Dossier Formation

Après le choc du distanciel, les cursus de formation initiale se donnent les moyens de proposer des enseignements reproduisant toujours mieux les conditions réelles d’exercice des futurs professionnels tout en abordant les thèmes qui leur tiennent à cœur.

Mieux répondre aux attentes des entreprises et des étudiants. Cet objectif amène les acteurs de la formation à adapter régulièrement leurs cursus. C’est le cas de l’Iscom, qui continue de déployer son nouveau schéma d’études afin de permettre aux étudiants de s'orienter dès la 3e année vers l'une des cinq spécialisations proposées. « Le nouveau schéma des études augmente la visibilité de chaque spécialisation et prend mieux en compte l'émergence de nouveaux métiers », souligne Sylvie Gillibert, directrice en charge de l’innovation et du développement.

Au sein de chaque spécialisation, les étudiants peuvent désormais choisir une majeure et des électifs (de spécialisation et hors spécialisation, donc transverses). S’ils se trouvent dans la spécialisation « influence/réputation », ils auront le choix entre « stratégie événementielle », « marque employeur et expérience collaborateur », « communication publique et politique » ou « médias et marketing d'influence ». Avec cette évolution, le cursus relève plusieurs défis, estime Jimmy Mirande, directeur des programmes : « Ce nouveau schéma répond au besoin d'individualisation des cursus, et à la nécessaire interdisciplinarité au sein des métiers de la communication. »

Une démarche similaire a conduit l’Institut de l’internet et du multimédia (IIM) à enrichir son mastère stratégie e-business avec deux axes de spécialisation : le premier en growth hacking, le second en data analytics. Le mastère en communication digitale et stratégie social media aura de son côté deux spécialisations : advertising operations (pilotage des budgets et suivi des KPI) et digital content (capacité à réaliser des films et des podcasts pour les réseaux sociaux). « C'est une approche de sur-spécialisation qui se duplique aussi sur les autres axes, explique le directeur de l’IIM, Thierry Delécolle. Les étudiants des mastères en interactivité UX design vont pouvoir se spécialiser en design interactif ou UX/UI pour le web, et ceux du master coding vont pouvoir se spécialiser en IA, innovation et conduite du changement. »

Poser un regard critique

De son côté, le cursus SciencesCom d'Audencia s’est enrichi en 2021 d’un cours intitulé « Questionner la créativité ». Au-delà d'une initiation aux méthodes qui favorisent la créativité, cet enseignement a pour but d’aider les étudiants à poser un regard critique sur cette phase de leur travail afin de mieux en saisir les limites et les enjeux. Menée avec 70 étudiants, cette démarche a contribué à l’élaboration du projet de « Zone d'Active Learning ». Lancé en janvier, cet espace permet d'accueillir 25 étudiants, avec des tables et du mobilier mobiles, des écrans tactiles, la possibilité d'écrire sur les murs, de travailler en îlots, autant d’éléments censés favoriser les temps de créativité et les débats. « C'est un projet co-construit avec les enseignants et des chercheurs qui travaillent sur les neuro-sciences, explique Sylvie Chancelier, directrice d'Audencia SciencesCom. Les échanges permettent de mieux ancrer les connaissances. »

L’Efap a vu son MBA en marketing digital (Digital Marketing et Business) être reconnu par le RNCP [Répertoire national des certifications professionnelles] (niveau VII) avec le titre de « Manager du marketing et de la transformation digitale ». Une reconnaissance valable pour cinq ans dont Vincent Montet, directeur du MBA, analyse l’impact : « Nos diplômés peuvent donc accompagner la transformation digitale des organisations tout en ayant des spécialisations dans des univers (luxe, santé, beauté, art et culture, et Chine) qui renforcent leurs capacités opérationnelles. Cela démontre que notre démarche de programme combinant les compétences en marketing, en communication et en transformation digitale répondait à une attente du marché. C'est une étape qui va augmenter le taux d'insertion de nos diplômés. Par ailleurs, grâce à cette reconnaissance, nous allons pouvoir accueillir dans la formation des personnes qui auront validé des blocs de compétences à travers la VAE [validation des acquis de l'expérience]. »

Mini-agences

La multi-disciplinarité gagne aussi du terrain. Ainsi, sur le campus MediaSchool de Strasbourg (le groupe MediaSchool est propriétaire de Stratégies), des travaux impliquent désormais des intervenants de différentes disciplines, dans le cadre d’une promotion répartie en groupes qui forment autant de mini-agences. « Nous avons lancé dans ce cadre un projet les impliquant ensemble autour d'un objectif comme la vente du mont Sainte-Odile par exemple, explique Emmanuel Guingand, directeur du campus. Les étudiants sont challengés sur leurs cours et leur capacité à mettre leurs expertises au service du groupe. Ce suivi pluri-disciplinaire permet de montrer aux étudiants les liens entre toutes les dimensions d'une campagne de communication, de leur faire prendre conscience de toutes les interactions que cela implique et de faciliter les échanges. »

Sur son campus de Lyon, Sup de Pub (groupe Omnes Education) a quant à elle mis en place un « cross over » de disciplines à travers un module d'expérience de la marque, d'une durée de 15 heures, co-animé par deux experts de domaines différents qui travaillent ensemble dans la sphère professionnelle. « Cela permet à leurs étudiants de travailler ensemble et de voir les liens à établir entre le planning stratégique et le design des services », explique Anne-Françoise Stasser, directrice de Sup de Pub.

Sur le campus de Strasbourg de Mediaschool, ce souci d’apporter aux étudiants un enseignement toujours plus proche des futures conditions réelles d’exercice de leur activité a conduit à la création d’études de cas « flash » sur une journée. Les étudiants, qui ne sont pas prévenus de la date, commencent à 8h du matin une analyse et doivent rendre une « reco » à 18h. « Nous en organisons deux par an, détaille Emmanuel Guingand. Chaque étude de cas « flash » mobilise une trentaine d'étudiants, qui travaillent par groupes de trois ou quatre. Cet exercice les aguerrit à la pression et les fait travailler dans les conditions réelles d'appel d'offres. »

Chez Sup de Pub, c’est le « hors les murs » qui a été privilégié. Depuis 2021, les étudiants travaillent sur une étude sociologique et des méthodes d'observation dans les centres commerciaux ou les aéroports par exemple afin d’étudier le comportement des consommateurs. Une démarche qui doit les amener à engager une réflexion sur les comportements. « Les terrains d'apprentissage se déplacent et sortent de la classe », souligne Anne-Françoise Stasser. Autant d’avancées qui vont rapprocher toujours davantage les étudiants de leur futures fonctions.

Ouvrir de nouveaux horizons

Certains secteurs émergents ne sont pas encore des débouchés majeurs en termes d’emploi mais ils pourraient bien le devenir. C’est à partir de ce constat que l’IIM a lancé en septembre 2021 des parcours de quatre semaines à plein temps pour que les étudiants des différents mastères (communication digitale, création, coding...) puissent découvrir l'économie de l'e-sport, ses principes de monétisation, la démarche pour monter un événement et en connaître les acteurs. « Ils pourront ainsi plus facilement devenir community managers ou organiser des événements dans ce domaine en s'appuyant sur les compétences acquises au fil de leur parcours », explique Thierry Delécolle, directeur de cette structure. Dans la même optique, un parcours similaire dédié à l’univers du mobile sera lancé en septembre prochain. Avec l'augmentation de la bande passante qu'apporte la 5G, de nouvelles applications plus complexes seront disponibles. Là encore, ce parcours permettra aux étudiants de découvrir l'économie du secteur, ses technologies et ses acteurs. Il s’agit d’ouvrir de nouveaux horizons, selon Thierry Delécolle : « Les étudiants de communication digitale pourront ainsi envisager de s'engager dans ce secteur ; ceux qui sont dans le coding pourront développer des applications mobiles et ceux des masters dédiés aux jeux vidéo pourront envisager de développer des jeux dédiés à cet univers. »

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.