Soixante-dix-sept pour cent des Français s'alarment de l'insuffisance des moyens humains et financiers.

«L'hôpital public de la métropole parisienne est agressé.» Ce sont les propos chocs, tenus par Bertrand Delanoë, maire socialiste de Paris et président du conseil d'administration de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), le 10 mai, en ouverture du Conseil de Paris, alors que le plan d'une vaste réorganisation de l'AP-HP doit être présenté fin juin.

Outre la menace de suppression de 4 000 postes d'ici à quatre ans, il a également évoqué une «réorganisation à marche forcée» qui aurait pour conséquence «une réduction importante de l'offre IVG, une moindre prise en charge des patients atteints du Sida et la fermeture de certaines maternités».

 

Une vision inquiète de l'avenir du milieu hospitalier, qui se ressent dans les sondages. Selon une enquête TNS-Sofres réalisée en avril pour la Fédération hospitalière de France (FHF), 81% des Français estiment être «satisfaits» de l'hôpital public mais 77% d'entre eux jugent que les moyens humains et financiers dont il dispose sont «insuffisants».

 

La qualité des soins est jugée satisfaisante par 83% des sondés. La Fédération note cependant une fragilisation de la satisfaction globale. Lors du dernier sondage il y a deux ans, près d'un quart du public se disait très satisfait, contre 16% cette année.

Et pourtant, les Français ne devraient pas se plaindre, s'estimant parmi les mieux «soignés» en Europe. Un sondage Eurobaromètre sur le climat social publié en février 2010 révélait que 60% des Européens jugent les services de santé de leur pays bons, une satisfaction qui atteint des sommets au Luxembourg (86%), en Belgique (93%) et en France (77%), largement au-dessus de la moyenne européenne (63%).

 

Même si les Français ont encore confiance en leur centre d'accueil de soins, ils ne sont cependant pas prêts pour les essais cliniques. D'après un sondage Ipsos, publié en avril 2010, 54% personnes interrogées ne sont pas prêtes à tester des médicaments, chose «pourtant indispensable si l'on veut que la recherche avance», expliquait Patrice Jaillon, président du Centre national de gestion des essais de produits de santé, sur l'Express.fr le 28 avril.

Le sondage révèle également que ceux qui n'y seraient pas opposés ne sauraient pas où s'adresser. En dix ans, le nombre d'essais cliniques est passé de 1 333 à 920, malgré une rémunération attractive (4 500 euros par an). Une vaste campagne de recrutement a donc été lancée fin avril, sur Internet et notamment via les réseaux sociaux, avec la volonté de dédramatiser l'acte.

Quant aux laboratoires pharmaceutiques, ils ne bénéficient pas d'une meilleure image. Un sondage réalisé auprès de la population française par GFK revèle que celle-ci connaît mal ce secteur. Même si les Français semblent satisfaits de cette industrie (6,04/10 en moyenne), ils minimisent l'impact des laboratoires pharmaceutiques en matière de recherche. Un tiers d'entre eux seulement perçoit l'industrie pharmaceutique comme un acteur majeur en la matière.

 

Résultat surprenant cependant, 77% des Français de plus de 25 ans achètent des médicaments génériques et la satisfaction à l'égard des laboratoires génériques est supérieure à celle des laboratoires classiques, avec une note moyenne de 6,98/10.

 

Parole d'expert

Les laboratoires devraient pouvoir communiquer sur leur recherche

Odile Finck, directrice de la délégation santé de l'AACC et présidente de l'agence Action d'éclat

 

«Les Français pensent que l'hôpital manque de moyens car cela a été largement évoqué par les médias, et parce que certains services, comme les urgences, qui prennent le relais des médecins de famille, sont vraiment en sous-effectif. Quant aux laboratoires pharmaceutiques, ils devraient avoir le droit de communiquer sur leur recherche afin de redorer leur image souvent ternie par les retraits de médicaments ou les fausses accusations.»

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