Dossier Formation
Comment basculer d’un coup une formation en distanciel pour des managers de terrain ? L’Oréal a tenté l’exercice avec un bilan positif.

C'est un exercice difficile auquel a dû se livrer L’Oréal peu de temps avant le premier confinement. Une formation dédiée à l’amélioration de la performance devait réunir, physiquement, 18 managers ou ingénieurs venant de Russie, d'Allemagne, de Pologne et de France. « Initialement, la formation devait se dérouler en trois sessions de trois jours sur trois sites différents, séparées par des intersessions d'un mois », explique Jérôme Sawicki, corporate performance manager chez L’Oréal.

Salles virtuelles

Avec la pandémie, tout a basculé en distanciel, avec l’appui de la société Cubik Partners, qui a conçu un système allant au-delà des échanges en visio classiques. « Nous avons créé des salles virtuelles dans lesquelles des sous-groupes de travail pouvaient se réunir après les classiques plénières, détaille Camille Durr, managing partner de ce cabinet de conseil en performance opérationnelle. Le formateur pouvait aller dans chaque salle et mieux accompagner tous les participants. » Les simulations prévues en présentiel ont ainsi été transposées en études de cas sur lesquelles les participants pouvaient interagir grâce à des outils collaboratifs en ligne. Sur l'ensemble de la formation, sept études de cas ont été analysées. « À chaque fois, les participants examinaient le contexte, les données, et les analysaient pour trouver des moyens d'améliorer les processus et la performance, précise Camille Durr. Nous avons multiplié les tours de table pour favoriser l'interaction. »
Le caractère inédit du dispositif a impliqué certaines obligations. Les participants ont par exemple dû utiliser leur caméra durant la formation afin d’éviter les perturbations (e-mails, notifications..). « En distanciel, l'attention est plus importante, souligne Camille Durr. En présentiel, les participants peuvent adopter une posture plus passive. »

Scepticisme

Ce nouveau mode de formation a d’abord suscité du scepticisme parmi les managers devant la suivre. L'impression s’est vite dissipée, nuance Jérôme Sawicki : « En distanciel, les candidats sont plus concentrés, dès lors qu'ils peuvent trouver un espace calme ou être à domicile. Notre méthode qui les sollicite régulièrement a aussi favorisé cette concentration. » Une autre évolution a porté sur les horaires : les sessions habituelles en présentiel, de 8h à 13h et de 14h à 18h, ont été réduites d’une demi-heure afin de réduire la fatigue visuelle en fin de journée.
Au final, Jérôme Sawicki estime que la contrainte du distanciel a bonifié le processus de formation : « Cela nous a permis de toucher un public plus varié et plus lointain. Nous avons même fait participer une personne basée en Amérique latine. C'est une vraie valeur ajoutée pour un groupe international et un vrai gain de temps puisque cela économise les déplacements tout en réduisant drastiquement le bilan carbone par rapport à une formation classique. »

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.