Dossier Formation
Tout en continuant à se doter des outils digitaux les plus en pointe, les écoles du secteur de la communication mettent résolument le cap sur l’enseignement à distance. Et font évoluer leurs enseignements pour se rapprocher de la demande des entreprises.

Comment mieux préparer les étudiants à leur entrée sur le marché du travail ? Tel est l'enjeu de tout établissement de formation et le secteur de la communication ne fait pas exception. C'est dans cette logique qu'Audencia Sciencescom a lancé une enquête auprès des professionnels et des étudiants, qui l’a amené à revoir sa maquette pédagogique. « Jusqu'à présent, nous avions trois spécialisations : communication des entreprises et des institutions, communication de marque et médias, explique Sylvie Chancelier, sa directrice. Au fil du temps, il devenait de plus en plus difficile de fixer la frontière entre les marques et les institutions d'un côté, et, de l'autre, entre les marques et les médias. C'est pourquoi nous avons redéfini les périmètres des majeures : la première portera sur la réputation et l'influence des organisations, la seconde sur l'expérience et l'engagement des publics, et la troisième sur les médias et la production de contenu. »

Nouveaux arcs narratifs

En cette rentrée, l’ECS Paris (groupe Mediaschool, propriétaire de Stratégies) a introduit de « nouveaux arcs narratifs ». « Nous implémentons dans le cursus de nos étudiants en première, deuxième et troisième année des projets de groupe, des ateliers créatifs et/ou de développement personnel à travers lesquels les étudiants vont découvrir et développer leurs aptitudes comportementales et humaines, détaille Delphine Fricotte-Volquin, sa codirectrice. Lorsque l'on renforce l'estime de soi, on réduit la peur de l'échec, et forcément, on induit une meilleure approche des changements. » Autre nouveauté : les « Innovation Days », un par semestre en quatrième et cinquième année, en partenariat avec Stratégies et CB News. « Il y aura une conférence en matinée et un workshop dans l'après-midi. Ces journées ont pour but de favoriser l'intelligence collective, de prendre du recul. Il s'agit aussi de repenser les problèmes et donc les solutions », ajoute-t-elle.

De son côté, le groupe EDH a élargi sa palette avec de nouveaux MBA Digital Marketing Business (DMB). Il s'agit d’abord d'un MBA à temps plein à Montpellier, qui, d'après Vincent Montet, directeur des MBA, dispose d’un « vrai écosystème digital historique bien que discret ». Est également créé un MBA à temps partiel dédié à la beauté et à la cosmétique, en collaboration avec la Cosmetic Valley et l'école d'esthétique IBCBS, et un MBA DMB Health, élaboré et construit avec l'influenceur PharmaGeek. « Ce parcours a été construit avec la réflexion de l'association RCS (Réseau Communication et Santé), qui réunit de nombreux dircom et directeur du marketing des grands acteurs du secteur », explique Delphine Cantat, directrice des relations avec les entreprises. Un autre MBA DMB va aussi être lancé dans le secteur de l’art et de la culture. « C'est un secteur sinistré qui aura besoin de compétences digitales pour se réinventer et continuer à exister », souligne Vincent Montet.

Pour entraîner les étudiants aux conditions de la vie professionnelle, l’Efap Factory va prendre une nouvelle dimension en permettant aux étudiants de s'investir durant une année sur un projet, qui prendra la forme d’une mini-agence, d'un audit ou d'un projet associatif. L’ECV Digital renforce de son côté la dimension « soft skills » en doublant la durée des ateliers qui leur est dédiés, à quatre jours. « Les étudiants pourront ainsi aborder des thèmes comme la gestion de conflit, la gestion du stress, une carrière à l'international, la gestion du télétravail ou l'organisation d'une équipe en télétravail », explique Alexia Moity, directrice de l’ECV Digital.

Coaching

À l’École supérieure de Publicité (ESP), le coaching individuel est à l’honneur avec en moyenne trois rendez-vous dans l’année, d’une durée d’une heure. « Elles s’ajoutent aux séances collectives et viennent compléter le suivi interne fait par le responsable pédagogique et le responsable de l’entreprise », indique Mélanie Viala, directrice générale de l’ESP. Quant à l’ECS Paris, l'école lance en troisième année un module sur la posture professionnelle d’une durée de 16 heures, qui aidera les étudiants à travailler leur « personal branding ».

À l’Institut de l’internet et du multimédia (IIM, pôle universitaire Léonard de Vinci), la pandémie du Covid-19 a fait apparaître une nouvelle frontière. Selon son directeur, Emmanuel Peter, « le télétravail va se développer massivement, de même que la collaboration à distance. Nous avons déjà des cours sur les méthodes agiles (Scrum) et les outils (Trello). Le défi à relever maintenant est d'adapter ces méthodologies au travail à distance. » Sans surprise, le mode distanciel se répand. L’IIM prévoit de réaliser la majorité des cours en mode hybride, avec la moitié des classes en cours et l’autre, à distance. Même démarche à l’ECV Digital qui prévoit de passer de 25 % à 30 % ses cours en distanciel.

L’Iscom a, elle, décidé de mettre l’accent sur l’univers professionnel dès la première année avec un nouvel enseignement destiné à assurer la maîtrise de tous les outils bureautiques actuels. « Dès le premier stage, les étudiants seront en mesure d’être efficaces et utiles », souligne Sylvie Gillibert, directrice de l’innovation et du développement de l’Iscom. En cinquième année, la « Synthèse d’Expérience Professionnelle » des alternants sera orientée vers des « solutions plus pragmatiques, notamment dans la recherche de partenariats innovants pour leur entreprise d’accueil », ajoute-t-elle.

Outils numériques

Dans les écoles comme ailleurs, l’adoption d’outils numériques continue de plus belle. Les étudiants de l’IIM utiliseront « systématiquement » Discord pour leurs grands projets ainsi que des outils de white-boarding [placement de fichiers sur une sorte de tableau blanc interactif]. « Nous anticipons qu’ils vont se répandre dans les entreprises et les étudiants doivent les connaître, explique Emmanuel Peter. Ce type d'outil a aussi un intérêt pédagogique puisqu'il assure une permanence des éléments recueillis qui peuvent être associés à un cours ou un projet. » L’Efap (groupe EDH) poursuit sa stratégie de certification professionnelle en concluant un accord avec PlayPlay, le logiciel de montage vidéo en ligne. Les étudiants bénéficieront d’une licence gratuite et d’une formation. Quant à l’Iscom, il inaugure un streaming interactif avec une salle « OmniLive », équipée de trois caméras. « Les étudiants à distance pourront choisir entre les différentes caméras, ce qui rendra l'expérience plus immersive et plus qualitative », explique Sylvie Gillibert.

Enfin, pour répondre aux attentes des étudiants et à la dimension croissante que prend la RSE, Audencia va augmenter les contenus pédagogiques liés à ce domaine et réfléchit à deux autres pistes : l’intégration d’un critère RSE dans ses grilles d’évaluation et un cycle de conférences, notamment sur « les conséquences écologiques des données et des clouds ». De son côté, l’ECV Digital fait passer une certification éco-conception à ses développeurs et UX designers, et réfléchit à intégrer un tel critère dans l’évaluation des livrables. Également en projet, le fait d'étendre le dispositif aux web designers et web marketers dont les applications peuvent être énergivores. « Le plus souvent, ils sont sensibles à ces questions mais ne réalisent pas que leurs choix ont un impact carbone, explique Alexia Moity. Nous devons trouver une traduction moins technique de la certification pour ces publics afin de les sensibiliser à ces questions. » Une préoccupation similaire se fait jour à l’ESD où un module « green tech » de 35 heures a fait son apparition en première et deuxième année du cursus d’UX designer. La révolution green est en marche.

La formation continue de plus en plus virtuelle

La formation continue poursuit sa mue, à l’instar du Cnam dont 30 % des 5 300 cours sont déjà en ligne et qui lance cette année un programme de création de TP virtuels. Selon Thierry Koscielniak, responsable de la direction nationale du numérique, les outils de réalité virtuelle seront « dans trois ou quatre ans des objets courants de la panoplie des objets numériques. » Reste que pour Rosa Luna-Palma, directrice générale d'IMM Paris (groupe Mediaschool, propriétaire de Stratégies), « tout ne peut pas s’enseigner à distance », tels « l’esprit critique, la créativité ou la capacité à poser les bonnes questions ». L’IMM Paris va donc renforcer les formats tels que la classe inversée, le sprint, le hackathon, l’art oratoire et les ateliers d’improvisation théâtrale en présentiel. « Plus l’innovation technologique s’intensifie, plus nous intégrons les soft skills dans nos programmes, précise Rosa Luna-Palma. Notre programme Médias & Tech leadership renforcera dès la rentrée l’apprentissage des compétences nécessaires au management de l’incertitude. » De son côté, Stratégies Formation continue de croire à l’événementiel, avec par exemple l'organisation le 24 novembre de la journée « Tendances Communication ». « Nous aurons droit à un portrait-robot du dircom et des défis qu'il devra relever demain », détaille Valérie Dumas, directrice de l’offre.

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