Tribune
A l'heure du retour en entreprise, les directions des ressources humaines doivent se mobiliser sur le sujet du bien-être psychologique des salariés, mis à mal par la crise sanitaire. Il en va de l'attractivité et de la pérennité des entreprises.

À l’heure où les Français profitent de leurs retrouvailles en terrasses et d’un sentiment de liberté retrouvée, les entreprises préparent quant à elles la sortie progressive du confinement, et le retour de leurs collaborateurs dans les bureaux, après une période psychologiquement éprouvante pour de nombreux salariés. Selon le baromètre d’Opinionway publié au mois de mai, quatre salariés sur dix déclarent souffrir de dépression et d’épuisement, et près de 74% disent ne pas vouloir retourner au travail comme avant la crise. Et pour cause, le confinement a accentué les risques psychosociaux : sentiment d’isolement de collaborateurs, crainte pour leur avenir professionnel, ou encore épuisement lié à l’enchaînement des visioconférences.

Dans ce contexte d’incertitude et de distanciation, les professionnels des ressources humaines ont observé ces derniers mois une plus grande sensibilité des salariés aux comportements dits toxiques, allant du manque de respect aux manifestations de harcèlement, en passant par les comportements sexistes ou discriminants. Souvent, ce glissement débute par des «micro-agressions», comme des mails directifs, des maladresses de langage, et dégénère progressivement en agissements plus violents, tels que des jugements de valeur, des insultes ou diverses formes de menaces.

L’actualité regorge d’exemples d’entreprises confrontées à des signalements de salariés concernant des situations managériales toxiques. Start-up, agences de communication, entreprises de jeux vidéo : aucun secteur ne semble épargné par les récriminations de salariés dont les réseaux sociaux se font souvent la caisse de résonance. Face à ces allégations de discrimination ou de harcèlement, et poussées par la jurisprudence récente, les entreprises concernées se voient contraintes de diligenter des enquêtes impartiales dans les meilleurs délais.

Chasse aux comportements toxiques

Dès lors, la chasse aux comportements dits toxiques ou irrespectueux devient urgente. Conscientes que la remobilisation des équipes passera par l’établissement d’un climat de travail bienveillant, les directions des ressources humaines (DRH) font de la santé et la sécurité psychologique de leurs collaborateurs une priorité absolue. C'est un défi de taille pour des entreprises soumises à des situations d’incertitude économique, induisant une part de stress chronique pour leurs équipes.

Sur ce terrain comme sur d’autres, les managers sont en première ligne, et se doivent de faire preuve d’un comportement exemplaire en toutes circonstances. Cela nécessite d’abord de s’adapter aux exigences nouvelles de leurs collaborateurs, notamment les plus jeunes, et d’accorder à leurs équipes l’écoute dont beaucoup n’ont pas toujours bénéficié au cours de leur vie professionnelle. Pour les aider à mener à bien cette mission, les entreprises doivent accompagner la formation de leurs managers de proximité et ainsi leur donner les clés pour garantir la sécurité psychologique de leurs équipes dans un monde du travail en pleine recomposition.

Dispositif de détection des situations sensibles

Cet effort de mobilisation du management doit aller de pair avec l’élaboration d’un dispositif robuste de détection des situations sensibles. Lignes d’écoute, présence d’acteurs RH sur le terrain, mobilisation des partenaires sociaux : tous les moyens doivent être mobilisés pour anticiper et prévenir les allégations de salariés et les traiter le plus tôt possible.

Aussi, il convient pour les entreprises de s’entourer d’un solide réseau d’experts. Avocats, psychologues du travail, médiateurs et coachs ont un rôle essentiel à jouer, à condition qu’ils travaillent judicieusement avec les responsables des ressources humaines et les partenaires sociaux. Enfin, en cas de fait avéré, des sanctions s’imposent, dès lors qu’elles reposent sur des règles clairement établies et connues de tous.

La crise sanitaire a véritablement bouleversé le rapport qu’entretiennent les salariés avec leur entreprise. Lieu de travail de prime abord, l’entreprise n’en demeure pas moins un terrain de rencontres et de sociabilité. Face aux comportements toxiques, l’entreprise est plus que jamais responsable du bien-être de ses collaborateurs. Sa capacité à garantir la santé et la sécurité psychologique de ses salariés sera sans aucun doute un facteur déterminant de son attractivité et de sa pérennité.

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