Du digital à très grande vitesse! Accenture a recruté en juin dernier l'ancien directeur commercial et marketing de TGV (SNCF), Pascal Delorme, pour diriger sa nouvelle branche digitale. Avec une feuille de route claire: développer cette activité à toute vapeur. L'homme, qui a déjà travaillé chez Accenture dans le passe, manage aujourd'hui plusieurs centaines de personnes. «Une entreprise ne nous consulte pas pour créer une application ou une page fans, il s'agit de projets plus complexes, de nouveaux produits ou services», explique-t-il.
Géant mondial du conseil, Accenture compte 305 000 salariés, dont 9% consacrés aux métiers du numérique (5 000 consultants et 23 000 profils technos). «Dans les équipes digitales, la moyenne d'âge est de 28 ans, alors qu'elle est de 32 ans dans le groupe», précise Pascal Delorme.
Au siège parisien d'Accenture, à côté de la bibliothèque François-Mitterrand (XIIIe arrondissement), personne n'a de bureau attribué. Le travail nomade, lié aux nouvelles technologies, y est une habitude depuis lontemps.
«Cela fait plus de quinze ans que nos salariés disposent d'un caisson pour ranger leurs affaires et s'installent où ils veulent avec leur ordinateur portable, raconte Pascal Delorme. Ma réunion quotidienne à 16 heures avec mes équipes, est toujours par défaut “online”, et mon assistante télétravaille trois jours par semaine. Même si je sais qu'en tant que nouveau manager je dois passer par une première phase où je dois multiplier les rencontres avec mes collaborateurs: il est crucial d'établir physiquement la relation, de forger le sentiment d'appartenance à l'équipe.»
Allers-retours
Lorsqu'il recrute, le directeur exécutif (managing director) d'Accenture digital commence toujours par poser des questions non professionnelles en entretien: «Interroger un candidat sur ses loisirs, ses passions ou ses sports est une bonne façon de mesurer la nature de son engagement, de son implication. Cela donne des clés sur son potentiel.»
A ce nouveau poste, il entend ouvrir son département vers l'extérieur. «Il faut se doter d'une organisation poreuse, afin de rendre possible les allers-retours, détaille Pascal Delorme. D'ailleurs, je souhaite inventer un écosystème dans lequel des collaborateurs partent fonder leur start-up et reviennent.» A la SNCF, il avait cocréé TGV lab, un réseau de start-up qui disposaient de six mois et 200 000 euros de budget pour développer des innovations.
«Il sait très bien convaincre, vendre ses projets, entraîner ses équipes et les faire travailler autour du contenu et de la valeur ajoutée que cela va apporter au client», décrit Olivier Girard, directeur de l'activité «produit» d'Accenture. Et il va vite.
Ce que confirme Mireille Faugère, aujourd'hui conseillère maître à la Cour des comptes, après avoir été directrice générale de SNCF Voyages: «C'est un très bon chef de projet, très enthousiaste, qui avance à toute allure et en même temps comprend bien l'impact de la transformation pour les individus, leur métier. En revanche, il n'aime pas trop la dimension politique, moins strictement objective et business, des grandes entreprises.»
Pascal Delorme relit régulièrement l'ouvrage de Sydney Finkelstein Why Smart Executives Fail (Quand les grands patrons se plantent, éditions d'Organisation, pour la version française). «Une des raisons les plus courantes de ces échecs, dit-il, c'est une représentation de la réalité provoquée par le patron lui-même ou son environnement. Du coup, je fais très attention à ce que mes collaborateurs ne me disent pas ce que j'ai envie d'entendre.»
Son parcours en bref
1962. Naissance à Annonay (Ardèche).
1986. Diplômé de l'Ecole centrale de Lille.
1986. Consultant médias (Canal +, Amaury...), puis à partir de 1994 manager chez Andersen consulting, devenu Accenture.
2000. Associé en charge du secteur transport et tourisme chez Accenture France et Benelux. Participe à la création de Voyages SNCF.com, d'IDTGV et du programme de fidélité «Grands voyageurs» de la SNCF.
2007. Directeur commercial et marketing et systèmes d'information de TGV (SNCF).
2011. Travaille sur un «spin-off» d'un grand groupe américain et sa propre société de conseil en digital, Target One.
Juin 2014. Directeur exécutif d'Accenture digital France et Benelux.
