Formation
À côté du e-learning, qui ne cesse de gagner du terrain, la formation s'appuie de plus en plus sur des outils collaboratifs tandis que les échanges entre intervenants et étudiants se font plus ludiques.

Le digital ne vient pas seulement changer les maquettes pédagogiques ; les méthodes d'enseignement connaissent elles aussi un bouleversement sans précédent ces dernières années avec, en premier lieu, la montée du e-learning. Chez Sup de Pub, le cours de management est passé en ligne il y a trois ans, les étudiants mixant le visionnage de vidéos et des rencontres avec un coach, avant l'évaluation finale. Plus de 250 modules de cours et de tutoriaux sont déjà disponibles, auxquels s'ajoutent une quarantaine chaque année, produits par les équipes de Sup de Pub. En moyenne, un cours se compose de 8 à 12 modules, de 10 à 12 minutes chacun. « Le e-learning se met en place progressivement, d’abord pour les matières transversales et de culture générale », explique Philippe Cattelat, directeur de Sup de Pub.

Blended ou e-learning ?

Media Institute a, lui, déjà basculé la totalité de ses formations en blended learning, formation mixte qui mêle e-learning et présentiel. L'organisme de formation veut aussi lancer cette année des podcasts de 5 à 6 minutes, qui auront pour thème les grandes tendances du marketing et du digital (médias sociaux, référencement, publicité). « Ce sont des outils qui permettent de rester en veille après une formation », estime Céline Gaude, directrice du Media Institute.

L’Iscom n’échappe pas non plus à cette vague de l'e-learning avec la digitalisation de son cours de stratégie des marques, agrémenté d'un volet gaming. Le dispositif fait largement appel à des vidéos, du son, de l’image et des tests sur un mode ludique. « À la rentrée 2018, nous appliquerons le même process aux cours de budgétisation et de RH, explique Virginie Munch, directrice de l'Iscom. Dans ce nouveau dispositif, le professeur s’engage dans une relation plus interactive. Il devient coach et accompagnateur. »

Si l’engouement est réel, il n’est pas pour autant général. À l’IEJ [Institut Européen du Journalisme], quelques cours sont déjà proposés en e-learning mais ils n’ont pas encore franchi la phase du « test and learn ». « Je ne suis pas convaincue par l'e-learning total, indique Magali Bonavia, directrice de l'établissement. Je crois à la double pédagogie avec d'abord un dispositif e-learning suivi d'une période en atelier, avec un intervenant, pour être dans le pratique, avec des mises en situation. » Et Philippe Cattelat d'ajouter : « L'e-learning n’est pas forcément adapté à des matières qui évoluent très rapidement comme la data. »

Devoirs en vidéo 

Pour Loïc Plé, professeur associé en management à l’Iéseg et directeur adjoint responsable du Center for educational and technological innovation (CETI), « l'accompagnement des étudiants est nécessaire car l'utilisation des outils digitaux n'est pas si aisée ». D'où la préparation d'un cursus de culture numérique à l’Iéseg pour les aider à bien manier les outils mis à leur disposition, comme ceux qui servent à créer et déposer des devoirs en vidéo. « Nous les accompagnons aussi dans l’apprentissage du travail collaboratif avec des outils comme Office 365 ou Google Docs ». Un effort louable dont peuvent aussi bénéficier les enseignants.

L’animation et l’ergonomie des cours semblent suivre un chemin moins sinueux. La plateforme Klaxoon rallie de nombreux suffrages, en particulier pour les matières un peu techniques ou perçues comme telles. À l’Efap, le cours sur les indicateurs KPI a ainsi été revisité, explique Vincent Montet : « C’est une matière indispensable pour avoir une culture du tableau de bord même si c’est souvent perçu comme rébarbatif par les créatifs. Avec Klaxoon, le cours devient totalement participatif, ce qui facilite l’acquisition. » Cet outil a des vertus globales, ajoute Virginie Munch : « Nous avons introduit Klaxoon afin d’augmenter la participation des étudiants et stimuler leur créativité. Actuellement, 25 % d’entre eux l’utilisent. »

D’autres outils poursuivent des objectifs pédagogiques différents, comme les « laboratoires d’innovations pédagogiques » de l’Iscom. Ouverts en septembre 2017, ils sont consacrés à la data et représentent 10 % du volume de cours des étudiants dans l’année. « L’idée est de dépasser la problématique que leur soumettent les entreprises et d’amener à une prise de conscience sur les évolutions de fond qui sont en cours, explique Virginie Munch. Cette idée est une prolongation de la “recherche dirigée”, un exercice mené en quatrième année et qui est lui-même une variante du mémoire de fin d’études. »

Soutenir les efforts d’apprentissage peut se révéler plus nécessaire encore lorsque les apprenants suivent des Mooc. Chez Mediaschool, certains parcours impliquent d’en suivre deux, l’un de l'université de l'Illinois sur le marketing digital, l'autre de HEC sur le leadership. Un dispositif de mentoring mobilisant une consultante indépendante et l’outil collaboratif Slack ont été installés en parallèle pour soutenir les apprenants. Contre toute attente, la digitalisation a pour corollaire un besoin plus aigu d’échanges humains, même sporadiques. Le digital sera humain ou ne sera pas.

Le digital en mode « trip »

Le digital, c’est encore mieux en se rendant sur place. C'est dans cette logique que Comundi a lancé en 2017 le premier « digital learning trip ». Avec ce format immersif, les participants visitent pendant deux jours plusieurs entreprises (un incubateur, un média social...), guidés par un expert qui les aide à décrypter le fonctionnement des organisations et à repérer les meilleures pratiques. Cette année, une nouvelle déclinaison a été lancée, le « creative learning trip ». Si le principe est le même avec la visite d'accélérateurs et de laboratoires d'innovation, le but est légèrement différent, explique Servane Duigou, chargée du développement de l’activité chez Comundi : « L’ambition est d'apporter des exemples et des méthodes pour plus d'agilité au service de l'innovation, faire émerger des idées disruptives et doper la créativité des équipes. »

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