Evénementiel
La France déposera en 2016 son dossier de candidature pour organiser l’Exposition universelle de 2025. Entretien avec son initiateur Jean-Christophe Fromantin, par ailleurs maire de Neuilly-sur-Seine, alors que la campagne de mobilisation s’amplifie.

Pourquoi une Exposition universelle en France? Quels sont les enjeux?

Jean-Christophe Fromantin. J’ai initié l’idée en 2011 à partir d’une analyse fouillée des Expositions du XIXe siècle, et de ce qu’elles ont apporté à notre pays en matière d’innovation. Aujourd’hui, la révolution numérique nous confronte à des défis proches de ceux de la révolution industrielle. Une Exposition universelle est un grand projet rassembleur, un accélérateur de progrès dans un contexte de tensions et d’inquiétudes, et une voie de sortie de crise.



À l’heure du tout numérique, le format n’est-il pas démodé?

J-C. F. Ce sont les pavillons nationaux qui ne sont plus en phase avec un monde connecté. Par rapport au modèle classique, la candidature française est fondée sur la mise en réseaux et l’économie collaborative. Nous nous sommes beaucoup appuyés sur les étudiants de grandes écoles et d’universités françaises, les mieux à même de se projeter en 2025, pour faire émerger ses axes majeurs: il s’agira davantage de partager une expérience immersive que de visiter une exposition; nous inviterons les acteurs de chaque pays à coproduire, à partager.



Quelles sont les grandes lignes du projet ?

J-C. F. Il s’écrit comme un cahier des charges, avec une plate-forme de «crowdsourcing» et un appel aux start-up. Centralité du visiteur, exposition multisite et multithème, rôle-clé des mobilités et importance du numérique, l’Exposition universelle française sera la vitrine de son temps tout en annonçant une ère nouvelle. Elle s’articulera autour de quatre «territoires» interconnectés: un village numérique central, au cœur du Grand Paris; une douzaine de forums thématiques répartis entre le Grand Paris et plusieurs métropoles françaises; un catalogue des innovations territoriales et une plate-forme numérique, creuset d’idées à l’échelle de la planète.



Ce serait la première Exposition universelle à l’échelle d’un pays. Or le Bureau international des expositions préfère que la candidature émane d’une ville?

J-C. F. Les temps de déplacements en 2025 n’auront plus rien à voir avec ceux du début du XXe siècle: 2 à 3 heures de queue pour visiter un pavillon, c’est le temps qu’il faut pour traverser la France! Notre projet prévoit un village global pour respecter le cahier des charges du BIE et de multiples satellites pour embarquer tout le territoire, mêlant espaces physiques et numériques.



Comment s’organise la phase de candidature? Quel est son budget?

J-C. F. Association reconnue d’intérêt général, Expo France 2025 anime et coordonne la candidature. Son conseil d’administration regroupe les initiateurs du projet, des personnalités et des entreprises partenaires qui le soutiennent. Le budget de la candidature s’élève à 40 millions d’euros, sans argent public car il est pris en charge par les entreprises membres du Club des partenaires fondateurs.

À l’automne, ce club réunira 30 grandes entreprises ainsi qu’un groupe de PME, tandis qu’une nouvelle organisation des partenariats sera mise en place à compter du 1er janvier 2016, sur un mode de coproduction. En synchronisation avec Expo France, Pascal Lamy, délégué interministériel, coordonne l’action publique. Je tiens à souligner que l’ensemble du projet sera autofinancé grâce au mécénat.

 

«Au cœur des territoires, s’ouvre celui des hommes», qui est l’auteur de ce slogan?

J-C. F. Tout est parti des étudiants de la Sorbonne, qui voulaient que la notion d’hospitalité soit mise en avant. C’est donc une coproduction sous l’égide de l’agence Omnicom. Adapté à la phase actuelle de construction du concept, ce slogan met l’homme dans son territoire au cœur du projet. À terme, il en faudra un autre, plus court, une invitation plus impérative.



Comment se passe la mobilisation du grand public?

J-C. F. Au printemps, un sondage Ifop a révélé que 87% des Français étaient favorables à l’Exposition universelle. La campagne «Je vœux 2025» a démarré en mai dernier. Si elle recueille 50 000 à 100 000 soutiens du grand public, ce sera un succès. Au-delà des vœux exprimés, nous cherchons une adhésion sur le fond: 2 000 à 3 000 maires ont déjà délibéré au sein de leurs villes et villages pour proposer des projets qui seront inscrits au catalogue des sites à visiter.



Quelles sont les autres candidatures?

J-C. F. Rotterdam s’est officiellement déclarée candidate. La Grande-Bretagne et le Japon, avec la ville d’Osaka, seraient aussi sur les rangs mais rien n’est encore officialisé pour le moment.



Comment convaincre les membres du BIE ?

J-C. F. À la fin du mois d’août, Pascal Lamy et moi-même sommes intervenus à la conférence annuelle des ambassadeurs au Quai d’Orsay, coup d’envoi d’une campagne tactique pour aller à la rencontre des pays membres du BIE. Communication, influence, promotion, la France va déployer tous ses réseaux ainsi que ceux des entreprises partenaires du projet, en fonction des messages qu’elles souhaitent passer.

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