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Parrot affiche une perte nette de 6,3 millions d'euros pour le premier semestre 2014. Mais en vingt ans, Henri Seydoux a fait de Parrot un des champions français des objets connectés. Cet adepte des «drones d’inventions» considère son entreprise comme un campus. Portrait.

Parrot, start-up qui figure parmi les chouchous français, affiche ce jeudi 31 juillet une perte nette de 6,3 millions d'euros pour le premier semestre 2014, contre un résultat net de 1,3 millions un an auparavant, et des ventes qui ont régressé de 16,1% à 99,9 millions d'euros. En cause, la chute du chiffre d'affaires de son activité d'accessoires connectés pour automobile. Mais Parrot table sur les drones, qui représentent 10,5 milllions d'euros de chiffre d'affaires.

 

Nous republions le portrait du fondateur de Parrot, Henri Seydoux, initialement paru le 10 juillet 2014.

 

 

Dans son bureau, quai de Jemmapes, à Paris, trônent pêle-mêle des livres, Les Lettres de Beethoven, une Histoire des drones, Data Flow, ou encore La Saga des sténopés. Et des cartons avec ses derniers produits, les mini-drones Rolling Spider et Jumping Sumo, qui seront commercialisés mi-juillet. Henri Seydoux, patron de Parrot, s'est lancé dans les drones au bon moment, depuis le lancement de son AR Drone en juin 2010, cet étrange volatile en métal piloté par Iphone. «J'ai toujours voulu fabriquer des jouets. Ces drones, ce sont des robots pour la génération smartphones», souligne-t-il.

 

Sa société Parrot, spécialisée avant l'heure dans les objets connectés, affiche aujourd'hui 235 millions d'euros de chiffre d'affaires et 800 salariés. Elle fabriquait au départ des agendas électroniques et des kits mains libres à commande vocale. Quel chemin parcouru depuis la boîte de nuit Le Palace, où il a croisé ses amis, tels Christian Louboutin et Jean-François Bizot. «Déjà geek, il bricolait sur des ordinateurs la nuit, quand nous partagions notre premier appart': il avait alors 15 ans, et moi 18», se rémémore le chausseur.

 

Visionnaire anachronique

 

Henri Seydoux Fornier de Clausonne, arrière petit-fils de Marcel Schlumberger, fils de Jérôme Seydoux, le patron de Pathé, et père de l'actrice Léa, a un pied dans le monde people. Mais en «autodidacte absolu», il a enchaîné les aventures entrepreneuriales autour de l'informatique. Jeune journaliste à Actuel, il rencontre Roland Moreno, l'inventeur de la carte à puce. «Je l'ai croisé, j'ai voulu écrire sur les technologies», se souvient-il. En 1986, il fonde BSCA, société sur l'image numérique. Trop tôt, sans doute. 1991, autre aventure entrepreneuriale: «En dînant à trois, avec Bruno Chambella, nous avons eu l'idée de créer l'entreprise, sur un coup de tête», se souvient Christian Louboutin.

 

Fondée en 1994, Parrot a connu des débuts difficiles. Elle n'est rentable que depuis 2002. Mais Henri Seydoux est un inventeur solidement campé dans sa bulle: «Il met de l'enthousiasme au travail, de la passion. Il a toujours su garder une grande partie de son esprit libre», souligne Christian Louboutin. «Peu sont comme lui des visionnaires anachroniques, des penseurs rebelles», souligne son ami Philippe Starck. Mais aussi cartésien: «L'automobile, les kits mains libres ont toujours fait vivre sa boîte. Et il utilise les résultats d'exploitation d'un produit pour fabriquer le produit suivant», salue Fred Potter, fondateur et PDG de Netatmo.

Pour plancher sur ses prochaines inventions, l'entreprise est organisée par projets. «Pour chaque nouvelle idée, on crée une start-up dans la boîte. Une équipe de trois à six personnes travaille sur chaque projet de rupture», précise Henri Seydoux. Ici, «pas de hiérarchie monstrueuse», les équipes fonctionnent autour de chefs de projet. Plutôt que des réunions à n'en plus finir, il organise «des sortes de conférences de rédaction chaque lundi matin. Chacun s'exprime sur l'actu, le programme de la semaine».

 

Cette année, Henri Seydoux a embauché quatre-vingts ingénieurs, à l'issue d'un «hackathon» (concours de programmation informatique). Ses critères de recrutement? Avoir «des gens très compétents, dotés d'une culture californienne, avec un fort intérêt pour les technologies». Et d'ajouter dans un sourire: «Je délègue facilement... d'une main de fer.»

 

Son parcours en bref

1960. Naissance à Paris.

1979. Journaliste au magazine Actuel.

1986. Crée avec Pierre Buffin BSCA, qui réalise des images de synthèse 3D.

1991. Fonde Louboutin avec Christian Louboutin et Bruno Chambella.
1994. Fonde Parrot avec Jean-Pierre Talvard.

2006. Parrot est introduit en Bourse.
Juin 2010. Lancement de l'AR Drone.

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