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Télévision
09/11/2001
10. La télévision payante
Le 4 novembre 1984, Canal + débarque dans le paysage audiovisuel. Première chaîne privée diffusée en France, lancée par Havas, elle est la toute première télévision à péage au monde à visée généraliste. Jusque-là, ses homologues sont toutes des thématiques, comme l'américaine HBO (Home Box Office) ou Premiere en Grande-Bretagne. À l'époque, personne n'y croit en France :« Au mieux, Canal + aura un million, deux millions de spectateurs,pronostique Michel Thoulouze, successeur de Pierre Lescure à Antenne 2.C'est l'audience d'un JT de 23 heures. »Mais l'homme révisera vite son jugement : c'est à lui que l'on doit la création des premières chaînes thématiques payantes françaises, filiales de Canal + (Canal Jimmy, Planète, Ciné Cinémas, etc.). Aujourd'hui, la chaîne cryptée affiche plus de 4,5 millions d'abonnés en France, a essaimé à l'étranger et a largement contribué au développement de la télévision numérique. Le développement du câble et l'explosion des bouquets satellite, lancés en 1996, ont prouvé que les Français étaient prêts à payer pour voir.
M.M.
11. Les animateurs-producteurs
Rien de plus aléatoire qu'une carrière d'animateur. Pour assurer sa pérennité, mieux vaut cumuler les sources de revenus. Certains l'ont compris très tôt - dès le milieu des années quatre-vingt - comme Jacques Martin (JMP) et Michel Drucker (DMD). Dix ans plus tard, la nouvelle génération d'animateurs suit le mouvement : Thierry Ardisson, Mireille Dumas, Christophe Dechavanne, Nagui, Arthur, Patrick Sébastien, tous fondent leur société de production. En 1995, on découvre que la société de Jean-Luc Delarue, Réservoir Prod, bénéficie de contrats mirifiques avec les chaînes publiques. Le scandale éclate et coûtera son fauteuil au président-directeur général de France Télévision, Jean-Pierre Elkabbach.
Si certains y ont laissé, à l'époque, quelques plumes, ce système est aujourd'hui la norme du marché de la télévision. Il permet à ces animateurs, qui ne sont pas salariés des chaînes, de se libérer de l'esprit maison et de fournir ainsi à toutes les chaînes une palette d'émissions plus larges. En revanche, on peut déplorer un certain impérialisme de cette poignée d'animateurs-producteurs comme Jean-Luc Delarue, Arthur, Thierry Ardisson qui, comme tous les bons chefs d'entreprise, doivent vendre« toujours plus et au plus offrant », quitte à décliner à l'envi les mêmes concepts et les mêmes formats.
M.M.
12. Le téléachat
Quand Pierre Bellemare, de retour d'un voyage aux États-Unis en 1985, vient proposer à TF1 un projet d'émission de téléachat, la chaîne hésite longtemps avant de lui accorder finalement trente minutes à l'antenne pour faireLe magazine de l'objet. Jugé trop ringard, trop bas de gamme, le concept, largement répandu outre-Atlantique, n'a pas convaincu d'emblée les chaînes. Aujourd'hui, avecTéléshoppingà 8 h 30 sur TF1,La Boutique de M6à 9 heures et quelques programmes courts sur les chaînes du câble et du satellite (Club téléachatsur Série Club ouTéva boutiquesur Téva), le concept s'est définitivement installé dans le PAF. En 2000, le téléachat a représenté un chiffre d'affaires de 230 millions d'euros (1,5 milliard de francs).
A.D.
13. LeTéléthon
En 1986, est découvert le gène responsable de la myopathie de Duchenne, l'une des plus répandues. Pour réunir les moyens financiers nécessaires à la recherche portant sur les applications futures de cette révolution génétique, l'Association française contre les myopathies (AFM) organise, en décembre 1987 sur Antenne 2, le premier Téléthon français. Inspiré des émissions caritatives américaines, il remporte aussitôt un franc succès. De près de 30 millions d'euros (200 millions de francs) récoltés la première année, l'émission, d'une durée de trente heures, toujours diffusée sur le service public, a atteint l'an dernier un record avec plus de 79,6 millions d'euros (522 millions de francs) de dons effectivement versés par 1,2 million de personnes. Plus consensuelle que leSidaction, l'opération médiatique contre les myopathies n'est pas prête de disparaître des écrans, d'autant que les récentes réussites de thérapie génique ont fait naître de nouveaux espoirs. Rendez-vous les 7 et 8 décembre prochains.
A.D.
14. Les vraies gens
Beau ou laid, gentil ou méchant, vous pouvez devenir une star. Les scènes de banlieues des spots Yop signés par l'agence Jean&Montmarin ont ouvert la voix à la publicité réalité dans les années quatre-vingt-dix. Dans le même temps, la télévision a rangé les paillettes pour mettre en scène « les vraies gens » dans les reality shows de Pascale Breugnot (Perdus de vue,L'Amour en danger,Témoin numéro 1, etc.). Les téléspectateurs déballent leurs problèmes quotidiens sans fards, ni artifices. L'objectif est de faire pleurer dans les chaumières, car l'identification est facile. L'émissionC'est mon choix, lancée à la rentrée 2000, creuse encore le filon. Mais c'estAventures sur le Net, lancé par TF6 en novembre 2000, qui inaugure la télé-réalité en France. Deux équipes sont enfermées dans un appartement pendant une dizaine de semaines sous l'oeil des caméras. Le sommet est atteint au printemps dernier avecLoft Story, produit par la société Endemol. M6 fait un tabac en réunissant onze filles et garçons pour les filmer en continu. Le prochain épisode est prévu au printemps 2002.
M.N.
15. LeSix Minutesde M6
Quand elle lance sonSix Minutes, en 1988, M6 veut se distinguer. Mais la chaîne dispose d'un petit budget et doit ruser. Résultat : un journal court, sans présentateur, tout en images. Pas question de personnaliser l'information, comme les chaînes traditionnelles : M6 confirme sa position de chaîne musicale à destination des jeunes, en proposant une synthèse rythmée de l'actualité. Depuis, la chaîne a évolué : elle affiche quelque 12 % de part d'audience en septembre, contre 21,5 % pour France 2 et 33,6 % pour le leader TF1. Mais la formule du Six Minutes a résisté au temps... même si le journal flirte aujourd'hui avec les douze minutes. Ses sept éditions sont alimentées chaque jour par une dizaine de personnes, réparties dans une douzaine de décrochages locaux.
C.G.
16. La météo
Point d'orgue du journal télévisé, la météo a pris depuis vingt ans son autonomie. En 1981, la rubrique a été sortie du journal pour devenir un programme en soi avec ses vedettes de la présentation - au premier rang desquels, Alain Gillot Pétré - et sa marque sponsor. Sur France 3, Florence Klein innove avec un bulletin météo réalisé à l'ordinateur et non plus à la palette graphique, avant d'inaugurer en 1995 la première météo en 3D. Canal + a donné au genre un coup de jeune (Dechavanne et Alain Chabat y ont débuté) en le scénarisant. On se souvient des shows d'Alexandra Kazan, Mademoiselle Agnès ou encore d'Alexandre Devoise. Depuis, la météo a sa propre chaîne et un service express interactif sur TPS. Et même un festival à Issy-les-Moulineaux qui tiendra sa 13e édition en 2002.
C.L.
17. La façon de filmer le foot de Canal +
Avec Canal +, le foot a conquis ses lettres de noblesse à la télévision. Auparavant, le dispositif technique de retransmission était réduit au minimum : cinq à sept caméras fixes et placées à hauteur d'homme. Un réalisateur va tout révolutionner : Jean-Paul Jaud, trente-huit ans en 1984, année de la création de Canal +. Il parvient à convaincre Michel Denisot et Charles Biétry de transformer les matchs en spectacles en accordant au téléspectateur la meilleure place.« Un match ne commence pas au coup de sifflet,raconte-t-il.Il se passe des choses en coulisses, dans les vestiaires, sur les bancs de touche, entre les joueurs. »Pour capter« l'effort et le geste sportif », il multiplie les caméras (jusqu'à vingt-deux), les angles de vue (fixes, travellings, caméras télécommandées, etc.) et donne une large place au son. Depuis, le concept a été étendu à d'autres sports (rugby, athlétisme, boxe) et à d'autres types de programmes (variétés,Fort Boyard, etc.). Il a surtout été repris, copié et plagié par toutes les chaînes, en France et à l'étranger.
M.M.
18. Les formats courts
Ces trois secondes ont marqué la pub. En noir et blanc, une pulpeuse jeune femme très décolletée secoue son opulente poitrine, tandis qu'une voix d'homme chantonne« Cachou Lajaunie ». Le spot, réalisé en 1984 par l'agence ALS Conseil, reste, encore aujourd'hui, profondément imprimé dans l'inconscient collectif. Il est entré au Panthéon de la pub, aux côtés de l'inénarrable suisse un tantinet benêt, qui« a huit secondes pour vous dire que la barre Ovomaltine, c'est de la dynamique ! », avant que la barre ne lui explose dans la figure. D'une simplicité biblique, le film, qui date de 1984, a été conçu par Thierry Ardisson pour l'agence Business.
Cette dernière est l'une des spécialistes du format court, qui offre des avantages certains : un minimum d'effets pour un maximum d'impact. Économique, il permet, de manière presque subliminale, d'imposer une signature. Comme dans la récente campagne Luang (CLM/BBDO), signée « Envie de Chinois ? », qui a remporté tous les suffrages, y compris un prixStratégies. Comme quoi court n'est pas forcément synonyme de frustrant.
D.L.G.
19. Le bouton-poussoir
Il a révolutionné le paysage télévisuel français. En 1986, l'arrivée en France du bouton-poussoir a même provoqué une révolution technique et culturelle dans le monde des médias et de la publicité. On passait alors de résultats d'audience mensuels ou hebdomadaires sur une poignée de cibles à une débauche de chiffres, de minute en minute, livrés quotidiennement. L'informatique personnelle naissante permettait le passage de ce cap important pour la télévision. Aujourd'hui, le boîtier audimétrique est installé dans trois mille foyers et l'on attend son successeur : un système de mesure totalement passif permettant de reconnaître automatiquement la personne présente devant le téléviseur. Big Brother arrive.
B.F.