CHRONIQUE GOOD NEWS

[Chronique] Chaque mois, Philippe Pioli-Lesesvre, directeur de création chez The Good Company, livre son point de vue dans la nouvelle chronique Good news - Un monde en transition, c’est toujours une bonne nouvelle. Dans ce premier numéro, il s'intéresse aux jeunes actifs.

C’est la grève du zèle ! À la suite du «quiet quitting», «act your wage» est la nouvelle tendance TikTok d’une jeunesse qui arrive sur le marché du travail. L’idée est très simple : ils refusent de travailler au-delà de leur rémunération. Ce jeu de mot détourne l’expression «act your age». Et c’est aussi ça qui est ici exprimé. Leur âge tout simplement.

Être jeune, c’est questionner le modèle de ses parents. Alors pas d’heures supplémentaires ! Pas de dépassement de fonction ! La jeunesse récemment confinée refuse de sortir du cadre. On peut se dire que c’est très légitime… Ou s’inquiéter pour eux. Dans un univers concurrentiel, comment vont-ils progresser avec cette philosophie du juste-effort ?

Mais nous pouvons aussi creuser le sujet. Pourquoi ce manque de zèle ? Pourquoi cette récente obsession pour l’équilibre vie pro/vie perso ? Ils rejettent l’injustice et le travail aliénant. Et cette idée n’est pas sortie d’un réseau social, un Allemand barbu en avait déjà fait un thème capital au XIXe siècle. Ils veulent du sens, ils refusent que le travail soit la torture que l’étymologie latine promet. Au-delà d’une demande d’accorder sa charge de travail à son salaire, il en existe une autre tout aussi légitime : aimer son travail. Et la voilà la bonne nouvelle ! Si si ! C’en est une. Attendez, je m’explique… 

Viser l’épanouissement, le bien-être

Nous travaillons avec des humains. Oui, ces étranges machines au revêtement mou, câblées d’un réseau de veines et de nerfs à la cime duquel préside une boule sinueuse où naissent l’envie de rire, de voyager, de rêver. Mais aussi, des doutes, des fragilités, des angoisses, des dépressions. Or ce système complexe et délicat soutient les incroyables esprits qui produisent les idées qui font notre industrie (et bien d’autres). En prendre soin, c’est protéger notre capital le plus précieux. Il y a là une formidable marge de progression, chers amis !

Visez l’épanouissement, le bien-être. La meilleure déformation professionnelle est cette jolie grimace qu’on appelle aussi le sourire. S’ils aiment ce qu’ils font, vous aussi, vous aimerez ce qu’ils font. Si en revanche, ils regardent l’heure en attendant la sonnerie comme à l’école, c’est que quelque chose cloche. Les gens heureux au travail se posent moins de questions. Ils sont plus performants. Je sais, ce n’est pas une découverte, mais c’est aussi cela que nous rappellent ces phénomènes. 

À la fac, ma prof de théorie économique me reprochait de jouer au littérateur. Elle m’avait conseillé de choisir une filière plus créative et moins scientifique. Elle avait raison. Mais aujourd’hui, j’aimerais lui offrir un cadeau (avec cette candeur qui l’attendrissait autant qu’elle la désespérait). Madame, j’ai trouvé un nouveau débouché au capitalisme. Ce n’est pas un nouveau marché, mais il nous offre des perspectives de croissance fantastiques. En un mot, c’est le bonheur.

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