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L’agence Les Gaulois a créé une formation au développement informatique, animée par son creative technologist. Reportage.

Sandwich, boisson et lignes de code... telle est la formule de l'école du code, lancée début avril, un midi par semaine, et à laquelle les 280 salariés de l'agence Les Gaulois (Havas) peuvent participer. En ce mois de mai, ils sont une quinzaine à s'être joints au cours d'une heure trente. La formation a attiré des collaborateurs issus de tous les services : la DRH, des assistantes, des créatifs, des chefs de projets, des patrons de marque, l'attachée de presse... Et même Elisabeth Billiemaz, la directrice générale de l'agence: «Je veux comprendre les implications que cela peut avoir dans le travail quotidien de chacun.»

L'idée de cette école n'est pas de former des développeurs chevronnés mais bien de s'initier au code et surtout de démystifier la programmation, souvent considérée comme une matière aride, réservée à des cerveaux de compétition. «Je ne suis pas là pour former des informaticiens mais pour fournir quelques armes afin d'appréhender les nouveaux projets», explique le prof, Guillaume Cartigny, 36 ans, le creative technologist des Gaulois.

Avoir des notions de développement informatique devient stratégique, comme le souligne Kwame Yamgnane, directeur adjoint de l'école 42, fondée par Xavier Niel: «Vous pouvez faire Harvard, HEC ou l'Insead, dans notre univers digital si vous n'avez pas de notions en programmation, c'est comme si vous aviez un trou dans votre raquette. Cela peut vous permettre d'accélérer ou de réorienter votre carrière.»

Poule connectée

Le cours de l'école du code commence par une vidéo qui démontre les nouvelles possibilités offertes par la technologie dans la publicité. Puis viennent très vite les travaux pratiques. «J'ai choisi le Processing, un langage et outil de développement créé par le MIT (Massachussets institute of technology) pour les artistes digitaux. Cela permet de créer assez vite de belles expériences utilisateurs», explique Guillaume Cartigny.

Dans la grande salle de réunion avec une vue plongeante sur la Seine, où se déroule l'école du code, chacun tente de créer sur son ordinateur portable un jeu de Pong (un des premiers jeux vidéo ayant connu un succès populaire dans les années 1970) dont le but est de faire rebondir une boule dans l'espace, avec des raquettes. Même si le graphisme est minimaliste, chaque participant est fier de sa création. «Et tous les participants ont une vision différente du jeu de Pong,constate Guillaume Cartigny. Ainsi un groupe m'a demandé de faire une version en couleur.»

Le deuxième cours porte sur un outil de programmation des objets connectés (Arduino). «L'idée est d'accompagner les salariés ayant des projets personnels autour des objets connectés, ajoute-t-il. Ainsi une collaboratrice souhaite créer une imprimante Instagram, se réjouit le creative technologist. Nous allons la fabriquer ensemble.» Ce Géo Trouvetou a lui-même fabriqué une poule qui tweete et qui gigote à chaque fois qu'elle reçoit un tweet.

L'école du code va se transformer en petit atelier de production d'objets connectés et pourquoi pas à terme en «fab-lab», comme l'espère le creative technologist. «Je vais recruter un jeune en alternance de l'école Les Gobelins pour nous aider à prototyper et à m'assister sur ces cours», explique Guillaume Cartigny. Le prof de techno a d'autres idées: «Il y a des salariés de l'agence qui courent, et l'on pourrait les équiper de capteurs miniatures pour récupérer des données.»

L'école fait le plein. «Il y a eu une soixantaine d'inscrits à la première session sur les 280 salariés de l'agence, se félicite Guillaume Cartigny. Et 40 personnes sont revenues au deuxième cours.» Pour continuer de s'immerger dans le grand bain digital, 70 collaborateurs ont suivi début juillet une formation Hyper Island de trois jours, qui porte sur le digital au sens large, sur la digitalisation et ce que va être le métier de publicitaire.

Le visiteur qui arrive dans les locaux des Gaulois, à Suresnes, devra s'y habituer: la poule qui tweete pourrait bientôt caqueter «code code code, codec...»

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