Dossier
Lignes épurées, matériaux nobles, couleurs multiples… L’électronique grand public s'appuie sur le design, devenu un argument marketing central.

Le design se démocratiserait-il dans le high-tech? Il fut longtemps l'apanage du maître en la matière, Apple, porté par Jonathan Ive, ou de marques haut de gamme telles que le spécialiste danois de la Hi-Fi Bang & Olufsen ou le fabricant allemand de téléviseurs Loewe. Dans les années 1990, alors que le noir et le gris dominaient dans l'électronique grand public, ces pionniers introduisaient déjà le métal, le bois, les couleurs. Loewe proposant ainsi à ses clients de personnaliser leur téléviseur, avec un revêtement comme du tissu.

Mais les géants du secteur ont eux aussi fait entrer le design dans leur stratégie à des prix accessibles au grand public. Tel Samsung, encore perçue comme une marque low-cost il y a dix ans. Première rupture, il dévoilait en 2008 au Salon du meuble de Milan, un téléviseur signé Giorgio Armani. Rien de révolutionnaire dans le design en lui-même, mais Samsung y apposait le nom d'un couturier.

En septembre dernier, lors du Salon mondial de l'électronique grand public (IFA), à Berlin, le groupe coréen organisait une conférence sur son design maison depuis ses débuts. Une première. Autre nouveauté, il y dévoilait des prototypes d'imprimante au design minimaliste, faisant aussi office, pour certains modèles, de dock pour smartphone. Telles les imprimantes Smarty, Indie ou Wave, où l'on peut brancher un appareil par sa prise USB.

 

Démocratiser le design

Certes, ce ne sont que des prototypes mais «ce sont des concepts voués à s'intégrer dans le quotidien du client. Nous avons voulu montrer des usages grand public des imprimantes de demain, et qui, par leur design, auront leur place dans un salon», explique Maxime Guirauton, directeur marketing business to business de Samsung Electronics France.

Toujours à Berlin, LG, Samsung, Panasonic et d'autres constructeurs dévoilaient des téléviseurs incurvés: pour créer un effet de profondeur de l'image, mais aussi pour faire entrer dans le salon du grand public un design innovant.

Autre tendance, des entreprises s'offrent les services de stars du design - qui sont devenus eux-mêmes des marques. Un facteur de différenciation par rapport aux concurrents. Le spécialiste français des périphériques pour mobiles Parrot s'est associé à Philippe Starck pour sortir un casque audio, le Zik, puis de spectaculaires enceintes Zikmu, dévoilées sur le salon Maison & Objet en septembre. Fin 2010, Free sortait sa Freebox Révolution, signée à nouveau Starck: son design épuré permettait enfin de la faire entrer dans le salon.

«Ce genre d'objet permet de rendre le design accessible au plus grand nombre. La marque Free dispose ainsi de trois points forts: le design, la technologie et le réseau de distribution», estime Jean-Baptiste Danet, directeur général de l'agence Dragon rouge.
Le constructeur français Bigben s'est associé au très branché designer Ora Ito, qui lance ainsi sa nouvelle marque, Ora Ito Mobility. Au menu: une première «collection» avec deux casques audio, une enceinte Bluetooth, des kits piéton, des chargeurs et des étuis de protection pour smartphones et tablettes. Avec un sens du détail issu de la mode: cordons revêtus de tissu, ports USB en plastique pliables, revêtement des étuis dans des tissus Kvadrat en coton et laine venus de l'ameublement...

«Ces objets et accessoires permettent d'amener le design dans la rue. Et on associe design et mode: l'objet est étroitement lié au vêtement», précise Ora Ito. Sa «collection» se veut cependant accessible, avec des prix inférieurs à 100 euros.

Une chose est sûre: «les produits nomades, que l'on porte avec nous, sont plus liés à la mode qu'à la technologie: on les choisit comme on choisirait un vêtement ou un canapé, ils reflètent notre personnalité», conclut Sari Myohanen, styliste chez Peclers Paris, agence de conseil en tendances.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.