La situation des principaux groupes de presse français s’est améliorée en 2014, conséquence de l’essor des revenus digitaux et de la mise en place de mesures d’économies. DELPHINE SOULAS-GESSON @DelphineSoulas

Sipa-Ouest France

 Le groupe Sipa-Ouest France termine 2014 avec un chiffre d’affaires de 986 millions d’euros, en baisse de 8,7% en un an, conséquence notamment de la vente à Axel Springer des sites La Centrale et Caradisiac. A périmètre comparable, le chiffre d’affaires est stable. Le résultat d’exploitation, quant à lui, est légèrement déficitaire, comme en 2013. A lui seul, le quotidien Ouest France a généré un chiffre d’affaires de 336 millions d’euros, en progression de 2,7%. Après deux années de pertes, le titre a renoué avec un résultat courant avant impôt bénéficiaire, à 9,4 millions d’euros. Malgré des recettes publicitaires en baisse (–30% pour les petites annonces papier, –4,5% pour la publicité commerciale), Ouest France est parvenu à dégager des bénéfices grâce à une augmentation de 10 centimes de son prix de vente, passant ainsi à 0,95 euro, et à la mise en place d’un plan d’économies de 5 millions d’euros en 2014. Pour 2015, le journal veut développer la commercialisation de son édition du soir et inaugurer une édition générale au format numérique. «Le futur de Ouest France se construit autour de cette offre durable associant le papier et le numérique», estime Louis Echelard, directeur général du groupe.

 

Amaury

Après plusieurs années difficiles, le groupe Amaury (qui inclut ASO, la structure organisatrice d'événements sportifs) commence à redresser la tête avec un chiffre d’affaires 2014 en «légère croissance» comparé aux 670 millions d’euros réalisés en 2013 et un résultat en «très forte amélioration», indique Philippe Carli, son directeur général. Malgré des diffusions une nouvelle fois en recul (–8% pour Le Parisien-Aujourd’hui en France, –9,7% pour L’Equipe), Le Parisien a quasiment renoué avec l’équilibre tandis que L’Equipe a fortement réduit ses pertes et prévoit de retrouver le chemin de la profitabilité cette année. Le groupe récolte les fruits d’un important plan de réduction des coûts mené en 2012 et 2013, le processus de transformation ayant permis d’économiser 60 millions d’euros de coûts fixes par an. Du côté des rédactions, L’Equipe a mis en place une organisation «omnimédia» en 2014 tandis que Le Parisien a déployé une stratégie «web first» pour le traitement de l’actualité locale. Le groupe a commencé 2015 par l’arrivée de Cyril Linette à la tête de L’Equipe et la nomination de Stéphane Albouy à la direction de la rédaction du Parisien. Parmi les priorités des deux quotidiens, l’accélération dans le numérique payant, une stratégie commencée avec le lancement de l'application Le Parisien ma ville et sur laquelle L’Equipe compte pour stabiliser sa diffusion. Le groupe fait également de l’innovation une priorité avec le lancement de son incubateur Amaury Lab et la création d’une cellule de recherche et développement.

 

Le Figaro

Le groupe Figaro a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros, en recul de 1,9%. Le résultat d'exploitation s’est élevé à plus de 20 millions (22 millions en 2013), pour un résultat net positif. Le digital et les services représentent désormais près de 30% du chiffre d’affaires et déjà la moitié des profits. A lui seul, le site Lefigaro.fr a dégagé un chiffre d’affaires de 29 millions d’euros l’an dernier tandis que le quotidien seul perd près de 10 millions. L’année 2014 a été notamment marquée par les nouvelles formules de TV magazine et du Figaro magazine, par le lancement sur le digital du Figaro Vox, du Scan et d’un nouveau site pour Madame Figaro, et enfin par l’accélération du groupe sur la vidéo et la data. Deux chantiers qui resteront prioritaires en 2015, avec le développement des abonnements numériques. C’est dans cette optique que Le Figaro vient de lancer son nouveau site premium. Objectif: atteindre 50 000 abonnés numériques d’ici fin 2016, contre 25 000 fin 2014. Egalement en projet, la refonte du cahier saumon avant l’été. Candidat à une fréquence TNT en Île-de-France aux côtés du groupe Secom, Le Figaro réfléchit aussi à lancer un format linéaire vidéo sur le web, en streaming et peut-être en IP TV. «Nous voulons continuer à développer notre offre sur la vidéo, donc tout ce qui peut enrichir notre expérience dans l’audiovisuel nous intéresse», assure Marc Feuillée, directeur général du groupe.

 

Prisma Média

Après une année 2013 en recul, le groupe a stabilisé ses revenus en 2014 avec un chiffre d’affaires net (post-versement des commissions de distribution) de 370 millions d’euros (460 millions commissions incluses). Dans le détail, les recettes de diffusion ont reculé de 2%, les revenus publicitaires print de 8%, tandis que le chiffre d’affaires digital a bondi de 70%. Celui-ci représente désormais 15% du chiffre d’affaires du groupe, une part qui devrait monter à 20% en 2015. Prisma affiche en revanche un résultat net en repli de 15%, à 16 millions d’euros, en raison d’investissements importants dans de nouveaux produits digitaux, comme le service de coaching Régime & Plaisir, lancé début 2015. L’an dernier, le groupe a pris une participation majoritaire dans la régie vidéo Ad Videum et vient d’annoncer le rachat de la société de développement technologique mobile Recatch. En diffusion comme en audience, Prisma est devenu en 2014 le premier éditeur de magazines en France, devant Lagardère. Après les lancements de Flow et As you like début 2015, le groupe prépare des nouvelles formules pour Capital et Femme actuelle, et pourrait lancer un nouveau concept d’ici la fin de l’année. Egalement dans ses cartons, un projet qui a pour nom de code «média du futur» et dont le lancement est prévu en 2016. «Nous avons l’ambition de créer un nouveau genre de média, un “smart media”, qui marierait journalisme et technologie», explique Rolf Heinz, PDG du groupe.

 

Mondadori France

Le groupe Mondadori a réalisé l'an dernier en France un chiffre d'affaires de 340,9 millions d'euros, soit un repli de 3,7% comparé à 2013. A périmètre constant, hors donc la vente du Film français fin 2013, le recul du chiffre d'affaires se limite à 2,8%. Dans le détail, les revenus générés par la vente des magazines (kiosques et abonnements), qui représentent 70% du chiffre d'affaires total, ont baissé de 1,7%, les recettes publicitaires de 9,1% tandis que les revenus digitaux, qui représentent plus de 10% des revenus publicitaires, ont bondi de 38%. Le groupe tire profit de l’internalisation de sa régie publicitaire digitale. Dans le même temps, Mondadori France a amélioré sa rentabilité, avec un Ebitda de 35 millions d'euros, en hausse de plus de 30% en un an. En 2013, le résultat du groupe (26,7 millions) était en baisse du fait d'importants coûts de restructuration (8 millions). Quid des chantiers pour 2015? «Nous allons poursuivre la qualité et l’efficacité de notre travail éditorial, continuer à développer les activités digitales et de diversification, lancer des nouveaux chantiers d’organisation qui nous permettront d’affronter les défis qui nous attendent pour les années à venir», explique Carmine Perna, directeur général de Mondadori France.

 

Marie Claire

Pour le groupe Marie Claire (GMC), l'année 2014 a été synonyme de stabilité, avec un chiffre d’affaires qui avoisinerait 240 millions d’euros, selon les estimations (le groupe ne communique pas ses chiffres). GMC a été porté par le succès de l’hebdomadaire gratuit Stylist, dont les quelque 800 pages de publicité récoltées dans l’année ont permis de finir celle-ci sur un chiffre d’affaires publicitaire net en progression de 4%, contre une baisse de 4% hors Stylist. 2014 a également été marquée par le 60e anniversaire du mensuel Marie Claire et par la mise en place d’une stratégie de «premiumisation de nos contenus», explique Jean-Paul Lubot, son directeur général délégué. GMC entend poursuivre le déploiement de cette stratégie en 2015, à travers le lancement de nouvelles formules pour Marie Claire, Marie Claire maison, Famili, Cuisine et vins de France ainsi que La Revue du vin de France. Le groupe veut aussi accélérer ses activités de diversification, comme début avril avec le festival Les Nuits claires. L’objectif est que la diversification représente 15% du chiffre d’affaires d’ici trois ans. «Le groupe Marie Claire n’est plus un éditeur de presse, mais de marques», insiste Jean-Paul Lubot.

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