Tribune
Les salariés engagés ont les clés de l’entreprise du XXIe siècle. Le temps est venu de capitaliser sur leurs envies, leurs connaissances et de libérer ainsi leur énergie transformatrice.

Les nouvelles inquiétantes sur l’environnement se sont succédé tout au long de l’été. L’écoanxiété grandit. Ce flot d’informations incessant pousse de plus en plus de salariés au questionnement et à l’introspection. La crise sanitaire et son corollaire, l’adoption du télétravail à grande échelle, renforcent cette tendance.

Esseulés, les salariés s’interrogent sur leur rôle et leur fonction au sein de l'entreprise. Ils se questionnent sur leur raison d'être mais aussi sur celle de leur entreprise. Chez les cadres de 35-49 ans, la quête de sens est devenue aussi importante que la rémunération, selon le sondage OpinionWay de mars 2021, Radiographie des cadres en pleine crise du Covid.

Les salariés les plus engagés ont déjà commencé à faire la chasse au gaspillage chez eux : moins de produits manufacturés, moins de déchets, moins d’énergie. Ils ont entrepris de décarboner leur vie pour se rapprocher de l’objectif de la COP 21, ce qui implique de diviser en moyenne leurs émissions de gaz à effet de serre par un facteur 5 d’ici 2050. L’apparition d’éco-calculateurs en ligne pour particuliers - comme «Nos gestes climats» proposé par l’Ademe - facilitent désormais le suivi et le pilotage de sa trajectoire carbone individuelle.

Je travaille comme je vis

Les salariés qui ont commencé à adopter un mode de vie plus sobre et économe chez eux veulent faire de même au travail. Pas question pour eux de laisser leurs convictions environnementales aux portes de l’entreprise. Certains salariés sont même prêts à changer d’entreprise voir même à se reconvertir professionnellement s’ils perçoivent une dissonance entre leur mode de vie et leur travail. Selon un sondage LinkedIn-Ademe, 42 % des salariés souhaiteraient, sur le long terme, changer de métier ou se reconvertir pour exercer un emploi plus en lien avec l’écologie.

Que ce soit Pour un réveil écologique (collectif d’étudiants), Alumni for the Planet (réseau d’anciens de grandes écoles), Printemps écologique (syndicat écologique) ou depuis peu Les Collectifs, on assiste à l’émergence spontanée de groupes de salariés activistes désireux d’embarquer leur entreprise sur le chemin de la transition écologique. Ces salariés engagés sont une force pour l’entreprise.

Aux dirigeantes et dirigeants aujourd'hui de capitaliser sur l’expérience et l’envie des salariés engagés d’être acteurs de la transformation écologique de leur entreprise ; d'être à l’écoute de leurs besoins, de les encourager à s’exprimer, de recueillir leurs avis et suggestions. Il convient de désigner dans l’entreprise des interlocuteurs dédiés ; plus ceux-ci occuperont une place élevée (direction générale, Comex), plus les salariés se sentiront pris en considération. Mais gardez-vous de faire des promesses que vous ne pourrez tenir !

Infuser la RSE dans le quotidien des salariés

Les entreprises les plus à l’écoute de leurs salariés mettent à leur disposition un budget, du matériel, un lieu physique (local, salle de réunion) ou un espace numérique pour favoriser les initiatives spontanées et les échanges informels. Quelques illustrations : organisation d’une bourse d’échanges entre collègues (vide-dressing, jouets, livres, recettes de cuisine...), animation d’un atelier vélo, organisation d’une fresque du climat,  invitation à une marche «collecte de déchets» avec des associations locales...  Ce sont autant de façons de faire vivre et d’infuser la RSE dans le quotidien des salariés. Certaines entreprises autorisent même leurs collaborateurs à s’investir sur ces sujets pendant leur temps de travail.

La majorité de ces actions sont peu coûteuses à soutenir. Elles sont propices aux rencontres, au partage et la diffusion de pratiques écoresponsables. Elles renforcent la coopération et le lien entre salariés de différents métiers. Les salariés se rassemblent autour d’un objectif commun : développer et promouvoir l’utilité sociétale de l’entreprise. Il convient d'impliquer aussi le service de communication pour valoriser et mettre en avant celles et ceux qui portent ces initiatives.

L’entreprise est un tiers-lieu naturel pour la transition écologique. D'où l'importance de favoriser à tous les niveaux de l’entreprise l’accompagnement et le soutien d’actions portées par les salariés pour produire mais aussi consommer moins, mieux et autrement. L’intelligence et l’émulation collective sont indispensables pour repenser les méthodes de production, décarboner l'entreprise mais aussi challenger le modèle d’affaires. Il faut faire confiance aux salariés pour aider la direction à établir la feuille de route de la transition écologique de l'entreprise.

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