rémunération
Après deux années de vaches maigres, les rémunérations à l’embauche entament une timide reprise. Principales bénéficiaires: les fonctions numériques.

Dans la communication et la publicité, la plupart des salaires à l'embauche sont en baisse depuis 2008. La potion magique des Gaulois de la rémunération qui résistent au rouleau compresseur de cette tendance déflationniste est bien connue: c'est la compétence numérique. Les pro du «digital», tombés dans la marmite étant petits, sont nécessairement mieux armés que les autres pour faire face à la crise et, logiquement, sont aussi les premiers à bénéficier de la reprise. «Par exemple, un chef de projet Web junior (un an d'expérience) pouvait prétendre à 26 000 ou 28 000 euros début 2009, se souvient Charlotte Vitoux-Evrard, consultante senior sur des fonctions e-marketing chez Aquent. Aujourd'hui, il touchera plutôt autour de 30 000 à 32 000 euros.»

Ce rebond des salaires, Charlotte Vitoux-Evrard le constate depuis le mois de mars sur l'ensemble des métiers du numérique: webmestre, chef de projet Web, directeur de clientèle, directeur-conseil, consultant, mais aussi manager de pôle ou directeur général. «Les spécialistes du “digital” sont très volatils, il faut être capable de les fidéliser», note-t-elle. Un risque bien intégré par l'agence Fullsix: «En 2009, nous avons promu ou augmenté 70% de nos salariés», se félicite Anne Browaeys, sa directrice générale.

Si, en plus, ces candidats sont capables de dégainer l'autre arme antimorosité, le retour sur investissement, l'augmentation est assurée. En effet, les recruteurs sont prêts à faire monter les enchères s'ils sont certains qu'un candidat va leur faire gagner beaucoup d'argent et vite. «Un très bon référenceur capable de prouver ses résultats et donc sa performance va se payer cher: de 50 000 à 60 000 euros, détaille Fabrice Robert, cofondateur du site Job in Tree. Ce qui est élevé pour un poste sans fonction d'encadrement.» Les recruteurs retrouvent d'ailleurs de plus en plus souvent sur les CV des indications sur les performances des candidats.

Marge de manœuvre

Pour le reste, l'encéphalogramme reste plat. Les stigmates de la crise ont la vie dure. «Les cadres ont envie de bouger et se disent que c'est le moment, mais ils cherchent avant tout à se rassurer en ciblant les grands groupes, et n'ont pas de prétentions très élevées», note Claude Monnier, DRH du groupe Hi-Media. Ce que confirme Fabrice Robert du site Job in Tree: «Sur les fonctions plus classiques, il n'y a pas de hausse des salaires.»

Du côté des métiers du marketing, ce n'est pas non plus l'euphorie. «Quand on quitte son entreprise, il ne faut pas espérer gagner plus de 10 à 15% de mieux», estime Sandrine Rais, consultante senior chez Menway. Néanmoins, la marge de manœuvre est un peu meilleure qu'ailleurs: «Le candidat peut négocier une part variable plus importante. Il peut parfois même obtenir que l'entreprise garantisse 80% du salaire variable la première année», explique Nathalie Dupas, consultante senior spécialisée en commercial et marketing chez Hudson.

Seul problème, hommes et femmes ne sont pas égaux face aux bonus. «Dans le marketing, toutes fonctions confondues, les femmes gagnent 19% de moins que les hommes, selon notre dernière enquête, souligne Claire Cabaret, éditrice du Guide des salaires Comundi(1) (www.guidedessalaires.com). Quand on regarde de près, on se rend compte que c'est la part variable qui fait la différence: elle est de 23% plus élevée chez les hommes.»

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