Dossier fédération
L’Union française des métiers de l’événement (Unimev) fédère les métiers liés aux congrès, salons, foires et rencontres professionnelles. Tour d’horizon de l’actualité du secteur avec Matthieu Rosy, son directeur général.

Pourquoi avoir adopté un nouveau nom, Unimev, et une nouvelle identité il y a un an ?

Matthieu Rosy. Notre fédération représente 85 à 90 % du marché de l’événement en France. Il était impératif de mettre davantage en valeur la richesse de notre filière. L’évolution de notre nom se traduit aussi par une approche élargie. Ainsi, le champ événementiel sportif, qui n’est pas rassemblé, a-t-il commencé à se rapprocher de nous. Quelques grands événements et fédérations nous ont déjà rejoints, comme la Fédération du sport en entreprise (FFSE) ou Maori, entreprise de sécurité spécialisée, notamment, dans les événements sportifs.


Comment se porte le marché des foires et salons ?

M.R. Les salons de consommation ont marqué le pas l’an dernier, confrontés à la baisse du pouvoir d’achat des Français. En revanche, les événements professionnels se portent bien : 2013 aura été un excellent cru en termes de visiteurs, notamment étrangers. Dans le petit groupe des salons de filières ouverts au public, tels que le Salon du Bourget, la fréquentation a également progressé. Pour les foires généralistes, les résultats sont positifs sur le plan des visiteurs mais plus contrastés côté exposants, la crise ayant fragilisé nombre de PME-TPE.


Et le marché des congrès et des réunions professionnelles ?

M.R. Le nombre de congrès organisés dans l’Hexagone a progressé de 10 % entre 2012 et 2013, grâce notamment à l’Île-de-France qui a accueilli 58 manifestations supplémentaires ; avec 204 manifestations, Paris a d’ailleurs retrouvé la tête du classement ICCA des congrès internationaux. À noter aussi que son statut de capitale européenne de la culture a dynamisé Marseille, qui s’est propulsée de la 142e à la 74e place du palmarès. Globalement, le nombre de participants est resté stable, sauf pour les congrès internationaux, où il s’est contracté.


Les congrès médicaux sont-ils toujours les plus nombreux ?

M.R. Oui, ils représentent 43,5 % du total des congrès, mais leur nombre a diminué pour la première fois depuis quatre ans et la participation a baissé d’environ 10 %. Des chiffres qui sont peut-être à mettre en rapport avec la taxe imposée fin 2012 aux entreprises du secteur au titre de leurs dépenses de promotion liées aux congrès.


Doit-on faire preuve d’optimisme pour 2014 ?

M.R. L’Association des agences de communication événementielle (Anaé), membre d’Unimev, se dit plus optimiste qu’il y a un an ou deux. Sa dernière étude signale des dépenses en progression pour les événements d’entreprise. Mais l’activité de la filière reste étroitement liée à la situation économique. Nous manquons de visibilité mais nous espérons une réelle embellie pour les foires et les salons. Il faut souligner que les années paires sont fastes, grâce à des poids lourds comme le Mondial de l’Automobile et le SIAL qui boostent les chiffres de fréquentation.


Les acteurs français rivalisent de projets, à commencer par Viparis. Où en sont les équipements ?

M.R. Une vraie dynamique est à l’œuvre sur l’ensemble du territoire. Elle est nécessaire : le marché des expositions a progressé de 7 % en Europe au cours des cinq dernières années mais cette moyenne traduit des différences importantes, avec une Espagne et une Grande-Bretagne à +13 % et une France à +3 % seulement. À Paris, Viparis a annoncé, fin 2013, un vaste programme d’investissements sur le site de la Porte de Versailles qui sera entièrement reconfiguré. À Roissy, le chantier de l’International Trade Center (ITC) débutera en septembre pour une ouverture prévue fin 2017. Il faut aussi compter avec un projet de centre de conventions et d’expositions à Marne-la-Vallée, près d’Eurodisney. Les régions ne sont pas en reste : reconstruction du parc des expositions à Toulouse, rénovation du palais des congrès et du parc des expositions à Strasbourg, pour travailler davantage le marché allemand. Des villes moyennes se dotent également d’infrastructures, à l’instar de Valenciennes, Quimper ou Agen.


La France propose-t-elle aujourd’hui de nouveaux rendez-vous innovants ?

M.R. Début octobre, la première édition du World Nuclear Exhibition (WNE) se tiendra au Bourget. Cet événement est appelé à devenir un rendez-vous récurrent pour les professionnels de la filière nucléaire. Et la Porte de Versailles accueillera fin octobre un nouveau salon dédié au high-tech : « #Connect-it ».


Autre projet inédit, l’étude « Flux d’affaires »…

M.R. Lancée à l’automne 2013, elle a pour objectif de mesurer le volume des transactions réalisé sur les foires et les salons et de calculer le retour sur investissement des exposants. Je tiens à préciser que c’est la première fois qu’une telle enquête est initiée dans le monde. Ses conclusions seront présentées en janvier 2015.


Pour la première fois, l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris a inclus les statistiques hôtelières du Grand Paris dans son bilan annuel. Qu’en pensez-vous ?

M.R. Cette manière de compter est beaucoup plus pertinente car pour un touriste, d’affaires ou de loisir, Paris ne s’arrête pas au périphérique ! Londres, l’une des rares villes mondiales à jouer dans la même cour que Paris, procède ainsi depuis déjà longtemps. Paris ne pouvait pas se permettre de perdre la bataille de la communication.


Les salons français sont désormais intégrés aux programmes d’Ubifrance, l’Agence française pour le développement international des entreprises. Est-ce une victoire ?

M.R. Oui, car les salons professionnels internationaux, en France, sont un tremplin à l’export pour nos PME. Un tremplin relativement peu onéreux de surcroît. Or jusqu’à cette année, ils n’étaient pas intégrés dans les programmes d’action d’Ubifrance qui reposent essentiellement sur des dispositifs de promotion de manifestations organisées hors de France. Nous avons enfin été entendus et nous sommes référencés. Nous souhaitons maintenant que l’A3P, l’assurance prospection premiers pas de la Coface, qui garantit les actions de prospection, prenne davantage en compte les salons.  


En juin, lors de la clôture des Assises du tourisme, Laurent Fabius a annoncé une série de mesures pour le secteur…

M.R. Certaines des mesures annoncées visent à améliorer la fluidité du parcours des visiteurs. Elles répondent à des attentes formulées par l’Unimev. Parmi elles, la facilitation de la circulation des voyageurs dans les aéroports franciliens et à la gare du Nord, où des travaux sont prévus ; davantage de RER B directs entre l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle (CDG) et Paris ; une voie réservée aux bus et taxis sur l’A1 ; des échéances précises pour la réalisation du CDG Express, soit une liaison ferroviaire entre la gare de l’Est à Paris et l’aéroport. Ou encore la délivrance de visas de court séjour en 48 heures. Mise en place début 2014 avec la Chine, elle est élargie à plusieurs pays du Golfe, à l’Afrique du Sud et à l’Inde, des marchés stratégiques pour nos métiers. Le ministre est entré dans un niveau de détails inédit à ce niveau. C’est un signal fort. Les Assises du tourisme ont ainsi témoigné de l’intérêt croissant des pouvoirs publics à l’égard des problématiques des entreprises du secteur, notamment celles de la filière de l’événement. Nous formons désormais le vœu que cet élan se poursuive jusqu’à la mise en œuvre d’autres mesures importantes et espérons que le Conseil de la promotion touristique, récemment créé, soit stratégique, opérationnel et concentré sur les sujets-clefs.


Quelles sont les autres mesures attendues ?

M.R. Nous espérons des réponses sur l’harmonisation fiscale, pour éliminer la distorsion de concurrence avec les autres pays européens qui nous pénalise. Nous souhaitons aussi qu’un City Pass, accessible sur mobile, soit disponible dès 2015 et qu’un délégué aux grands événements, avec des compétences interministérielles, soit nommé. Enfin, nous avons été heureux d’apprendre que le CDG Express était relancé mais, pour le moment, il ne prévoit pas d’arrêt à Villepinte, ce qui est une aberration. Nous avons bon espoir car les Assises ont fixé un cap clair. D’autres trains de mesures devraient être annoncés à l’automne.

 

Comment vous impliquez-vous dans le projet de candidature de la France à l’organisation de l’Exposition universelle de 2025 ?

M.R. Nous sommes la première fédération professionnelle à avoir signé un partenariat avec l’association ExpoFrance 2025 qui prépare cette candidature. Unimev a également un projet de voyage d’études commun sur l’Expo Milano 2015 pour bien cerner ce que représente pareille candidature.

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