Tribune

Les entreprises ne jouent pas toujours leur rôle dans l'encadrement et l’accompagnement des alternants. C'est pourtant un enjeu de responsabilité pour nos organisations.

Le nombre d’alternants et d’alternantes n’a jamais été aussi élevé en France. En 2021, ce sont 718 000 jeunes, en majorité âgés de 16 à 25 ans, qui ont eu la chance de pouvoir compléter leur formation par une immersion dans l’entreprise. Dans les métiers de la communication, du journalisme et du design graphique, l’apprentissage a suivi cette même tendance et s’est fortement développé au sein des agences et des directions de la communication avec, en 2021, 37 756 alternants rattachés aux professions dites de l’information et de la communication.

Pour les apprentis, c’est une formule gagnant-gagnant qui leur permet de mettre les deux pieds dans la vie active, de bénéficier d’une véritable professionnalisation et, donc, de monter en compétences plus rapidement. Une formule qui favorise aussi leur accès à l’emploi : une étude du Cereq datée d’avril 2021 estimait à une chance sur deux l’embauche en CDI par l’entreprise connue en formation pour les étudiants de niveaux Bac pro et Bac+2/+3 professionnel, contre environ une chance sur quatre pour ceux issus de formations continues classiques.

Pour les centres de formation, l’apprenant grandit plus vite. Et du côté des entreprises, l’alternant constitue une ressource complémentaire à une équipe déjà installée, une ressource apte à apporter un regard neuf, celui de sa génération, avec ses usages, ses nouvelles façons de s’informer et de communiquer. In fine, sur le papier, l’alternance est une opportunité pour les trois parties : l’école qui le forme, l’entreprise qui l’accueille et surtout le jeune qui se professionnalise plus rapidement.

Un enjeu de responsabilité

Dans ce triptyque, l’entreprise a un rôle capital à jouer. Mais elle ne le joue pas toujours. A l’IICP, école de communication-journalisme et création à Paris, sur 450 jeunes professionnels en apprentissage, ce sont près de 50 jeunes qui vont «subir» leur alternance, bien souvent car l’entreprise perd de vue que l’apprenti est d’abord en formation.

C’est un enjeu de responsabilité pour nos organisations : ce n’est qu’en considérant les besoins d’encadrement et d’accompagnement de ses alternants que l’entreprise remplit pleinement sa mission. Car un apprenti n’est ni un chef de projet senior, ni un directeur artistique confirmé, ni un chargé de communication aguerri, ni un journaliste à 100%. Ces jeunes sont en devenir et leur opérationnalité est précisément l’aboutissement de leur alternance.

Dans de trop nombreux cas, force est de constater que l’entreprise ne répond pas à son cahier des charges. Cette défaillance n’est pas sans conséquences car elle met en difficulté, en souffrance parfois, une partie de ces jeunes que l’on devrait, au contraire, préserver, surtout après deux années déjà fortement chahutées au cours desquelles la jeunesse a payé un lourd tribut sur l’autel du covid.

Bonnes pratiques

Pour lutter contre ça, chaque organisation devrait donc mettre en oeuvre dans le cadre de l’alternance un certain nombre de bonnes pratiques. D'abord, sur site ou à distance, il faut soigner l’accueil et l’intégration des apprentis, passer du temps avec eux, les écouter, accepter qu’ils mettent davantage de temps à effectuer les missions confiées qu’un employé confirmé. Accompagnez-les dans les remarques que vous leur adressez, afin qu’elles soient justement reçues et comprises, mettez en place des rendez-vous réguliers pour suivre leurs difficultés, mais aussi leur progression.

Il ne faut pas oublier non plus les formations tutorales, financées par les OPCO (opérateurs de compétence) et qui aident les maîtres d’apprentissage et les tuteurs à s’approprier les techniques et méthodes d’encadrement, de formation, de suivi et d’évaluation des salariés en formation alternée, avec des résultats probants à la clé. Ces bonnes pratiques visent à générer la confiance, l’implication et le développement des potentiels. Constatez aussi à quel point vous avez à apprendre d’eux en retour.

Alors enfin, le modèle vertueux de l’apprentissage se révélera complètement au bénéfice des apprentis et de leurs entreprises d’accueil et favorisera l’attractivité des métiers de la communication, du journalisme et du design graphique. Au-delà de nos métiers, c’est à la société dans son ensemble que tout cela bénéficiera. Car un jeune qui trouve sa place dans l’entreprise est un jeune qui pourra pleinement s’épanouir demain, avec sérénité et confiance, dans ses différents environnements personnels et professionnels.

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