Dossier presse
Victimes de la crise publicitaire, de nombreuses sociétés médias ont vu leur chiffre d'affaires reculer en 2009. Rares sont celles qui tirent leur épingle du jeu.

Le classement Stratégies des cent premières sociétés et groupes de médias montre une érosion assez largement partagée des chiffres d'affaires en 2009, à l'exception des groupes vivant des deniers publics (France Télévisions, Radio France, Arte France), des abonnements (Vivendi, Le Point, etc.), ou en plein développement (Bolloré Médias, TMC).

Si la pénurie des recettes publicitaires a affecté les plus gros (TF1, JCDecaux, Lagardère), elle a été jusqu'à mettre en danger des pans entiers d'activité, comme en atteste la dégringolade des recettes dans les groupes de presse gratuite d'annonces Comareg, Spir et S3G. «Ces trois groupes ont perdu 300 millions d'euros de chiffre d'affaires en cinq ans, estime Jean-Clément Texier, président de Ringier France et spécialiste des médias. Au point d'amener Sud-Ouest à se retirer de S3G. Ce qui était hier un moteur de croissance et une garantie de dynamisme est devenu un boulet.»

Dans le cas de la presse gratuite d'annonces, difficile d'évoquer une chute conjoncturelle: le désinvestissement des annonceurs de l'immobilier et de l'automobile a coïncidé avec une montée en puissance des sites Internet. Quant à certaines baisses sévères, comme celle de Lagardère Active (–18,3%), elles peuvent être la conséquence aussi bien de la crise financière que de l'arrêt de publications dans des pays où l'éditeur n'était pas en position de force.

Hormis cette nette tendance baissière, le classement en lui-même peut surprendre par l'absence de réel bouleversement. «Pour qu'il y ait de nouveaux acteurs, il faut de nouvelles approches et de nouveaux supports», relève Jean-Clément Texier. Notons toutefois que Pages jaunes se taille une place de choix, au-dessus du milliard d'euros de chiffre d'affaires, ou encore que la régie publicitaire Hi-Media connaît un grand dynamisme, avec 27% de croissance et la 27e place du classement.

Valorisation en baisse

Faute de comptes consolidés arrêtés à notre bouclage, le groupe Ebra (Est-Bourgogne-Rhône-Alpes) n'est pas présent dans cette liste. La nomination de Michel Lucas à la tête du Crédit mutuel-CIC coïncide néanmoins avec une montée en puissance de cet établissement bancaire. Déjà propriétaire de L'Alsace, du Républicain lorrain, du Bien public, du Progrès de Lyon et du Dauphiné, la banque mutualiste pourrait prendre bientôt le contrôle de L'Est républicain et des Dernières Nouvelles d'Alsace, devenant ainsi le premier groupe de presse quotidienne avec un chiffre d'affaires supérieur à 600 millions d'euros.

La situation délicate du média écrit se mesure à la valorisation des groupes de presse. «Alors qu'en 2006-2007, un groupe de presse se payait douze à quatorze fois l'ebitda, c'est plutôt cinq à six fois désormais», souligne Jean-Clément Texier, qui rappelle la «difficulté de nombreux médias à dégager les “cash flow” suffisants pour se développer». Quand ils ne peinent pas à se vendre à bon prix, à l'instar du Parisien, pour lequel Marie-Odile Amaury réclame 200 millions d'euros.

Enfin, on remarquera dans notre classement que Google France se trouve à la 55e place (derrière RBI, éditeur de Stratégies). Il est probable que son rang de classement ait évolué depuis.

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