20% des Français seulement expriment «de la sympathie» pour l'équipe de France de football.

Ballotée et en difficulté. Noël le Graët, le président de la Fédération française de football (FFF), a d'entrée de jeu pris le taureau par les cornes lors d'une conférence de presse mardi 3 juillet. Après avoir été éliminée, sans gloire, en quart de finale de l'Euro, l'équipe de France de football est retombée dans la tourmente. En quelques mots et gestes, une poignée de joueurs ont renvoyé sur le banc de touche tout le travail de redressement d'image opéré par les équipes marketing de la FFF. Samir Nasri, qui par deux fois s'en est pris à des journalistes, cristallise les critiques.

«L'incident de Nasri nous a empêchés de parler de football, regrette Noël Le Graët. Mais c'est vrai, nous avons un problème avec un certain nombre de nos joueurs. C'est une question de culture, de respect dont il va falloir parler.» Les insultes de Samir Nasri envers les journalistes passent très mal auprès du grand public, qui n'est plus du tout enclin à pardonner le moindre débordement. Selon un sondage réalisé par l'Ifop pour le Journal du dimanche, publié le 1er juillet, seuls 20% des Français affirment avoir «de la sympathie» pour l'équipe de France de football. Trois semaines avant, soit au démarrage de l'Euro, ce taux s'élevait à 56%. La chute a été de 36 points! Comme quoi, la nouvelle image que la FFF avait tenté de reconstruire (Lire Stratégies n°1682 du 7 juin 2012) à coups d'opérations de proximité était bien fragile.

La prochaine livraison du baromètre d'image que Kantar Sport a promis à la FFF pour la mi-juillet ne devrait pas réjouir les dirigeants de l'instance sportive. Cette note sur 10 était repassée au dessus de la moyenne en début d'année et avait gagné 18% depuis. Elle devrait chuter une nouvelle fois. Ce recul profitera aux sponsors, dont une partie des accords de partenariat sont directement indexés à cette cote d'amour. Ainsi, la FFF pourrait rembourser jusqu'à 750 000 euros à ses annonceurs. «Nous sommes la seule fédération a avoir mis en place ce principe», spécifie Noël le Graet.

La FFF n'est donc pas seulement confrontée à une affaire d'image mais aussi d'argent. Du coup, sans contrôle sur l'exemplarité de ses joueurs, la fédération utilise d'autres leviers pour marquer les esprits et le grand public. Mardi 3 juillet, Noël Le Graët a annoncé un «gel» de l'ensemble des primes. Celle-ci devait s'élever à 100 000 euros par joueur. Le patron de la fédération est conscient de la situation. «Une équipe qui gagne est estimée», assure t-il. Au-delà de l'effort sur la morale et l'éthique, les Bleus devront aussi retrouver rapidement le chemin des buts.

 
«Arretez de parler d'argent»

«L'Euro 2012 n'a pas eu le même effet de crise qu'il y a deux ans, lors de la Coupe du monde, où nous étions confrontés à une attitude incompréhensible de l'équipe dans son ensemble. En Ukraine, les débordements ont seulement été des épiphénomènes, même si le cas de Samir Nasri est plus complexe. Il semble qu'il n'a pas compris dans quel environnement il évoluait. J'attends des sanctions pour les joueurs fautifs, mais il faudrait arrêter de parler d'argent, comme le gel des primes. Le public en a assez qu'on lui parle d'argent dans ces cas. La FFF devrait adopter un discours plus sociétal et entreprendre avec les joueurs des actions vers les associations, les clubs amateurs et les fondations. Le film sur l'esprit du jeu lancé par la FFF est très bien, mais je ne suis pas sûr qu'il traduise se qui se passe sur les terrains.»

François Guyot, directeur général de Sport Market.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.