Techshop, laboratoire citoyen, living lab, hackerspace… Les lieux physiques ouverts au partage des connaissances, aux expérimentations et à la création collective se multiplient à Paris et en province. Visite guidée de huit d’entre eux.

A l’heure du tout-numérique et de la dématérialisation, le lieu physique fait de la résistance. «La société de l’information a produit ses propres lieux de socialisation : les tiers-lieux», rappelle Eric Seulliet, président fondateur du think tank La Fabrique du Futur. Ni tout à fait lieux de vie, ni tout à fait bureaux, ces espaces d’un nouveau genre misent sur le partage de connaissance et la création collective. Ils sont devenus des places incontournables pour s’informer, explorer, tester, construire. Et innover.

 

Un côté polymorphe

Souvent importés des Etats-Unis, des concepts tels que le coworking et les fablabs ont été adaptés de façon originale en France au cours de la dernière décennie : «Au lieu de créer des espaces spécifiques, on a mélangé les dispositifs pour réunir sous un même toit coworking, fablab, accélérateur, living lab…», observe Antoine Burret, auteur de Tiers-lieux et plus si affinités, paru en janvier 2015 aux éditions FYP. Pour le chercheur, ce côté polymorphe présente bien des avantages : «Cela provoque la rencontre de profils qui ne se seraient pas croisés autrement, favorise la transdisciplinarité et brouille les repères pour provoquer des idées neuves.» 

 

Un haut niveau de compétences

Qui les fréquente ? «Contrairement à ce que certains pensent, ce ne sont pas des “marginaux”, mais des personnes à haut niveau de compétences et d’études qui ne s’insèrent pas dans le monde du travail traditionnel, soit à cause du chômage, soit parce que le salariat ne leur convient pas», explique Antoine Burret. De fait, nombre des tiers-lieux les plus anciens de l’Hexagone ont été créés sous un statut associatif, par des communautés d’entrepreneurs, de bidouilleurs et de hackers. A l’instar du Numa, de La Paillasse ou de l’ElectroLab.

«Au départ, on y vient pour développer son propre projet, notamment d’entreprise. C’est un formidable accélérateur car on y trouve toujours la compétence dont on a besoin, de la comptabilité aux nanotechnologies. Et progressivement, on s’insère dans des communautés d’intérêts et on développe des services d’intérêt général», observe Antoine Burret.

 

De nouveaux tiers-lieux chaque jour

Le phénomène prend de l’ampleur. «Il se crée chaque jour de nouveaux tiers-lieux», assure Antoine Burret. Ainsi, pour favoriser la création d’emplois et de services numériques sur leurs territoires, de plus en plus de collectivités locales financent des lieux d’innovation, voire les créent elles-mêmes, à l’instar du Tubà à Lyon ou du Shadok à Strasbourg.

Les grandes entreprises fréquentent aussi assidûment ces endroits. Elles y envoient notamment leurs intrapreneurs et salariés se frotter aux start-up et makers. «C’est aussi une façon d’identifier des pépites dans leur secteur d’activité et d’accélérer leur transition numérique», ­remarque Eric ­Seulliet. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si des banques – le Crédit Agricole avec Le Village by CA et BNP Paribas avec We Are Innovation – et des fonds d’investissement – Partech avec Partech Shaker – ont créé leurs propres lieux d’innovation. Pas question de laisser passer le prochain Blablacar, la success story française qui a mûri dans l’accélérateur du Numa.

 

 

 

L’Usine IO : le techshop à l’américaine

De l’ancienne galerie d’art contemporain qui ­l’occupait, le lieu a conservé la décoration minimaliste et radicale : un espace d’un blanc immaculé, du sol au plafond. Les peintures, sculptures et installations ont laissé place à des imprimantes 3D, des fraiseuses, des ponceuses et des machines à découpe. ­Bienvenue à l’Usine IO, «atelier de fabrication numérique» inauguré en octobre 2014 dans le XIIIe arrondissement de Paris. Dans la première salle, une rangée d’ordinateurs dotés de logiciels de conception assistée par ordinateur (CAO) occupe tout un pan de mur. Deux lourdes portes scellent le cœur de l’Usine, l’atelier, où les machines vrombissent, plient, coupent, sculptent et fondent. À chaque pièce sa spécialité : électronique, bois, assemblage, fabrication.Ce lieu, unique en Europe, puise son inspiration dans les techshops américains. Il a été créé par trois amis : Gary Cige, diplômé de la ­Solvay Brussels School, le HEC belge, ­Benjamin Carlu, ingénieur Arts et Métiers et Agathe Fourquet, ancienne responsable communication de Cap Digital. «Nous souhaitions apporter une ­alternative aux bureaux d’études en démocratisant le passage à l’industrialisation», explique Gary Cige. Les entrepreneurs, start-up, PME ou grandes entreprises peuvent, comme dans une salle de fitness, utiliser nos machines pour muscler leurs projets et faire appel à des coachs. Nous les accompagnons de l’idée à l’industrialisation, en passant par le prototype.» De fait, une équipe d’experts – CAO, électronique, ­méthodes et production – est présente à demeure pour épauler plus d’une centaine de Géo Trouvetou utilisateurs des machines. Des 90 projets qui bouillonnent entre ces murs, certains ont déjà eu les faveurs des plateformes de crowdfunding, comme la trottinette Electric Mood et le premier shaker connecté B4RM4N. L’Usine IO est aussi appréciée des grandes entreprises, comme Air Liquide, qui envoient leurs intrapreneurs s’y ­aérer l’esprit et développer leurs projets au contact de start-up, d’étudiants et d’artistes. «Les grands groupes n’ont pas les structures à taille humaine pour accompagner des équipes resserrées. Ici, la conception, la méthode et le prototypage sont réunis dans 1000 m2», explique Gary Cige.

 

Innovation Factory : au rendez-vous des Millennials

Sur un canapé, des start-uppers sirotent une boisson fraîche ; autour d’une table, des étudiants ­s’affrontent dans une partie de cartes ; là, des cadres d’Accor ­s’affairent derrière des écrans d’ordinateurs. Le wifi, les jeux de société et même le vidéoprojecteur sont offerts par la maison. Tout comme les boissons proposées dans un «anticafé» où l’on paie au temps passé. C’est l’un des nombreux espaces de ­l’Innovation Factory, le « premier cluster de l’innovation numérique » ouvert en septembre 2014 dans le XIIIe arrondissement parisien. Son objectif : permettre aux entreprises et aux étudiants de se rencontrer pour développer ensemble des projets, dans un cadre propice aux idées neuves. Créé par le tout jeune Campus Cluster Paris Innovation, il réunit sur 1200 m2 les 2500 étudiants de quatre écoles : ESG ­Management School, IICP Paris, Paris School of Business et Web School Factory. Tout a été conçu pour casser les codes et favoriser le brassage des idées. Le lieu comprend un espace de coworking de 25 postes de travail, un incubateur où une dizaine de projets mûrissent, une pépinière, un creative lab doté d’imprimantes 3D et un atelier d’électronique pour créer des objets connectés.Et la recette fonctionne : depuis l’ouverture, une cinquantaine de projets sont nés. À l’instar de ce chariot connecté, imaginé par les étudiants et déjà testé par les équipes d’entretien d’un hôtel d’Accor, en région parisienne. L’Innovation Factory compte une vingtaine d’entreprises partenaires, dont Accor, Bouygues Télécom et PMU. Ces trois entreprises y ont leurs propres locaux où elles envoient leurs cadres, pendant quelques jours ou quelques mois, développer des projets. «Les entreprises viennent ici pour rencontrer la génération des digital natives, pour se nourrir de leur fraîcheur et connaître leur vision. Après tout, ce sont leurs futurs clients et collaborateurs», explique Anne Lalou, ­directrice générale de la Web School Factory et de l’Innovation Factory. En retour, les étudiants nourrissent leur CV. Reste que les entreprises n’ont pas toujours conscience de s’adresser à des étudiants. «Il faut souvent rappeler qu’ils n’ont pas d’objectifs de résultat, qu’ils ne sont ni consultants, ni exécutants», remarque-t-elle.

 

La Paillasse : le labo citoyen communautaire

Chaque jeudi soir, dans un local de la sulfureuse rue Saint-Denis, à Paris, une vingtaine de curieux viennent écouter des chercheurs, des ingénieurs et des informaticiens parler de biologie synthétique ou de fait maison dans un dédale de caves aux murs tagués où s’entassent microscopes, imprimantes 3D, machines à coudre, pots de fleurs et cartes topographiques. Un an après son emménagement dans ce local de 750 m2 au cœur de Paris, les réunions publiques de La Paillasse continuent de faire le plein. Il faut dire que le premier laboratoire citoyen et communautaire de France a de quoi intriguer. Ses deux principaux faits d’armes ? Une encre biologique, portée par la start-up Pili Biotech, et un bioréacteur open source et low cost, pour démocratiser l’usage des bactéries.

Fondé en 2011 dans un squat de Vitry-sur-Seine par une poignée de biologistes, La Paillasse est aujourd’hui à l’image du local qui l’héberge : une auberge espagnole bouillonnante. «Le concept évolue constamment, chacun apporte ses compétences et son énergie, avec beaucoup d’interdisciplinarité», explique Adrien Clavairoly, l’un des fondateurs. Ainsi, le lieu, qui privilégie le partage des connaissances aux brevets, héberge une quinzaine de ­projets au croisement de la biologie, de l’écologie, du hardware, du software ou de l’urbanisme. Il incube cinq ­entreprises de ­natures variées, dont un fabricant de drones, le ­Flylab, un ­caisson sensoriel, Meïso, et un ­espace de création collaborative pour créateurs de textiles numériques, Hall Couture.

Le lieu, qui vit surtout grâce aux subventions et aux dons matériels de partenaires, comme l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, mise sur l’événementiel, en organisant des conférences et des séminaires. «Beaucoup de grands groupes nous envoient leurs salariés pour s’inspirer de notre management de l’innovation», ajoute Adrien Clavairoly, sans citer de noms. La Paillasse fait aussi plancher ses hackers – ingénieurs, informaticiens, mathématiciens, biologistes, data scientists – sur des problèmes soumis par des entreprises : accessibilité à l’eau dans les pays en développement, économie circulaire ou encore «nouvelles assurances».

 

 

Le Village by CA : un palace pour start-up

Sur la place du village, inondée de soleil, de longues tables gardent les stigmates du repas qui vient de se terminer. Quelques habitants finissent de siroter leur café à l’ombre d’un mur couvert de végétaux. La fin d’une fête dans le sud de la France ? Non, le rez-de-chaussée du Village by CA. Son responsable, Fabrice Marsella, dit « le maire », nous guide à travers les huit étages de cet immeuble cossu de 4600 m2 situé au cœur du VIIIe arrondissement de Paris. Le Crédit Agricole a en effet rénové ­l’ancien siège de l’UMP pour en faire un incubateur favorable à l’innovation. Ouvert en juin 2014, il héberge déjà 80 start-up, sélectionnées parmi 700 candidatures, avec une préférence pour certains secteurs stratégiques : banque, énergie, agriculture, immobilier, santé. Le loyer versé leur donne accès à des espaces de coworking, à des conseils d’avocats et de comptables, à une salle de conférence high-tech et même, au dernier étage, à des salles VIP. Sans oublier la terrasse avec vue sur la tour Eiffel. De quoi impressionner les clients. «Pour les jeunes entreprises innovantes, recevoir dans un quartier d’affaires prestigieux rassure les partenaires», explique Fabrice Marsella.

Les start-up peuvent aussi tisser des liens privilégiés avec une quinzaine de grands partenaires, dont HP, Engie (ex-GDF-Suez), Sanofi ou Bouygues Immobilier. Pour ces derniers, c’est l’occasion d’identifier des pépites prometteuses et d’insuffler chez leurs dirigeants et salariés l’esprit start-up, en y tenant des comités de direction ou en y envoyant leurs intrapreneurs. «Il s’agit de réconcilier le cycle d’innovation des start-up avec le cycle de décision des grands groupes, les deux ayant souvent du mal à se comprendre», explique monsieur le maire. C’est ainsi que Data & Data, spécialiste de la lutte contre la contrefaçon, a rencontré les dirigeants de grandes marques de luxe et étendu son domaine d’intervention à la santé grâce à Sanofi. Mais l’innovation ouverte ne se décrète pas : les neuf salariés, en charge de l’animation du lieu, s’assurent que les complémentarités et les synergies se créent véritablement entre les villageois.

 

Tubà : le living lab urbain

«Cocréer la ville de demain», telle est l’ambition du Tubà, à Lyon, l’un des premiers living lab de France porté par une collectivité urbaine. Léthicia Rancurel, la directrice de ce «tube à expérimentation urbaine», rappelle sa genèse : « En 2011, le Grand Lyon a lancé un portail internet pour partager ses données publiques, dans une démarche d’open data. Mais très vite, nous avons constaté que sans un lieu d’expérimentation, ces données seraient peu exploitées par les citoyens et les start-up. » L’idée du Tubà, inauguré en octobre 2014, était née. Depuis, les citoyens sont invités à interagir, dans un espace de 180 m2, avec une vingtaine d’innovations ayant trait à la ville intelligente : mobilier urbain, applications, objets connectés… Les visiteurs – une communauté de 700 « tubeurs », sans compter les curieux de passage – peuvent ainsi se familiariser avec des capteurs de qualité de l’air, ou manipuler la borne de services interactive imaginée par le réseau de bus Keolis.« En observant les citoyens en conditions réelles, nous cherchons à adapter plus facilement les objets à leurs usages », explique Léthicia Rancurel. Pour faire vivre le living lab, l’équipe de quatre personnes qui l’anime s’appuie sur le living café et organise deux à trois événements par semaine. C’est un terrain d’expérimentation aussi bien pour les start-up que pour les grandes entreprises, comme EDF, SFR ou Veolia, trois des huit partenaires du tiers-lieu. Leurs cotisations représentent 70% du budget du Tubà. Ces grandes entreprises, outre l’opportunité de faire tester leurs produits et services, y fréquentent des start-up spécialisées dans la «smart city» pour, peut-être, y dénicher des pépites. Au premier étage, un incubateur de 200 m2 devrait en effet prochainement accueillir une poignée de jeunes pousses de la mobilité, de l’énergie ou encore de l’agriculture urbaine.

 

Numa : le melting-pot du numérique

Le vétéran des tiers-lieux français a toujours les allures et l’énergie d’un jeune premier, avec son bâtiment blanc taillé à la serpe, ses portes et murs recouverts de Post-it, et son bar ouvert sur le Sentier, le bouillonnant quartier parisien où il est né en 2000. Lorsque Numa, contraction de «numérique» et «humain», s’appelait encore Silicon Sentier, jusqu’en 2014, il a réussi la bouture en France de lieux et de concepts made in USA qui ont depuis ­largement pollinisé dans toute la France : coworking, accélérateur, bar camp ou living lab. «À chaque fois, l’objectif était de trouver les meilleurs dispositifs pour accompagner les entrepreneurs du numérique», explique Lucas Francou, son responsable stratégie et développement. En novembre 2013, Numa rassemble ses activités, jusque-là éparpillées dans la capitale, au sein de cet immeuble de huit étages, aménagé grâce à une campagne de crowdfunding menée sur Kiss Kiss Bank Bank : 110 000 euros sont récoltés en 50 jours. À chaque étage son identité : le bar du rez-de-chaussée accueille régulièrement des événements publics gratuits, tandis que le premier étage mêle coworkers, associations et intrapreneurs. Quelques marches plus haut, on pénètre dans un plateau consacré au conseil en transformation numérique, avec sa pelouse synthétique sur laquelle une quinzaine de boîtes du CAC 40 ont déjà posé leur attaché-case. Dans l’open space du quatrième étage, douze grandes tables ovales accueillent pendant quatre mois les douze start-up de l’accélérateur qui font la fierté de Numa. Passée la salle de conférence du cinquième étage, les deux derniers hébergent des salles de réunion que les entreprises louent pour sortir leurs cadres du train-train quotidien. Bref, une tour de Babel où entrepreneurs, start-up, associations et grandes entreprises convergent. «L’innovation survient lorsque des publics très variés se rencontrent, quand on casse les habitudes et les silos», explique Lucas Francou. Ainsi, il n’est pas rare qu’une start-up maison y rencontre son premier client grands comptes, ou que deux coworkers s’associent pour créer leur propre jeune pousse. La prochaine étape après un développement en province ? L’international, avec l’ouverture, d’ici à 2020, d’une quinzaine de Numa à l’étranger. Selon un modèle innovant d’«equity crowdfunding», soit l’ouverture du capital à sa communauté.

 

Shadok : le digital au cœur de la cité

C’est un lieu d’innovation d’un genre particulier porté non par une association ou des acteurs ­privés, mais par une municipalité, celle de Strasbourg. «Le Shadok est un espace d’échange et de réflexion autour des transformations technologiques de la ville. Il souhaite aider les citoyens à s’approprier les ­nouveaux outils du numérique», explique sa directrice, Géraldine Farage. Inauguré en avril sur la presqu’île Malraux, au cœur de la capitale de l’Europe, la bâtisse accueille des entrepreneurs, des artistes et des citoyens autour de trois grandes missions.La première, économique, vise à développer les emplois numériques dans la ville. Ce n’est pas pour rien que le Shadok est l’un des lieux totems de la « French Tech Alsace », fruit de la candidature conjointe de Strasbourg et de Mulhouse au label délivré par le ministère de l’Économie. L’association Alsace Digitale y anime un espace de coworking de 25 places et des événements autour de l’entrepreneuriat, comme des pitchs d’entrepreneurs devant un parterre d’investisseurs. S’y ajoute un fablab, animé par l’association AV.lab, destiné aux étudiants, aux makers et aux entrepreneurs en quête de prototypes. Il fait également office de living lab : les mobiliers intelligents de JCDecaux y seront exposés en juillet. Un accélérateur est à l’étude. « Nous tricotons cet écosystème, afin de permettre aux porteurs de projet de trouver les compétences qui leur sont utiles », explique Géraldine Farage.La deuxième mission du Shadok est d’ordre culturel. Le lieu souhaite favoriser la création artistique, avec au premier étage un plateau d’exposition de 600 m2, un «Atelier résidents» et un studio audiovisuel. Il n’en oublie pas la dimension sociale. «Nous avons une mission de service public qui nous tient particulièrement à cœur», ajoute Géraldine Farage. Ainsi, le lieu combat la fracture numérique avec des actions à destination des seniors et des quartiers. Il dispose par exemple d’un fablab mobile pour aller à la rencontre des habitants et mène, en partenariat avec Pôle Emploi, un programme pour favoriser l’insertion professionnelle par le numérique de jeunes en situation de décrochage.  

 

Electrolab : le hackerspace XXL

Créé fin 2010 dans un immeuble d’une zone industrielle de Nanterre par des passionnés de sciences et de techniques, l’Electrolab est l’un des plus grands hackerspaces d’Europe. «Les fondateurs sont issus du monde du logiciel libre. Ils voulaient en étendre les principes au matériel», explique le secrétaire et cofondateur de l’Electrolab, Clément Quinson. Ici on fabrique, on bidouille, on répare des objets et on publie ses plans. L’ambition ? «Réunir sous le même toit le plus de techniques et de technologies possible, de l’électronique à la chimie, en passant par la mécanique, le textile et le bois. Et attirer des publics très variés.» En 2014, après quatre ans d’existence, l’engouement est tel que son local devient trop étroit pour contenir tous ses projets : ruche connectée, imprimantes 3D, drones, balises ­maritimes… Lorsque des voisins libèrent le rez-de-chaussée du bâtiment qu’il occupe, le hackerspace grandit de 150 à 1 500 m2. Depuis, c’est un vaste chantier qui occupe les 130 membres de l’association. Chacun donne de son temps pour casser des cloisons, peindre ou mettre aux normes les ateliers hébergeant des machines récupérées ou achetées à prix cassés puis retapées. «Les équipements principaux sont opérationnels. Suivront notamment un atelier bois, un atelier de matériaux composites et même un petit espace blanc pour travailler avec de l’ultravide», annonce Clément Quinson.Un espace de coworking – trois pièces de 40 m2 – est réservé à des entreprises en résidence qui profitent de la présence de la communauté et des ressources matérielles du lieu. Deux start-up ont déjà leurs clés. La première, Immersive Robotics, a développé son projet au sein d’Electrolab. Elle conçoit aujourd’hui le robot Waldo, commandé à distance grâce notamment à la réalité virtuelle. La deuxième, Risebox, développe l’aquaponie, un système d’agriculture urbaine permettant de cultiver des légumes dans son salon.Quid des grandes entreprises ? «Nous avons des contacts, mais le lieu n’est pas encore suffisamment opérationnel pour nouer des partenariats.» Gageons qu’à la fin des travaux, les cols blancs se bousculeront autour des fraiseuses.

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