Antipubs
Le nombre d’internautes utilisant des logiciels pour faire disparaître les publicités en ligne se multiplie. Une hantise pour le secteur des médias et de la communication. Mais des parades existent.

 Les récents logiciels, type Adblock Plus, que les internautes installent sur leur navigateur afin d’éliminer la publicité des sites qu’ils visitent, représentent un risque économique majeur pour le secteur des médias et de la communication.
D’autant qu’à l’échelle mondiale, les utilisateurs se multiplient. En 2014, leur nombre a augmenté de + 69 %, pour atteindre les 144 millions d’utilisateurs mensuels. Ce qui représente au global 4,9 % des internautes, selon une étude réalisée, en partenariat avec Adobe, par PageFair, start-up proposant des solutions contre l’adblocking.
Fin 2013, selon un autre rapport de ClarityRay, la France pointait à la 4e place des pays les plus touchés dans le monde, avec un ratio de 17 % des impressions publicitaires bloquées sur le web français. L’Union des annonceurs (UDA) estime que ce sont désormais 20 % des impressions publicitaires qui sont bloquées sur le web français.

Pratiques ubuesques

Des chiffres qui font bondir les éditeurs et suscite l’indignation des acteurs de la publicité : « Les internautes oublient que le modèle fondé sur la gratuité d’internet implique une contrainte, celle de la publicité. Je pense pour ma part que les pouvoirs publics seraient bien avisés de le leur rappeller », déclare Jérémie Bugard, directeur associé de l’agence média indépendante Agence79. L’extension de l’usage des solutions d’adblocking est d’autant plus nuisible au marché publicitaire qu’elle débouche sur des pratiques ubuesques. Adblock Plus propose ainsi aux marques de diffuser des publicités qu’il juge « acceptables » moyennant finances ! Ce qui équivaut ni plus ni moins à du racket, puisqu’il s’agit de restituer un inventaire préalablement bloqué. En Allemagne, certains médias et éditeurs de presse, qualifiant cette pratique « d’extorsion », ont décidé d’attaquer la société éditrice d’Adblock Plus en justice.
Pour contrer cette montée en puissance, des solutions émergent. La plus récente et sans doute la plus probante, Secret Media, a été imaginée et présentée fin 2014 par Frédéric Montagnon et Julien Romanetto. Les cofondateurs d’OverBlog ont décidé de prendre les adblocks à leur propre jeu en fournissant aux éditeurs une technologie capable de crypter l’adresse web des publicités afin qu’elles ne soient plus reconnues par l’adblocker. « Avec ce système, nous ne faisons qu’exploiter une faille technique du modèle sur lequel fonctionnent les adblockers, explique Frédéric Montagnon. Mais nous créons surtout une technologie favorable aux éditeurs en recherche de monétisation de leurs audiences. » La jeune start-up se rémunère à la performance sur sa capacité à restituer à l’éditeur un inventaire « bloqué ». Une démarche vertueuse qui a le mérite de faire bouger les lignes sur une problématique face à laquelle le marché était jusqu’ici dans l’impasse.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.