CAS Le design est un atout qui peut se révéler décisif dans le développement d'une marque ou d'une entreprise. La preuve en six exemples.

Accor

Une conversion impérative

Chez Accor, la révolution design est en marche depuis 2010. L’arrivée d’un nouveau management à la tête du premier groupe hôtelier européen n’y était pas étranger. «Avec Denis Hennequin [alors nouveau PDG, parti en avril 2013], nous avions la conviction qu’une proposition hôtelière fondée sur la fonctionnalité et l’efficacité ne suffisait plus, explique Grégoire Champetier, directeur général marketing du groupe, dont dépend le design. L’émotion, le confort et le bien-être que procure le design sont déterminants dans la compétitivité des hôtels.» Depuis, chaque marque du groupe (Ibis, Mercure, Novotel, Pullman, Sofitel, etc.) bénéficie en interne de l’appui d’une dizaine de designers. Chapeautés par des design managers, ils planchent notamment sur la refonte des parties communes et lobby (accueil) des hôtels. Chez Ibis, par exemple, plus de 300 hôtels ont ainsi rénové leur espace d’accueil depuis 2012. Accor n’hésite pas non plus à faire appel à des grandes signatures extérieures. Comme pour Sofitel, où des architectes et stylistes de renom (Jean Nouvel, Sybille de Margerie, Christian Lacroix, Kenzo Takada…) donnent à chaque hôtel une personnalité propre.

 

Lima

Le high-tech ne peut s'en passer

«Sans design, Lima n’existerait pas.» Severin Marcombes, cofondateur et CEO de cette PME française conceptrice d'un boîtier permettant de rassembler le contenu de tous les appareils électroniques, est catégorique: «Ce qui fait vendre une technologie, c’est son design.» De fait, le boîtier Lima est né du design: «thinking» pour définir sa conception, produit pour donner son identité à un objet technologique alliant efficacité et discrétion. Dans cette start-up, 40% des collaborateurs se consacrent au design et à l’expérience utilisateur. Un pari réussi. Présenté en juillet 2013 sur le site de financement participatif Kick Starter, Lima a été le premier projet français à dépasser le million de dollars récolté, en seulement… 12 heures. Depuis, le boîtier Lima n’en finit pas de séduire. Au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, en janvier dernier, la PME française a raflé deux prix prestigieux, dans les catégories «Logiciel et application mobile» et «Accessoires d'ordinateur». Merci le design! 

 

Gaumont-Pathé

Des grands noms pour émerveiller

Faire faire plutôt que faire. Gaumont-Pathé a choisi d’externaliser le design en ayant recours à de grands noms. Ainsi, pour Gaumont, le couturier Christian Lacroix signe la décoration et l’architecture intérieure de plusieurs cinémas, et l'architecte-designer Jean-Michel Wilmotte réalise leur architecture extérieure. Même démarche chez Pathé où, depuis 2012, le designer français Ora-ïto revoit entièrement le style de quinze multiplexes (une demi-douzaine ont été réalisés). «Monter une agence d’architecture en notre sein était trop compliqué, juge Beatriz Berian, directrice construction et aménagement du groupe Gaumont-Pathé. Faire appel à des designers réputés, ce n’est pas qu’un axe de communication, c’est sur la qualité de leurs projets qu’on les choisit.» Objectif: que chaque cinéma soit une invitation au voyage, à l'évasion et à l'émerveillement. Pari réussi au vu des premières réalisations à Beaugrenelle (Parix XVe) et à Plan de campagne, près de Marseille. Dans une architecture futuriste épurée, les parcours et services ont été totalement revus. Plus de files d’attente, des affiches devenues des écrans numériques animés, des espaces bars, des lounges… Le parcours du hall d’accueil au siège ressemblerait presque à un travelling. Selon le groupe, «la satisfaction des spectateurs n’a jamais été meilleure».

 

Elodys 

Le coup de baguette magique

  «Quand j’ai eu mon idée de point de cuisson de baguette fraîche, j’ai tout de suite compris que le design serait la clé de la réussite.» Jean-Pierre Ferrante, cofondateur de la PME lorraine Elodys, appelle alors un de ses amis d’enfance mosellan, le designer Ludovic Thiébert. Après deux ans d’esquisses et d’essais, les deux hommes finalisent le projet: baptisé Le Compagnon du boulanger, le kiosque à baguettes permet d’obtenir en 5 secondes une baguette artisanale chaude 24 heures sur 24. «Au-delà du défi technique, tout l’enjeu était de rendre attractif un terminal de plus d’une tonne auprès des consommateurs et de l’inscrire harmonieusement dans son environnement urbain», idique Jean-Pierre Ferrante. Chaque four-distributeur automatique peut être ainsi «personnalisé» en fonction de son emplacement. Quarante machines ont été déployées en France, et 200 sont prévues cette année. Hors de France, après des installations en Belgique, Allemagne, Suisse et Italie, la PME va s’attaquer aux marchés américain et asiatique.  

 

JC Decaux

Imaginer la ville, aujourd'hui et demain

Le succès de JC Decaux sur le marché de la communication extérieure s’est toujours appuyé sur une politique ambitieuse en matière de design. «C'est ce qui nous donne notre capacité à innover, explique Sylvain Larray, directeur des arts graphiques. C’est aussi une prise de conscience globale de l’entreprise, qui fait intervenir nombre d'activités connexes: ergonomes, coloristes, développement durable, recherche et développement, maintenance, etc.» La direction des arts graphiques, qui regroupe une cinquantaine de designers et assimilés, travaille à imaginer la ville de demain pour rendre l'environnement des infrastructures d’affichage et de transport (aéroports, métros, abri de bus…) plus harmonieux pour les usagers et offrant plus de services. Objectif: allier à la qualité l’esthétique, la robustesse et la performance environnementale. Pour y parvenir, le groupe peut s’attacher les services d’architectes et designers de renommée internationale. Depuis 1990, 180 professionnels ont travaillé avec le groupe, dont Philippe Starck, Mario Bellini, Patrick Jouin et Marc Aurel, avec lequel JC Decaux a remporté l’appel d’offres de Paris pour un nouvel abri pour voyageurs.

 

Décathlon

Une attitude créative collective

Quand on évoque le design en France, la réussite de Décathlon est rarement oubliée. L’enseigne de distribution d’articles de sport compte l’un des plus gros cheptels de designers intégrés des entreprises françaises: 170 designers y travaillent, de 2 à 30 par marques. «Nous observons les utilisateurs sur le terrain, dans les magasins et sur le web afin de définir des “insights” débouchant sur de nouveaux projets, décrit Arnauld Blanck, le directeur du design. Les prototypes permettent de mesurer l’intérêt en utilisation et les dessins-maquettes de prévisualiser le produit dans son aspect final, et donc de mesurer sa désirabilité.» Une démarche de validation et d’amélioration continue qui se poursuit jusqu’à la validation industrielle du produit. «Cette approche créative tournée vers l’utilisateur, tout le monde la partage en interne, les chefs de produits, les ingénieurs, ajoute-t-il. C’est ce “design thinking” qui nous permet de créer des produits iconiques et innovants.» Et ça marche. Au-delà des bons bilans financiers et d’une présence dans trente-trois pays, l’enseigne est régulièrement en tête des marques favorites des Français.

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