul Lefkopoulos, data scientist chez Fifty-five, 29 ans:

«Après l'Ensae et un mastère en marketing à HEC, j'ai rejoint Fifty-five, après BETC Digital. Mon job quotidien est de comprendre les besoins de nos clients et de les aider à trouver le bon algorithme, la bonne solution pour accroître les ventes. Par exemple, un e-commerçant se présente avec des données dont il ne sait pas quoi faire, je l'aide à se poser les bonnes questions. Dans ces métiers, ils disposent de nombreuses données: historique d'achats, parcours de navigation, etc. Une mine d'or quand on sait les exploiter.»

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