Dès 2012, le quotidien économique a mis en place un «paywall» (mur payant) sur son site. Un choix alors risqué qui permet aujourd’hui au groupe de renouer avec l’équilibre financier. DELPHINE SOULAS-GESSON @DelphineSoulas

objectifs

Renouer avec les bénéfices . Depuis son rachat par LVMH en 2007, le groupe Les Echos a perdu année après année plusieurs millions d’euros. Lors de son arrivée comme PDG fin 2011, Francis Morel avait fait du retour à l’équilibre financier une priorité. Dans son viseur: l'exercice 2013. Le dirigeant veut également combler le retard du groupe dans le digital, ce qui passe selon lui par une clarification de l’offre numérique payante des Echos.

 

moyens

Un paywall et une nouvelle formule. A l’automne 2012, le quotidien Les Echos est le premier média français à adopter sur internet un système de paiement au compteur («paywall», ou mur payant). Modernisé, le site Lesechos.fr veut quant à lui devenir le portail d’entrée de toutes les activités du groupe. Quelques semaines plus tard, une nouvelle formule du journal papier arrive dans les kiosques. L'éditeur investit dans sa rédaction à travers un traitement de l’actualité économique qui se veut sérieux sans être austère, enrichi de grandes enquêtes, d’interviews, de graphiques et d’un troisième cahier thématique. Plus globalement, le titre veut placer le numérique au cœur de sa stratégie, avec un investissement de 3 à 5 millions d’euros par an d’ici 2016. C’est ainsi qu’est lancée, en juin 2014, l’application mobile Les Echos Live, dont l’ambition est de servir de porte d’entrée gratuite vers le site payant. Pour renouer avec l’équilibre financier, un plan d’économies d’une dizaine de millions d’euros par an est déployé, qui se traduit par 55 départs. Au 31 mars 2015, l'effectif est de 611 personnes.

 

résultats

200 000 euros de profit. C’est finalement en 2014, et non en 2013, que le groupe a renoué avec les bénéfices, dégageant un résultat opérationnel courant de 200 000 euros, pour un chiffre d’affaires en progression de 5%, à 149 millions d’euros. Côté diffusion, le titre est le seul quotidien national payant à avoir progressé en 2014 (+1,2%, à 125 172 exemplaires), porté par le développement de ses versions numériques, qui représentent 17,6% de sa diffusion France payée, ce qui en fait le quotidien français le plus digitalisé. «La mise en place d’un paywall a été une très bonne opération. La cannibalisation entre les supports papier et numérique reste très marginale. Pour la quatrième année consécutive, notre diffusion progresse, c’est une tendance de fond», se félicite Francis Morel. La disparition de La Tribune en quotidien papier début 2012 n’est sans doute pas pour rien dans ces bons résultats, même si le dirigeant s’en défend. En 2014, Les Echos a en tout cas atteint son niveau de diffusion le plus haut depuis dix ans, une performance récompensée d’une étoile OJD à l’occasion du 25e Observatoire de la presse, le 9 avril dernier.

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